Herland de Charlotte Perkins Gilman
(Herland)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Septularisen, le 31 janvier 2020 (Inscrit le 7 août 2004, - ans)
La note : 3 étoiles
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LE LIVRE QUI A INSPIRÉ A MARGARET ATWOOD «LA SERVANTE ÉCARLATE».

Au cours d’une expédition scientifique, trois camarades de classe et amis depuis de longues années, Terry O. Nicholson (surnommé «Old Nick, le malin»), géographe et météorologue, Jeff Margrave, médecin et botaniste, et Vandyck «Van» Jennings, sociologue (l’alter ego de l’auteure). Intrigués par des légendes locales, les jeunes américains découvrent en Amérique du Sud, derrière une barrière de montagnes infranchissables, un pays inconnu, grand comme la Hollande.

A leur plus grande surprise, il est seulement peuplé de femmes! Deux millions de femmes! Et ils sont les premiers «mâles» à visiter «Herland» depuis plus de deux mille ans! En effet, après une éruption volcanique qui a tué presque tous les hommes (et isolé le pays du reste du monde), la société est devenue entièrement féminine, et celles-ci on commencé à concevoir par parthénogenèse.

Très vite s’installe entre les hommes et les habitantes «d’Herland» un véritable échange d’informations, les deux étant désireux de mieux connaître l’autre. En effet, «Herland» est un pays des plus surprenants : La maternité est considérée comme un sacrement, la plupart des femmes n’ont qu’une seule fille, élevée par d’autres femmes. Le pays est gouverné par la «Land Mother», sorte de figure présidentielle, il n’y a pas de crime, ni de criminelles depuis des siècles, l’éducation est considérée comme l’art suprême, le développement des fonctions critiques est l’objet d’une attention particulière, la psychologie est assimilée à l’histoire…

Paru en 1915 et considéré tout de suite comme un roman culte, complètement oublié ensuite pendant des décennies, redécouvert dans les années 1960, mais seulement traduit en français en… 2016, ce livre est considéré comme «The» roman culte de la littérature féministe américaine…
Bien, j’attendais beaucoup de la lecture de ce livre «culte» (trop sans doute ?), et je le finis très désappointé! Le début est bon, et l’idée de départ originale, mais très vite l’auteure perd de vue le côté «histoire» du livre, et celui-ci tourne à une simple démonstration de ses théories, une simple énumération de faits et de comparaisons entre «Herland» et le reste du monde. Je ne peux vous le cacher, très vite j’ai senti poindre un ennui «chronique», tellement récurrent qu’à la fin je me suis surpris à lire le livre en diagonale!

Le style d’écriture est lourd, très didactique, trop scolaire. Le livre a vraiment beaucoup «vieilli»! On sent trop l’auteure, la sociologue, derrière chaque ligne. Les personnages sont plats et n'ont aucune existence propre, on ne nous les décrits même pas correctement! Ils ne sont que des grossières caricatures, des stéréotypes de caractères très différents, et ne servent qu’à étayer les thèses de l'auteure. Il arrivent, découvrent «Herland», le comparent au reste du monde et s’en vont… Et ? Et… C’est tout!

Les théories de «Herland» sont présentées de façon linéaire, par chapitre, par le biais de discussions toutes plus plates les unes que les autres, et qui n’en finissent pas, on répète souvent la même chose plusieurs fois! Je n’ai pas non plus aimé le fait que l’auteure nous parle de certaines choses, mais qu’elle ne développe pas après. Ainsi p. ex. nos trois héros doivent rencontrer la «Mère du pays», mais l'auteur ne nous le raconte pas! On nous parle de moyens de communications, mais on ne nous dit pas lesquels, on nous parle de moyens d’agriculture et de constructions très avancés, mais on ne nous les décrit pas, on nous dit qu’il n’y a aucune femme âgée, mais on ne nous dit pas pourquoi etc., etc…

Ma lecture s'est révélée ennuyeuse au plus haut point et très décevante. Voulant à tout prix défendre ses idées, Charlotte PERKINS GILMAN (1860 – 1935), fais de son livre un simple manuel, presque un dictionnaire de ses idées! Je me demande d’ailleurs pourquoi classer ce livre comme un roman?
Je n’ai pas non plus beaucoup aimé le procédé qui consiste à «régler ses comptes», dans le livre avec les personnes qui n’ont pas les mêmes idées que vous, en les nommant et en les dénigrants… Franchement indigne d’une grande sociologue de renom!

Pour ne pas finir sur une note négative, une seule chose m’a paru vraiment visionnaire pour l’époque de la parution du livre, c'est la place accordée à l’écologie et au respect de la nature. Les femmes vivant en symbiose avec l’environnement, l'agriculture est raisonnée, chaque arbre coupé est replanté et tous les déchets sont recyclés pour servir de terreau aux cultures…

Je recommande donc la lecture de ce livre uniquement à ceux qui s’intéressent à l’histoire du féminisme, et encore… Pour les autres, ce qui veulent découvrir un monde dystopique, je pense que «Le Meilleur des mondes» (ici sur CL: http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/526), d’Aldous HUXLEY (1894 – 1963) est un bien meilleur livre!

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