Le courage qu'il faut aux rivières de Emmanuelle Favier

Le courage qu'il faut aux rivières de Emmanuelle Favier

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Marvic, le 24 juin 2019 (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (15 513ème position).
Visites : 5 904 

femmes condamnées

Manushe mène une existence calme dans son village où elle fait partie des personnages importants entre le médecin Mitko et le chef du village Emni.
Jusqu’à l’arrivée d’Adrian qui trouble Manushe, qui fait remonter en elle des désirs enfouis depuis longtemps sous ses vêtements d’homme.
Une relation s’installe entre deux personnes aux parcours cruels.
Manushe est une "vierge jurée" pour avoir refusé le mari choisi par ses parents. Au cours d’une cérémonie de renoncement, ses vêtements féminins ont étés brûlés, ses cheveux coupés. Sa seule condition pour rester en vie, c’est de renier sa féminité.

Quant à l’étrange et calme Adrian, quand il arrive dans le village, personne ne connaît son passé.

La relation entre ces deux exclus va apporter de la tendresse, dans ce monde difficile. Mais aussi leur faire prendre d’immenses risques en bravant les traditions et les lois.

D’une écriture recherchée et très poétique, l’auteure nous emmène dans un voyage aux paysages superbes, nous montre la sensualité de corps enfin libres, une beauté, un calme, une sérénité qui alternent avec des passages et des scènes d’une grande cruauté, d’une grande brutalité.
Elle nous plonge dans un monde archaïque et tribal dans une absence de repères temporels ou géographiques précis.
Un livre magnifique où l’on découvre que très près de chez nous, ont encore cours des traditions d’un autre temps. Comme le sort de ces vierges sous serment, qui n’ont d’autre choix que la lapidation, ou le reniement.
"Une femme valant à peine la moitié d’un homme... la honte dont la vérité eût éclaboussé son honneur (celui du père) l’avait emporté sur la crainte de voir son enfant abattu."

Un roman marquant, dur, édifiant mais absolument superbe.

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Une bizarrerie des mœurs de l’Albanie

6 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 2 avril 2020

Je trouve étonnant qu’Emmanuelle Favier n’ait pas positionné plus explicitement son roman en Albanie puisque l’argument de son roman – les vierges jurées – est une étrange coutume albanaise. D’ailleurs elle détaille un peu dans ses « Précisions », en prologue :

»L’intention présidant à l’écriture de ce livre n’a jamais été d’ordre documentaire. C’est bien plutôt la fascination liée à un phénomène singulier qui a servi d’impulsion à une réflexion subjective, …/…
Le phénomène des vierges jurées reste peu connu, il a néanmoins fait l’objet de quelques articles et essais ainsi que de plusieurs œuvres d’imagination …/…
Dans un premier temps, je n’ai pas voulu me rendre en Albanie, où des vierges sous serment vivent encore aujourd’hui, afin de conserver la pleine liberté de mon imaginaire. »


Ca met le lecteur un peu hors sol et l’empêche, à mon sens, de rentrer plus franchement dans le roman. Un peu comme un passant qui resterait sur le pas de la porte d’une maison pour regarder ce qui s’y passe, mais sans rentrer.
C’est que le phénomène des « vierges jurées » est passablement étrange. En substance, ce sont des femmes (albanaises) qui ont fait le serment de renoncer à l’amour, à la condition d’épouse et de femme, et qui acquiert en échange le droit de se comporter en homme, le droit et surtout les droits que cela signifie dans une contrée où les femmes sont considérées comme « valant à peine la moitié d’un homme ».
Manushe est une de ces vierges jurées. Elle est respectée comme telle dans son village albanais perdu au « pays des aigles ». Survient Adrian, l’être androgyne par lequel la vie du village va être bouleversée et la vie de Manushe brisée.
Adrian a, lui aussi, une histoire bien compliquée et sordide.
Ces deux-là vont vivre une histoire d’amour intense, d’autant plus intense qu’elle est interdite. D’autant plus intense encore qu’elle est doublement interdite !
Petite remarque incidente : je finis par penser que dans un certain nombre d’années ; dix, trente, cinquante ?, quand on se penchera sur la production romanesque au moins française, on ne pourra que s’étonner de constater qu’il n’y avait plus alors de héros de romans que dans le cadre de sexualités contrariées ou d’homosexualité. C’est patent. Et pourtant, hors le petit monde germanopratin, je constate que la population hétérosexuelle n’a pas disparu. A se demander ?!

Identité féminine !

7 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 7 mars 2020

Emmanuelle Favier (1980- ) est une romancière, poétesse et nouvelliste française.
En 2017, elle publie son premier roman "Le Courage qu'il faut aux rivières" consacré aux "vierges jurées".

Manushe est une "vierge jurée", une femme qui fait le serment de rester vierge et endosse le statut d'homme au sein de sa communauté. Elle travaille librement et est respectée.
L'arrivée d'Adrian, jeune homme androgyne (...) au passé mystérieux va rebattre les cartes et bouleverser les équilibres traditionnels de cette petite communauté.

Un roman (docu-fiction) qui aborde les thèmes de l'identité, du genre, des rapports hommes/femmes.
Cette tradition ancestrale des Balkans (nord de l'Albanie) met en lumière la place de la femme dans nos sociétés "masculines" .

Malgré une écriture flamboyante, poétique (ampoulée ? ) , j'avoue m'être un peu ennuyé. L'histoire est certes prenante mais je ne suis jamais entré dans le roman.
Un 1er roman réussi néanmoins.

Pourtant ça commençait bien…

5 étoiles

Critique de Ludmilla (Chaville, Inscrite le 21 octobre 2007, 69 ans) - 16 février 2020

Les cinquante premières pages (environ le quart du roman) sur la vie de Manushe, l’arrivée d’Adrian, m’ont fait penser que la sélection du prix CL2020 allait me faire découvrir, une fois de plus, un bon livre. Hélas…
La suite est surtout l’histoire d’Adrian, que j’ai trouvée parfois peu crédible et surtout peu intéressante.
Un vocabulaire souvent inutilement recherché : déjà dans la première partie (p52), le mot « tirce » m’avait intriguée. Le contexte indique qu’il s’agit d’un vêtement mais ce mot est inconnu de mes dictionnaires (et même de Google…). Et « palilalique » ? « Un type entre deux âges, déjà ivre, qui réclamait une bière avec une insistance palilalique »

Finalement un roman qui n’a pas tenu les promesses de son début

Les vierges jurées

10 étoiles

Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 60 ans) - 15 décembre 2019

En Albanie notamment, les vierges jurées sont des femmes qui, socialement, deviennent des hommes et donc tenues en haute estime.
Des paysages grandioses ainsi que l’atmosphère sont magnifiquement décrits.
Envoûtée par une histoire hors du temps qui me berce d’une rive à l’autre de la rivière…
Ce roman est un coup de cœur pour moi.

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