L'île du docteur Moreau de Herbert George Wells
( The island of doctor Moreau)
Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique , Littérature => Anglophone
Moyenne des notes : (basée sur 11 avis)
Cote pondérée : (3 518ème position).
Visites : 11 097 (depuis Novembre 2007)
L’Homme est-il vraiment le sommet de l’évolution ?
C’est une affaire bien étonnante que plus d’un siècle avant notre ère, des écrivains tels que Herbert George Wells, auteur britannique prolifique à qui l’on doit notamment des classiques tels que La Guerre Des Mondes, L’Homme Invisible ou encore La Machine A Remonter Le Temps, s’intéressaient déjà aux répercutions possibles des manipulations génétiques et autres dégénérescences du même type. Cette histoire rocambolesque débute lorsque Edward Prendick, récent naufragé du Lady Vain, se voit recueillir par le dénommé Montgomery et ses difformes compagnons d’infortune. Suivant son tout nouvel ami sur une étrange île, notre héros va faire la connaissance du Docteur Moreau, incarné au cinéma par le non moins charismatique Marlon Brando. Bref, cet éminent savant, qui fût jadis radié de l’Ordre Des Médecins dans sa Grande Bretagne natale, s’adonne à d’odieuses mais sincères expériences sur des animaux, et tente avec plus ou moins de succès d’élever ces derniers au rang ultime de la perfection naturelle, celui d’êtres humains. Une fois de plus, l’utilisation de la science fiction n’est qu’un prétexte à l’exploration des conditions humaines et sociales, et le thème si récurrent du savant fou incapable de conserver le contrôle de ses créations permet de se plonger avec enthousiasme dans un univers qui demeure encore aujourd’hui particulièrement controversé. Cette fois-ci, l’auteur anglais s’attaque effectivement aux théories Darwinistes ainsi et surtout qu’à leur application souvent douteuse (voir notamment le fameux Darwinisme Social censé justifier le rôle tenu par la haute société), mais aussi aux déviances pseudo-scientifiques alors en recrudescence à l’époque. Tout au long de ce roman, il existe un contraste important entre la recherche de perfection et d’évolution entamée par Moreau et la réalité d’un monde violent, impur, et corrompu sur lequel personne ne peut et ne doit avoir d’emprise. Voilà donc un sujet toujours d’actualité (et pas seulement en ce qui concerne les bébés clonés), qui donnera matière à réfléchir à tous ceux qui à l’instar de Wells, sont convaincus que les progrès de la science ne doivent pas autoriser l’Homme à se prendre pour le dieu qu’il ne sera jamais.
Les éditions
-
L'île du docteur Moreau [Texte imprimé] H. G. Wells trad. de l'anglais par Henry D. Davray
de Wells, Herbert George Davray, Henry D. (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio.
ISBN : 9782070401789 ; 7,50 € ; 09/01/1997 ; 212 p. ; Poche -
L'île du docteur Moreau [Texte imprimé] H.G. Wells traduit de l'anglais par Henry-D. Davray illustrations de Philippe Munch
de Wells, Herbert George Munch, Philippe (Illustrateur) Davray, Henry D. (Traducteur)
Gallimard Jeunesse / Collection Folio junior
ISBN : 9782070630165 ; EUR 6,80 ; 30/04/2010 ; 192 p. ; Poche
Les livres liés
Pas de série ou de livres liés. Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série
Les critiques éclairs (10)
» Enregistrez-vous pour publier une critique éclair!
Manipulations génétiques avant l’heure
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 20 août 2018
Pas de manipulations génétiques à proprement parler sur l’île du docteur Moreau, perdue au fond du Pacifique et seulement atteinte par le narrateur Edward Prendrick, par le biais d’un débarquement sauvage décidé par le capitaine du vaisseau sur lequel il est passager. Non, pas de manipulations génétiques sur l’île mais la présence d’un savant tout aussi fou qui s’acharne par la chirurgie à tenter de transformer des animaux (ours, hyènes, singes, panthères, sangliers, …) en hommes ou en ce qui se rapprocherait le plus de l’homme.
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » écrivait Rabelais, nous y sommes.
Le pauvre Prendrick échoue donc par hasard sur cette île, à l’écart des passages maritimes, île choisie par le docteur Moreau pour se livrer à une sorte de réécriture de l’œuvre du créateur.
« Tandis que le suivais des yeux, il me revient en tête, par quel procédé mental inconscient ? une phrase qui fit retourner ma mémoire de dix ans en arrière. Elle flotta imprécise en mon esprit pendant un moment, puis je revis un titre en lettres rouges : « Le Docteur Moreau », sur la couverture chamois d’une brochure révélant des expériences qui vous donnaient, à les lire, la chair de poule. »
Prendrick va s’apercevoir que d’étranges êtres peuplent cette île et que le cauchemar entrevu n’est que l’ombre de la réalité. Mais, comme dans toutes les bonnes histoires, les choses vont dégénérer et tout va devenir beaucoup plus compliqué pour Prendrick …
Visionnaire, notre gaillard Wells ! Il faut dire que l’Homme et ses desseins sont tellement prévisibles … Wells n’a fait que pousser le plus loin possible l’évolution prévisible des choses.
Un classique de la science-fiction
Critique de Koad (, Inscrite le 24 mars 2017, 67 ans) - 24 mars 2017
Dès les premières pages, l'auteur nous emporte avec son héros déboussolé. On suit son cheminement intérieur pour comprendre les horribles rumeurs sur le Docteur Moreau et sa découverte de l'île. Comme lui, il nous faut surmonter notre peur pour découvrir qui est ce scientifique et quelle est la nature de ses expériences sur les animaux.
Ce roman de science-fiction écrit en 1896 permet de réfléchir à la nature humaine, à la science, et à la relation entre l'homme et l'animal. Il engage une réflexion sur l'expérimentation animale et sur la vivisection.
Ce livre peut nous rendre misanthrope car il dévoile une part sombre de l'être humain, mais les réflexions successives du héros sur notre identité sont passionnantes et restent toujours d'actualité.
Une île mystérieuse
Critique de Ravenbac (Reims, Inscrit le 12 novembre 2010, 59 ans) - 22 août 2014
Le livre est publié en 1896 à une époque où l’Angleterre est le théâtre de débats sur l’abolition de la vivisection. Comme toujours chez Wells le roman est d’abord une diatribe contre la société capitaliste anglaise. Le récit est sans surprise et sans grand suspense. Wells est-il visionnaire comme on le lit souvent ? Nouveau le thème prométhéen du savant fou ? En 1818 Mary Shelley publiait « Frankenstein » !
Reste un roman agréable à lire.
Une île bien particulière...
Critique de Stitch (, Inscrit le 18 octobre 2013, 36 ans) - 4 novembre 2013
Toujours dans le même style de narration-action, Herbert George WELLS nous plonge de manière immédiate dans son récit. Plus macabre et plus mystérieux que "L'Homme invisible" ou "La machine à explorer le temps", l'auteur réussit une fois de plus le pari de se laisser lire sans effort. A lire donc.
Bonne lecture !
Les hommes et les animaux
Critique de Marcel11 (Paris, Inscrit le 23 juin 2011, 26 ans) - 27 avril 2013
L'auteur cherche à expliquer durant toute cette histoire que l'homme surpasse en cruauté ces êtres monstrueux en raison de sa curiosité scientifique et de sa soif de pouvoir. Il nous amène également à réfléchir sur les rapports entre les hommes et les animaux. Il est convaincu que l'homme ne doit pas profiter des progrès de la science pour contrôler des animaux qui finiront à se révolter contre lui. Ce roman, écrit en 1896 par H.G Wells, nous démontre que les excès de la science peuvent entraîner la folie de l'homme.
Pas un classique pour rien !
Critique de Pazuzu (, Inscrit le 10 mai 2012, 52 ans) - 10 septembre 2012
On retrouve là le style classique et concis de Wells, son sens de l'humour bien dissimulé, et encore et toujours un parfait équilibre entre descriptions, actions et introspections du narrateur.
On ne s'ennuie pas, c'est court, bien rythmé, mystérieux, bref c'est du bon !
A noter le dernier chapitre, que j'ai trouvé magnifique, qui nous montre un Wells (car c'est bien lui le narrateur !) extraordinairement touchant et qui se rapproche de Stevenson de par ses interrogations sur la nature humaine.
Et comme j'adore Stevenson...
Une lecture dans la douleur
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 7 septembre 2011
Le savant fou, le Dr Moreau, veut jouer à Dieu en modelant des créatures. Les animaux sont donc des cobayes qu'il veut transformer en êtres humains ! La vivisection est l'une des armes et l'une des folies du professeur qui devient une espèce de monstre sadique infligeant la souffrance tout autour de lui et prêt à tout pour réussir.
Mon avis est faussé par le fait que je déteste toute violence à l'encontre d'animaux, la lecture de ce roman a été pour moi un calvaire bien que je reconnaisse des qualités nettes dans l'écriture, un suspense formidable et une critique des scientifiques capables d'ignominie pour le progrès. Oh oui quel progrès !
Prendick, par ses découvertes progressives, devient l'allié du lecteur qui accompagne tant bien que mal le personnage. Sa révolte, son dégoût et son incompréhension confortent notre perception. Certaines visions de Prendick sont proprement horrifiques.
Wells parvient à fasciner et à interroger le lecteur. Ces créatures hybrides ne sont plus des animaux, pas des hommes, des êtres en marge qu'il faut tout de même contrôler afin d'éviter toute régression d'où l'instauration de la Loi, ensemble de règles visant à maintenir l'ordre chez les Monstres. Ce mode de comportement peut rappeler l'emprise d'un dictateur sur son pays, les manipulations quelles qu'elles soient, la soumission d'un groupe à une intelligentsia. C'est une nouvelle fois l'orgueil qui pousse l'homme à concurrencer Dieu qui semble critiqué ici.
Visionnaire
Critique de Ultralucide (, Inscrite le 29 janvier 2011, - ans) - 6 août 2011
Il s'agit d'un thème essentiel, profond et difficile, celui de la nature même de l'homme. Les opérations chirurgicales effrayantes auxquelles se livre de Docteur Moreau sont motivées par la volonté folle, désespérée de recréer un être humain, en partant d'animaux, auxquelles on donnerait "ce qui leur manque": station debout, langage articulé, et surtout .. une "loi".
Cette dernière caractéristique est sans aucun doute celle qui est à la fois la plus difficile à conférer à un animal qui n'en possède pas, et la plus controversée au sein même de la communauté humaine. Quelle loi est supérieure aux autres ? Qui détient la loi parfaite ? Ne pas manger ses congénères suffit-il à former un être civilisé, et même, est-ce nécessaire ? Comment concilier la fraude, le mensonge, le crime, les guerres, avec ces règles supposées être intangibles ? Et surtout, l'apprentissage d'une loi change-t-il la nature d'un être vivant ?
Bref, ce livre mérite une lecture pour ceux qui ne le connaissent pas et une relecture pour ceux qui (comme moi) l'ont lu voilà longtemps et sont peut-être passés à côté de son importance.
Il est à rapprocher d'un autre ouvrage, peut-être plus connu, sur un thème voisin : "Les animaux dénaturés" de Vercors, roman d'aventures qui explore la mince frontière entre singes évolués et être humain. Passionnant à lire (comme l'ïle du Dr Moreau), il présente et articule des notions essentielles sur lesquelles nous ferions bien de réfléchir afin de devenir un peu plus humains nous-mêmes : de quel droit faisons-nous souffrir les animaux (corridas, gavage, traitement cruel dans l'élevage) ? Qu'est-ce qui qui différencie la différence de traitement entre un humain et un grand singe ? Sommes-nous certains de maîtriser les "critères" qui nous semblent justifier ce que les singes pourraient fort bien considérer comme des exactions et des crimes ?
Bonne lecture à tous.
un îlot d'émotion qui donne un peu mal au coeur!
Critique de Pageaprespage (paris, Inscrite le 11 avril 2011, 35 ans) - 19 mai 2011
a lire absolument !
Critique de The ripper (, Inscrit le 15 octobre 2004, 47 ans) - 6 janvier 2005
Forums: L'île du docteur Moreau
Il n'y a pas encore de discussion autour de "L'île du docteur Moreau".