Le schmock de Franz-Olivier Giesbert

Le schmock de Franz-Olivier Giesbert

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Pascale Ew., le 8 mars 2020 (Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans)
La note : 9 étoiles
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Mécanisme de l'incrédulité

Les familles allemandes Weinberger et Gottsahl sont très liées dès le début du XIXème siècle. Leurs fils sont comme des frères. Hélas, ils sentent très tôt l’antisémitisme monter et la peur semble les paralyser. Sauf Elsa Weinberger qui se rebelle, affronte directement Hitler lors d’un dîner chez les Gottsahl après la première guerre mondiale. Karl Gottsahl a combattu avec Hitler et leur fraternité d’armes le touche. Hélas, Hitler a la rancune tenace... Les Weinberger sont en partie juifs (ils ne sont pas religieux, mais ont quelques origines juives), tandis que les Gottsahl n’ont que quelques origines juives très ténues. Cependant, ils entretiennent des relations sociales avec des personnages de tous les bords afin de favoriser leur commerce. Ces relations ne sont pas forcément exclusivement calculées, mais ils évitent de se positionner de manière trop carrée et sont en général dans la compromission. Harald Gottsahl part se battre lors de la deuxième guerre mondiale et devient même colonel et héros de guerre.
A la fin, Elie, devenu centenaire, retrouve le deuxième amour de sa vie, qu’il a rencontré dans le camp de Dachau. (C'est raconté dès le début du roman.)
Ces deux familles ont beau pressentir le danger, tout est prétexte pour rester chez eux. Ils se retrouvent tous acculés à être complices de ce qu’ils abhorrent (et même pire que complices !). Jusqu’au bout, ils sont restés incrédules : ne pouvant croire à la bêtise et à la haine.
Franz-Olivier Giesbert décrit très bien et en détails le caractère du schmock (surnom donné à Hitler), ainsi que de sa clique. Son style est truffé de belles maximes et réflexions, utilisant un vocabulaire fouillé. L’auteur remet en perspective le côté allemand de cette période, dans son contexte. J’ai appris par exemple que seul un tiers des Allemands avaient voté pour Hitler en 1933, alors qu’on pense en général que l’Allemagne le suivait comme un seul homme.

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