Le souffle de l'harmattan de Sylvain Trudel

Le souffle de l'harmattan de Sylvain Trudel

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Cuné, le 25 juin 2004 (Inscrite le 16 février 2004, 57 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 868ème position).
Visites : 6 038  (depuis Novembre 2007)

Ciselé et délicieux !

Un pur délice ! C'est rempli de jeux de mots, d'aphorismes, d'à-peu-près délicieux. On ne situe pas bien l'âge des héros, on aurait tendance à les voir très jeunes enfants mais leurs actes sont plus ceux d'adolescents. Les réflexions de Hughes sont très réfléchies sous des dehors enfantins, pendant un long moment c'est la vie insouciante de l'enfance avec son imagination et ses petits méfaits, mais la fin est très dure, je ne la voyais pas venir.

Un passage tout particulièrement m'a ravie :

"En Afrique, les problèmes sont à la fois aigus et graves, donc circonflexes à cause de la loi des grands nombres appliquée par les agents de conservation. La multiplication les a fait champions de démographie, mais, contre toute attente, l'Afrique est un quotient car elle est, d'après Habéké, le résultat des divisions entre les peuples, et là-bas, ils n'ont que ça des peuples. Juste au pays d'Habéké ils ont les Somalis, les Danakils, les Abyssins, sans compter les Noirs et les autres dont les noms m'échappent. Il existe pourtant des trucs en caoutchouc qu'on dit anticonstitutionnels pour freiner l'ardeur. Mais ça n'est pas gagné parce que ce sont des solutions occidentales qui ne sont pas très concubines des problèmes circonflexes musulmans."

Une immense découverte pour moi que Sylvain Trudel, dont je vais chercher les oeuvres avec entrain.

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Les éditions

  • Le souffle de l'harmattan [Texte imprimé], roman Sylvain Trudel
    de Trudel, Sylvain
    les Allusifs / Les Allusifs
    ISBN : 9782922868104 ; 14,05 € ; 10/09/2002 ; 168 p. ; Broché
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Déracinés

7 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 29 mars 2005

Une prose remarquable pour cette histoire d’amitié entre deux enfants en quête d’identité, un Africain et un Asiatique élevés dans des familles québécoises. Dommage que le lyrisme occupe la totalité de l’espace romanesque au détriment du récit, ce qui a pour effet de créer un univers touffu, imprécis et surréaliste souvent invraisemblable. Par exemple, les deux garçons vont se marier symboliquement, enterrer leur cochonnet rempli d’argent et lire de la poésie! Un comportement peu fréquent chez les jeunes que je connais !

Mais malgré cette lacune et l’effort nécessaire pour apprivoiser le style de Trudel, où les images abondent et les mots prennent plusieurs sens, le voyage que l’on nous propose ici est enivrant et très beau.

Deux enfants se cherchent

8 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 7 décembre 2004

Un jour, Hugues apprend qu’il est un enfant adopté.
"Et c’est ainsi que du jour au lendemain, je suis devenu orphelin, que Claude et Céline sont devenus mes demi-parents, Jasmine ma demi-sœur, Benjamin mon demi-frère, Pipo mon demi-chien."
Un monde prend fin, un lien se brise, il faut continuer à vivre, mais comment ?
De son côté, Kabéké, le meilleur ami de Hugues, vit dans le souvenir de l’Afrique. Ce sont ses racines, la terre des siens, un continent dont il n’arrive pas à se séparer. Lui aussi vit dans une famille qui n’est pas vraiment la sienne, sur le plan biologique.
"Habéké Axoum c'était le plus intelligent de tous parce qu'avec ça il avait la naïveté et tout chez lui pouvait se faire. Les enfants, on est connus pour ça, on a des pouvoirs."
Les deux enfants se sentent déracinés et vont reconstruire un nouvel univers à travers leur amitié, une amitié dense et indestructible en apparence. Un parcours du monde de l’enfance que Sylvain Trudel décrit avec beaucoup de justesse, faisant naître chez le lecteur un sentiment de nostalgie et de regret par rapport à une certaine insouciance perdue. Hugues et Habéké vont se perdre au royaume des rêves et des illusions. Cette errance, qui leur permet de construire une plus belle vie, doit pourtant prendre fin un jour. L’enfance ne dure pas éternellement et un jour, malheureusement, la bulle se brise et il faut continuer à avancer. Enormément de sensibilité sous la plume de l’auteur pour aborder ces questions, ces difficultés face à l’entrée dans le monde des adultes, un monde pas franchement hostile mais pas forcément celui qu’on idéalise quand on est enfant. J’ai été très touchée par la naïveté mais aussi la lucidité qui se dégagent des deux petits héros du récit. Cette vision de l’être adulte, hypocrite et raciste, alors que la vie pourrait être si simple avec un regard d’enfant posé sur les choses.
Petite remarque perso à propos de la langue : cette lecture fut non seulement plaisante, mais en plus instructive, car j’ai dû consulter le dictionnaire en ligne à plusieurs reprises face à des mots québécois que je ne comprenais pas.

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