Germania 2145

Dans un monde où le IIIème Reich a vaincu ses ennemis et domine la planète, Krista est une jeune fille qui travaille dans une maternité de Germania, la capitale. On y élimine les enfants présentant des risques de ne pas être des aryens physiquement parfaits. Elle va se retrouver un jour malgré elle entraînée dans les égouts de la ville où elle va découvrir que se cachent là les survivants du peuple juif que les nazis croyaient avoir annihilés entièrement.

La présente édition est une intégrale composée des trois récits composant la trilogie (Allégeance, Chaos, Pénitence). Ce qui saute d’abord aux yeux est que la trame et les motifs sont similaires à des œuvres typiques de ces influentes dystopies/uchronies que sont Hunger Game ou Divergente : société totalitaire fondée sur un système de caste, héroïne adolescente en rupture de ban avec cette société, organisation de la rébellion, premiers émois amoureux entre l’héroïne et un jeune beau brun ténébreux… Côté écriture, franchement on ne peut pas dire que ce soit l’extase. La narration, à la première personne du singulier un peu envahissante, donne un rythme un peu haché. Le présent de l'indicatif, facile à lire, s’accorde bien au genre: le récit en effet est tourné vers l’action, bien qu'assez descriptive parfois et répétitive. Avec toutes ces courses dans les tunnels, les égouts et les souterrains de Germania, on a parfois l’impression d’être en mode « subjectif » dans un jeu vidéo (dans la dernière partie de l’intégrale en particulier !), ou dans un « livre dont on est le héros », quand vous devez choisir sans cesse entre le tunnel de gauche ou celui de droite… La psychologie des personnages est sommaire (celle de Krista, la protagoniste principale, parait plus ou moins crédible), les personnages secondaires peu développés, l’univers aussi bien que les péripéties pas toujours cohérents ou trop sommairement brossés. C'est d'ailleurs dommage car on sent une volonté documentaire de la part de l'autrice.

Bon, malgré toutes ces critiques, Lebenstunnel possède également quelques qualités à mes yeux. Oxanna Hope nous réserve tout d’abord deux rebondissements inattendus qui remettent considérablement en cause une grande partie du récit, par une double mise en abyme assez téméraire. Elle ose s’affranchir aussi du modèle fatigué des dystopies imaginaires en utilisant le décor d’une Allemagne Nazie effrayante dominant le monde. Le destin réservé aux Juifs est au cœur du livre, ainsi que celle de la rédemption (Krista doit-elle porter le poids de la faute de tout son peuple ?), de la violence (les différentes communautés rencontrées au cours du livre, aryennes comme juives, portent toute une violence inhérente à l’être humain). La dernière partie, si elle est une des plus faibles par certains points, aborde par contre directement la question des camps de concentration et des expérimentations médicales.

Lebenstunnel se présente donc comme un de ces fameux romans « young adultes » comme on dit avec tous les codes du genre, orienté sur le divertissement et l’efficacité. De ce côté-là il faut reconnaître que, à condition que vous ne soyez pas trop mauvais public, l’histoire est prenante car à chaque fois on a envie de savoir comment notre héroïne va s’en sortir ! Mais le gros intérêt du livre, au-delà du divertissement pur jus façon Hunger Game et en dépit de ses faiblesses littéraires, est bien son traitement frontal de l’univers nazi et de ses horreurs, plutôt courageux dans ce segment éditorial, et qui esquisse des réflexions sur notre responsabilité individuelle et collective quant au choix de nos modèle de sociétés.

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  Lebenstunnel [Texte imprimé] Oxanna Hope

  de Hope, Oxanna
  Éd. France loisirs
  ISBN : 9782298147995 ; 17,99 EUR ; 01/01/2019 ; 911 p. ; Broché

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