Les sept mariages d'Edgar et Ludmilla de Jean-Christophe Rufin
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Unions, caprices et aléas de vie
Edgar s'engage dans une épopée de groupe en voiture pour visiter l'Union soviétique, y rencontre une belle jeune femme, Ludmilla, humiliée dans son village, en raison d'une volonté d'émancipation qui dérange. Tous deux ne pensent qu'à se revoir, se retrouvent, tombent fous amoureux, au point de se marier sept fois, et donc de divorcer en autant d'intervalles nécessaires. Il en ressort l'existence d'une fille, Ingrid, ballottée au sein d'une vie familiale pour le moins décousue et fantasque. Elle devient chanteuse lyrique, lui homme d'affaires dans la presse, le sport et l'immobilier, un peu à la manière de Bernard Tapie. Tous deux connaissent une notoriété, puis une grande popularité qui exposent inévitablement leur intimité, pour la bousculer encore plus.
Ces va-et-vient, tant de l'existence que du balancier de leur état amoureux, arrivent à constituer une histoire d'amour fantasque et tout de même sensible, bien qu'éruptive et mouvementée. Elle est racontée par un narrateur impliqué qui rencontre les deux protagonistes à la fin de leur vie et relate son affection pour eux, dont il arrive à préciser la nature.
La trame est relatée de manière vive et par un un style sobre et efficace, la succession d'éléments factuels suffisant amplement à donner de l'emphase au déroulement des événements. Energique toujours, vivifiant parfois, rude quelquefois, ce roman mène loin. S'il s'avère improbable, il paraît intéressant et fait passer un bon moment. Je me suis plu à me laisser voguer par ces flots tempétueux.
Les éditions
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Les sept mariages d'Edgar et Ludmilla (Blanche)
de Rufin, Jean-Christophe
Gallimard
ISBN : 9782072743139 ; EUR 15,99 ; 28/03/2019 ; 384 p. ; Format Kindle
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Les critiques éclairs (5)
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Passion en montagnes russes (ou ukrainiennes)
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 11 novembre 2022
La foule regardait l’arbre, les yeux fixés sur ses plus hautes branches. On entendait des rires mais, quand la Marly se gara sur la place, le silence se fit …/…
A dix mètres du sol peut-être, sur une haute branche en forme de lyre, était assise une femme. On la distinguait mal à travers les rameaux couverts de pousses vertes mais il n’y avait aucun doute : elle était complètement nue. »
Cette femme, perchée au sens propre comme figuré, c’est bien entendu Ludmilla, koulak dans un village ukrainien sans perspective autre que misères, physique et morale. Edgar, lui, est avec trois autres jeunes Français dans la Marly, avec également un « guide touristique », un commissaire politique en réalité – nous sommes en 1958, la bonne vieille époque stalinienne pas si loin – et ils effectuent un voyage itinérant jusqu’à Moscou.
Edgar et Ludmilla (descendue de force de l’arbre) sont saisis d’amour par la simple force du regard. Pas un mot ne sera échangé entre eux mais Edgar va se démener pour se faire accepter comme journaliste à « Paris-Match » et se faire in fine expédier à Kiev pour un reportage. Il va se faire conduire dans le village de Ludmilla et retrouver la belle.
La suite est une succession de mariages, suivis de divorces, improbables d’abord puis circonstanciels qui font la chair du roman. Personnellement c’est plus le début du roman, cette rencontre et cette passion naissante entre Edgar et Ludmilla, qui me reste en tête.
Apparemment – c’est lui qui le suggère – Jean-Christophe Rufin se serait beaucoup inspiré de son parcours marital personnel pour concevoir cette histoire, peu banale il faut en convenir. Effectivement sa première épouse était d’origine russe, quant à sa seconde, d’origine éthiopienne il l’a épousé trois fois !
Toujours est-il qu’Edgar et Ludmilla vont connaître tous deux un destin hors-normes, cantatrice pour elle, homme d’affaires, parfois à la frange de légalité pour lui. Et c’est une autre composante de la chair du roman, mais qui m’a moins intéressé.
Pourquoi se marie-t-on ?
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 26 décembre 2019
On s’attend donc en lisant le titre à bien des péripéties, des hauts et des bas ; et c’est bien ce que l’on y trouve. Mais rien de plus...
Le narrateur, le gendre d’Edgar et Ludmilla, époux de leur fille unique Ingrid, raconte les destins originaux de ses beaux-parents, en compilant leurs confidences respectives, leurs souvenirs, en les interrogeant pour combler les oublis.
Pour essayer de comprendre comment deux personnes qui s’aimaient aussi profondément ont pu se faire autant de mal, découvrant ainsi le manque d’échanges, mais aussi les manipulations dont ces deux personnages célèbres ont été les victimes. "Les avocats, s’ils n’étaient pas encore parvenus à faire de toute la société l’enfer judiciaire qu’elle est devenue depuis, s’y employaient déjà activement. "
Malgré ces destins originaux -mais moins lyriques (et pourtant !) que le roi Zibeline par exemple-, je n’ai pas réussi à me passionner pour ce roman que j’aurais probablement abandonné s’il n’avait été écrit par un auteur que j’apprécie beaucoup, fatiguée par ces redondantes figures de style, (dont j’ignore le nom), "il n’eut pas à attendre ; il aurait du se méfier ; sans s’imaginer ce qui allait advenir... "
Bien que l’auteur nous confie s’être inspiré de sa propre expérience, la lecture de cette liste non exhaustive des raisons qui motivent mariages ou divorces, m’a ennuyée et beaucoup déçue.
Exercice réussi
Critique de Yeaker (Blace (69), Inscrit le 10 mars 2010, 51 ans) - 5 décembre 2019
Pour intéresser le lecteur sur un sujet aussi casse gueule il faut vraiment avoir du talent. Bravo, parce que l'exercice de trouver 6 bonnes raisons de divorcer sans que cela nuise à la narration est réussi et on ne s'ennuie pas une seconde car au delà de l'histoire de ce couple il y a toute l'aventure de la deuxième moitié du XXème siècle qui est là en toile de fond.
Un bon moment de lecture.
Qu’est-ce que le mariage ?
Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 24 octobre 2019
L’histoire est relatée par leur gendre, qui mène une sorte d’enquête sur leur vie.
Edgar et Ludmilla connurent des destins parallèles. Ils se marièrent devant le consul, le maire, le curé, par commodité, par convenance, pour la galerie, etc.
En somme, il s’agit d’un couple dont les amours suivent les courbes inverses de la vie : descendante lorsqu’ils sont portés aux nues et florissante dans la pauvreté et la sage vieillesse. Mais pourquoi fallait-il tant divorcer ? et tant se marier ? Pourquoi ne pas persévérer et simplement fêter l’amour ? Quelle inconstance ! Et quelle inventivité de la part de Jean-Christophe Rufin (même s'il a vécu quelques rebondissements personnels lui-même). L’auteur nous donne à réfléchir sur ce qu’est le mariage, ce qu’il représente pour chacun.
Que de mariages !
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 12 octobre 2019
"La séparation peut faire partie d’une histoire d’amour", estime l'écrivain, "leur histoire est encore plus forte au moment où ils sont séparés", souligne-t-il.
Donc Rufin nous conte les six mariages et cinq divorces d'un couple bigarré. Le septième, annoncé dans le titre fait partie de ces voyages sans gaieté.
Rien ne provoque la détresse comme le bonheur quand il est obligatoire : voilà bien un phrase qui résume tout.
Rufin qui n'est pas mon auteur de chevet, pond malgré tout un roman qui se lit avec ses moment de joies et de peines même s'il est difficile d'éprouver de la sympathie pour ce couple.
Je donnerai une note sévère : a fait beaucoup mieux, a fait bien pire... le dernier né est dans la plage du milieu.
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