Deux filles de leur père de Pierre Louÿs

Deux filles de leur père de Pierre Louÿs

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Débézed, le 21 août 2019 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 8 étoiles
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Polissonnes

L’œuvre érotique de Pierre Louÿs est considérable, elle le place parmi les auteurs les plus prolifiques du genre, elle « reste encore très imparfaitement connue, tant il reste de manuscrits inédits à découvrir ». Celui qui a permis l’édition du présent opuscule a été acquis lors d’une vente à l’Hôtel Drouot, en novembre 2018, après un long cheminement de ventes en disparitions dans des bibliothèques connues ou inconnues, pour terminer, à cette date, chez un collectionneur particulier qui a donné la permission à la maison Bartillat de publier ce texte jusques là inédit. Le titre figurant sur la couverture est dû à l’éditeur car l’auteur n’en avait pas fourni, il fait pendant à un autre ouvrage de Pierre Louÿs, connu celui-ci, intitulé « Trois filles de leur mère ».

Ce texte raconte les aventures (mésaventures ?) de Julien, un jeune homme embauché par un vieil homme un peu gâteux comme professeur de morale pour ses deux filles, Clarisse l’aînée et Martine la cadette, à sa seule charge depuis son veuvage. Il bénéficie de l’appui de Mademoiselle Esther chargée de l’instruction des deux filles. Le vieil homme ne se rend plus très bien compte de la vie que mène les deux bougresses, elles n’apprennent pas que la littérature et les mathématiques sous la férule de la demoiselle Esther qui, avant d’être préceptrice, fit son apprentissage pendant quelques mois dans une maison dite close. Le brave Julien apprend vite que la morale qu’il est chargée d’enseigner aux deux filles ne doit pas correspondre à ce que le père attend, les deux diablesses sont déjà bien dévergondées et ne le cachent dans le langage très vert et très cru qu’elles emploient dans leurs conversations avec tout leur entourage. Le maître devient vite l’élève des deux filles, avec le concours de leur préceptrice, elles lui enseignent des pratiques qui lui sont encore méconnues et même pour certaine parfaitement inconnues.

Ce texte est d’un érotisme libertin très libéral, très polisson mais aussi très policé, il se démarque nettement de la pornographie, ne cherchant jamais à choquer ni à provoquer mais seulement à libérer les mœurs pour trouver le plaisir maximum. Pierre Louÿs avait pour objectif de débrider la société, de la libérer du carcan de la morale religieuse. « Je veux démoraliser la vie privée de mes contemporains. Cela m’intéresse passionnément. » a-t-il écrit. Sous sa plume l’érotisme est plaisir et jouissance, jamais péché, jamais contrainte, jamais violence mais il est aussi littérature car Pierre Louÿs écrivait magnifiquement, Jean-Paul Goujon dans sa postface note : « Pierre Louÿs apportait dans tout ce qu’il écrivait le souci de la perfection joint à des dons hors du commun ». Pour ma part, je n’ai jamais douté qu’érotisme et littérature pouvait se conjuguer pour générer des chefs-d’œuvre artistiques.

Pierre Louÿs dévoile son exigence littéraire à travers une courte préface à ce texte où il précise que « L’auteur de ce livre ne le publiera que si la réflexion le lui conseille », en d‘autres termes si, après réflexion, il le trouve assez bon.

Bardillat

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