L'aube à Birkenau de David Teboul, Simone Veil
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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Retour de déportation
David Teboul souhaite filmer un documentaire sur Simone Veil, suite à un témoignage dans un débat télévisé. Il s'y prend sur plusieurs années. L'austère politique et ancienne magistrate se montre initialement rétive à la démarche, rechignant à se dévoiler et à divulguer des pans de son histoire personnelle, de surcroît les plus graves, ce qui peut se comprendre. Mais il finit par la convaincre et à tirer un livre d'extraits où l'intéressée se livre, avec discrétion mais grande sincérité, au point de changer d'image, de paraître vibrante de sensibilité et de recueillement. Marceline Loridan-Ivens et Paul Schaffer viennent l'accompagner, afin de compléter les points de vue, reconstituer ce parcours dramatique de la déportation, dans des dialogues touchants et impressionnistes.
A l'heure où les survivants nous quittent, ces marques d'expérience s'avèrent indispensables, les nombreuses illustrations, notamment mais non exclusivement photographiques rendant cet ouvrage plus dense encore.
Les éditions
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L'Aube à Birkenau
de Veil, Simone Teboul, David
les Arènes
ISBN : 9791037500908 ; EUR 20,00 ; 20/11/2019 ; 300 p. ; Broché
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Déportation ; effets et conséquences
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 6 mars 2022
David Teboul dit avoir vu pour la première fois Simone Veil en 1979, il avait alors 12 ans, c’était lors du débat qui clôturait immanquablement l’émission culte « Les dossiers de l’écran » (ça ne parlera qu’aux plus vieux, bien sûr, cette émission ayant pris fin en 1991) au cours de laquelle le film « Holocauste » avait été projeté.
Simone Veil l’impressionne tant à l’occasion de ce débat qu’elle reste dans ses pensées et qu’à l’âge de 30 ans il cherche à la contacter pour réaliser un film sur sa personne. Le contact est difficile mais il décroche une entrevue :
Le lendemain, j’y suis, elle est en retard, je m’en réjouis. La balle est dans mon camp, je me persuade qu’elle va accepter. Elle acceptera, mais pas pour les raisons que j’imagine. Elle arrive en s’excusant, courtoise et élégante.
Nous parlons des embouteillages parisiens, de la reconnaissance par le président Chirac de la responsabilité de la France dans la rafle du Vél’d’Hiv. Nous critiquons à l’unisson le Grand Prix attribué à Cannes au film « La vie est belle » de Roberto Benigni. Simone Veil, que j’apprends à connaître, était une femme aux réactions vives et tranchantes. Je le savais même avant de la rencontrer. Elle me regarde, troublée, je me tais. « Qu’est-ce qui vous intéresse chez moi ? ». Je lui réponds : « Votre chignon, madame. »
Je la sens ébranlée. Elle me raconte alors qu’aucune femme dans son convoi n’a été rasée complètement et que cela lui avait sauvé la vie. Sans le savoir, j’avais touché un point essentiel de sa déportation.
Dès lors, leur relation se nouera durablement et donnera notamment naissance à cet ouvrage. L’histoire de sa déportation en 1944 à Auschwitz – Birkenau et les effets qui s’ensuivirent en sont les lignes directrices. A deux voix donc. Non, à davantage puisque Marceline Loridan-Ivens et Paul Schaffer viennent enrichir les discussions.
Je ne suis pas sûr, pour ma part, que ce format soit le meilleur pour faire comprendre, pour faire saisir la portée, disons l’intensité plutôt, de la tragédie ? Mais est-ce possible ? Il semblerait que non puisqu’à plusieurs reprises revient dans les bouches de Simone Veil et Marceline Loridan le concept de l’indicible (au sens propre) du drame. Et je veux bien le croire. Ma propre visite à Auschwitz m’aura davantage impacté que la lecture de L’aube à Birkenau. Un peu la différence entre un documentaire sur la nature et une immersion dans cette nature elle-même.
Il n’empêche que la valeur historique et de témoignage est précieuse. Ne serait-ce que pour se persuader que pouvoir mener une vie acceptable après le passage au sein d’un tel enfer reste possible.
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