Reconquête de Peter Randa

Reconquête de Peter Randa

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique

Critiqué par Fanou03, le 1 août 2019 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 49 ans)
La note : 6 étoiles
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Qui sont les Sophils ?

Dans un futur indéterminé, la hommes de la Terre sont dominés par une race extra-terrestre et mystérieuse, les Sophils, qui les soumettent grâce au puissant pouvoir télépathique des Rauls, une forme de Sophil particulière. Mais quelques hommes, les réfractaires, sont insensibles à ce pouvoir. Arl est l’un deux, et il a décidé de fuir le village où il habite afin de rejoindre les montagnes où, paraît-il, la rumeur dit que la résistance s’organise...

Depuis ma lecture de Space Opera ! : L'imaginaire spatial avant 1977, le très érudit essai sur la question de Vivian Amalric et André-François Ruaud, je m’étais dis que je goûterais bien par exemple à un de ces fameux pulp à la française de cette époque, ceux de la célèbre collection « Anticipation » de chez Fleuve Noir en particulier. L’occasion faisant le larron, c’est dans une boite à livres que j’ai trouvé ce roman écrit par un certain Peter Randa en 1965. L’homme s’avère être en fait , après vérification, le pseudonyme d’André Duquesne, un prolifique auteur de romans populaires, spécialisé en SF mais aussi en polar.

Un peu méfiant quand même quant à ce que j’allais trouver, j’ai été je dois dire plutôt agréablement surpris. Si l’auteur on s’en doute a dû suivre un « cahier des charges » plus ou moins bien établi, il s’en est pas mal débrouillé, avec certes une écriture directe, sans fioriture, utilisant deux fois des sauts dans le temps importantes pour faire avancer l’action (il faut finir bien l’histoire en moins de 200 pages j'imagine), mais sans sacrifier ni l’ambiance ni à quelques considérations qui donnent pas mal de personnalité à ce numéro 265 de la mythique collection.

La prose je l’ai dit est directe : c’est Arl, le narrateur, qui parle, au présent, ce qui met en valeur l’action. En quelques mots André Duquesne sait cependant brosser une atmosphère (« Dans la nuit, le poste des Sophils luit étrangement, comme enveloppé dans un halo bleuté. Moins de 500 mètres nous séparent. Autour de moi, les cigales chantent, la nuit est tiède, colorée et parfumée ») ou pour évoquer les sentiments des protagonistes. Il n’hésite pas à utiliser du vocabulaire précis (« bat-flanc », « entablement »), tandis que la technologie fleure bon le rétro-futurisme (les armes sont des « fulgurants » et des « irridiants » ; les résistants utilisent des « hydroscaphes »). Le fait que le roman se passe en France donne un charme à part je dois dire. Arl évoque les Pyrénées, Lyon, Avignon, et remonte le cours de la Saône avec son équipe dans un sous-marin.

Au delà des opérations de résistance et de reconquête de la Terre par les humains, percer à jour la nature mystérieuse des Sophils est finalement un des fils rouges principal du roman, et cette nature est suffisamment complexe pour qu’elle maintienne en haleine le lecteur. Quelques éléments de réflexions viennent aussi épaissir ce divertissement pur jus, autour de la nature des Sophils, qui renvoient à l’homme le devenir de ses propres créations et de sa propre cruauté. Ainsi Arl qui reproche à un des chefs des Sophils une punition particulièrement horrible que ces derniers font parfois subir aux homme, le Sophil répond  : « la Loi était édictée par les Rauls, qui ont trouvé la notion du châtiment physique dans l’esprit des hommes. Dans toute la mesure du possible nous leur avons appliqué leurs propres concepts».

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