Chien blême de Heinrich Böll

Chien blême de Heinrich Böll
(Der blasse Hund)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Tistou, le 20 juin 2019 (Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans)
La note : 7 étoiles
Visites : 2 835 

11 nouvelles

Onze nouvelles dans ce recueil. Pas n’importe lesquelles, des nouvelles (publiées à titre posthume) toutes écrites avant 1950 dont « Les ardents », écrite en 1936 (Heinrich Böll a alors 19 ans) et qui montre ainsi que si ses écrits sont postérieurs à 1945 c’est que c’est la guerre – dans laquelle il fut impliqué – qui l’a empêché de pratiquer l’écriture.
- « Chien blême », la nouvelle éponyme, date de 1947. Elle raconte l’histoire d’un déclassé, qui a cru trouver un ami avant la guerre, est parvenu à fuir la guerre juste avant sa fin, a retrouvé cet ami, autant aisé que lui fut toujours nécessiteux, et s’est vu opposer indifférence et rejet. Il verse dans le banditisme et quand le lecteur se fait raconter son histoire par un aumônier, c’est devant son cadavre étendu en prison. Theodor Herold était devenu « Chien blême » pour la postérité en versant dans la délinquance. C’est en « Chien blême » qu’il meurt, assassiné.
- « Prisonnier à Paris », 1946, écrite juste au débouché de la guerre, un an après avoir été libéré. Histoire d’amour improbable dans le cadre de la libération de Paris … Pas forcément aussi noire que ses autres écrits.
- « Le fugitif », 1947. Une histoire de chasse à l’homme qui, comme les histoires d’amour en général finissent mal !
- « L’histoire du pont de Berkowo », daterait de 1948, non publié, aurait été réutilisé dans « Où étais-tu, Adam ? ». Monté en pièce radiophonique sous le titre « Le pont de Berczaba ». Histoire absurde de guerre, d’un pont qu’il faut absolument construire dans un délai impossible pour évacuer des troupes allemandes, sur la Bérézina (tiens, ça rappelle quelque chose !) :
« Dès la première visite du chantier, je décidai d’utiliser les piliers en béton qui avaient tenu bon et de les coiffer d’une construction de fer et de bois qui ne serait pas destiné à durer, mais résisterait, pour environ trois mois, à des mouvements de troupes d’une certaine ampleur, y compris dans le cas d’unités lourdes. Car le quartier général Sud-est m’avait fait savoir que ce pont serait probablement utilisé dans le cadre d’une retraite générale, celui qui avait été édifié deux kilomètres plus loin, au sud-est, étant alors menacé d’engorgement. »
Le pont va être construit, dans les délais requis, mais la suite ne va pas se dérouler exactement comme prévue …
- « Le rendez-vous », 1948. Pas une histoire de guerre mais un amour inabouti. Pour ne pas dire plus !
- « Les ardents », qui pourrait être le premier écrit répertorié d’Heinrich Böll, en 1936 et 1937, n’a bien sûr rien à voir avec la guerre. C’est plutôt une histoire d’êtres … purs ( ?), en tout cas sans concessions, même si plutôt du côté des déclassés. Ca n’a pas la noirceur et la profondeur habituelles chez Böll mais l’histoire est déjà d’une grande singularité …
- « Paradis perdu », 1949, fragment romanesque, œuvre non achevée dont des chapitres ont été réutilisés, notamment dans « Le silence de l’ange ». En lien avec la guerre, la fin de la guerre et le retour de captivité des soldats. D’une grande tristesse.
- Et par ailleurs quatre autres très courtes nouvelles.

Ce n’est certainement pas le meilleur ouvrage pour découvrir Heinrich Böll. « Chien blême » s’adresse plutôt à de gros lecteurs de Böll curieux de lire ce qu’il a pu écrire à ses débuts, au débouché de la guerre et même juste avant.

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