Une bête au paradis de Cécile Coulon
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un bel oxymore mais....
Allez savoir pourquoi, elles sont terriblement à la mode en 2019, ces histoires rurales, taiseuses, dans une campagne rustre à souhait et remarquablement décrite par cette auteure. Cécile Coulon, allie dépouillement et poésie dans l'attaque de son roman. J'ai d'abord été séduite. Puis je suis restée sur ma faim. Misère, pathos, les ingrédients sont là, pour peu on frôle Dickens… Moins la transcendance! Les personnages sont réduits à leur statuaire: ainsi cette Blanche amoureuse et vengeresse ne m'a pas semblé bien crédible, pas plus que Louis, l'orphelin ambivalent, si pénétré de son rôle tout au long de ces 352 pages… De mon point de vue l'auteure pèche par manque d'humilité. Elle privilégie un déroulé quasi cinématographique, lequel prime sur l'état intérieur de ses personnages, les assigne au rang de figurants expressifs. Jusqu'à vouloir trop en faire dans la soue à cochons. La scène finale m'a rappelé certains romans de Sylvie Germain, pionnière dans le genre, mais portée par un imaginaire sans commune mesure, littéralement dévorée par la vie autonome de ses personnages. Je n'ai rien perçu de tel dans cet ouvrage trop maitrisé et trop construit à mon goût. Bref il faut plus qu'un bel oxymore pour écrire un roman…
Les éditions
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Une bête au paradis
de Coulon, Cécile
l'Iconoclaste
ISBN : 9782378800789 ; EUR 18,00 ; 21/08/2019 ; 352 p. ; Broché -
Une bête au Paradis
de Coulon, Cécile
l'Iconoclaste
ISBN : 9782378801052 ; EUR 13,99 ; 21/08/2019 ; 345 p. ; Format Kindle -
Une bête au Paradis
de Lurienne, Flor (Acteur) Coulon, Cécile
Actes Sud
ISBN : B07X2RXD8G ; EUR 18,99 ; 27/08/2019 ; Livres audio Audible
Les livres liés
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Les critiques éclairs (4)
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des femmes possédées par la terre !
Critique de CHALOT (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 76 ans) - 13 février 2020
roman de Cécile Coulon
éditions l'Iconoclaste
346 pages
août 2019
La petite ferme familiale s'appelle le Paradis.
Elle est tenue par deux femmes, Emilienne, la grand-mère et sa petite fille, Blanche. Le commis, Louis, travaille d'arrache-pied et veille.
Les parents de Blanche et de Gabriel, son frère, sont morts dans un accident de voiture.
Emilienne a élevé les deux enfants qui, adultes, sont restés à la ferme.
« Les deuils répétés avaient fait d'elle une puissance humaine dont le pouvoir grandissait dans l'imagination de ceux qui la côtoyaient »
La vie est difficile, rude mais les deux femmes sont attachées à cette terre qu'elles aiment et défendent.
Blanche, à l'adolescence est tombée amoureuse du bel Alexandre.
C'est un amour partagé, certes, peut être, mais Alexandre a d'autres projets que celui de rester travailler dans cette ferme....
Blanche finit par chasser Alexandre, n'acceptant pas qu'il la laisse et la reprenne lors de ses retours ultérieurs.....
L'amour ou la terre ?
Les deux femmes possèdent la terre à moins que ce soit la terre qui les possède.
Ce roman social est dramatique.
Il est écrit dans un rythme soutenu tout en étant illustré de descriptions précises.
Jean-François Chalot
Roman d’un autre âge
Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 4 février 2020
Comme tous les chapitres au nom de verbes, les personnages sont dans l’action et jamais dans la réflexion ; ils subissent plus souvent qu’ils n’agissent au gré des destinées qui se croisent, s’éloignent et s’entrechoquent dans des formes de violence physique et psychologique.
L’autrice insiste aussi sur l’attachement aux racines, à la terre et à des formes de solidarité face aux blessures qui sont infligées tantôt par les hommes, tantôt par le destin.
On ressent fortement l’ambiance lourde de ce paradis qui n’en a que le nom. Louis, Blanche, Emilienne et Gabriel sont ballotés par les événements qui les touchent dans la profondeur de leur esprit et de leur corps.
Ce roman est donc naturellement une forme de phénomène littéraire dont certains font un coup de cœur et d’autres plus sceptiques, au mieux un roman se résumant exclusivement à un excellent exercice d’écriture et au pire une forme d’imposture décrivant un monde rural rude, sordide et vil.
Je suis un peu entre les deux, en considérant que tout n’est certainement pas à jeter dans la fosse aux cochons.
coup de coeur
Critique de Nathavh (, Inscrite le 22 novembre 2016, 60 ans) - 15 janvier 2020
Le Paradis, c’est la ferme, les animaux, les tâches journalières, la vie est dure tout comme Emilienne qui peut cependant aussi avoir le cœur tendre. Veuve, elle fait tourner sa ferme grâce à Louis le commis qu’elle a recueilli enfant, battu par son père, un écorché qui essaie de se trouver une place au Paradis.
Le temps passe, Blanche grandit, Alexandre est son ami à l’école, un enfant du village, fils de la femme de ménage de la mairie et d’un employé des chemins de fer. Ils ont une vie médiocre, sans artifice dans une maisonnette étriquée.
Blanche a 16 ans lorsqu’elle s’abandonne à Alexandre qui est devenu son premier amour. Cela se passe le jour de l’abattage du cochon, temps fort à la ferme, sous l’œil noir de Louis, jaloux, secrètement amoureux de Blanche.
Blanche est convaincue qu’Alexandre est l’amour de sa vie et que, comme elle, il est attaché aux terres, à leur campagne mais il ne l’entend pas comme elle et part à la ville faire des études de commerce. Il succombera aux sirènes de la ville.
Blanche est dévastée, meurtrie mais c’est une battante, une guerrière comme Emilienne, elle ne s’avoue pas vaincue, elle va se battre pour faire tourner son Paradis, avancer contre vents et marées.
Douze ans plus tard, cet équilibre enfin trouvé risque de basculer….
C’est un roman rural, noir que nous propose Cécile Coulon.
Chaque chapitre porte le nom d’un verbe, d’une action et donne le ton. « Faire mal », « protéger », « construire » … il donne le rythme..
On sent la tension monter au fil de la lecture.
Ce roman nous parle de la terre, de la vie en milieu rural, des racines, de l’attachement à la terre mais aussi d’exode.
Il nous dépeint des personnages extrêmement aboutis psychologiquement, des êtres voulant vivre, aimer mais aussi de comment l’amour peut devenir de la haine, de la vengeance. Passion, liberté, renoncement, fatalité, trahison. La plume est juste, humaine, fluide. C’est captivant, passionnant.
Mais qui est la bête qui trouble ce paradis ? Lisez, vous le saurez.
Gros coup de cœur de cette rentrée littéraire. ♥♥♥♥♥
Les jolies phrases
Elle aimait cet homme à la manière d'un animal qui suit le maître qui le bat chaque matin pour le caresser chaque soir.
Non pas qu'il voulût lever la main sur Blanche : au contraire, cette main qui enfonçait des pieux de bois dans cette terre mouillée du Paradis, menait les vaches aux prés, cette main il voulait qu'elle danse autour des cheveux de Blanche, qu'elle frôle sa nuque, qu'elle l'enveloppe comme quelques années plus tôt l'édredon avait adouci ses blessures.
Très tôt, sa grand-mère lui avait expliqué que le corps des femmes était "une ville" et celui des hommes "un village". Les formes des femmes changeaient sans cesse, évoluaient, se répandaient à la vue des autres, la peau se gonflait en certains lieux et se creusait ailleurs, tandis que le corps des hommes, passé l'adolescence, gardait son aspect et sa taille initiale. L'âge et l'alcool pouvaient l'arrondir, mais il ne se métamorphosait pas. Blanche devait selon sa grand-mère, se préparer à de grands changements. Sa petite ville deviendrait plus vaste, plus grosse, plus désirable.
Comme deux chevaux de labour, Blanche et sa grand-mère tiraient Gabriel, un garçon naïf, cassé par la mort de ses parents, à travers les plaines de son chagrin.
Il passait sa vie à fouiller dans le regard des autres, dans leurs gestes, les méandres de leur âme, pour s'y faufiler gentiment, sans violence, avec cette aisance extraordinaire bien qu'agaçante et cruelle.
Il scruta son visage : elle avait vieilli. Ses yeux disparaissaient enfoncés dans les rides qui les mangeaient, rivière jamais rassasiée. Le vert si dur, si beau de ce regard avalé par le temps se transformait en gris, un gris de terre, un gris de jument, un gris qui ternissait tout, amplifiait les petites peurs, les angoisses sans importance.
Il ne faisait pas partie de la famille. Il était employé ici. On ne lui avait rien dit, parce qu'on attendait de lui ce qu'on attendait d'un commis de ferme. Nourrir les poules. Nettoyer la cour. Inspecter la grange. Trier les oeufs. Traire les vaches. Il ne faisait pas partie de la famille, il faisait partie de la ferme. Louis avait oublié ce que c'était d'être du paysage sans être de la photo.
blanche n'oublie pas…
Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 12 décembre 2019
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