La maison des feuilles de Mark Z. Danielewski

La maison des feuilles de Mark Z. Danielewski
( House of leaves)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Benoit, le 22 juin 2004 (Rouen, Inscrit le 10 mai 2004, 43 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (15 492ème position).
Visites : 8 521  (depuis Novembre 2007)

Etrange et fascinant

Lorsque j'ai ouvert ce livre pour la première fois, j'ai été tout de suite intrigué et attiré. En effet, ce qui frappe tout d'abord dans ce livre-labyrinthe c'est la mise en page : différentes typologies de caractères; sur certaines pages, le texte n'occupe que le coin supérieur gauche, le centre de la page, sous la forme d'un carré, on doit se servir d'un miroir pour lire une partie du texte, le mot maison apparaît toujours en bleu... Bref, ce n'est pas un livre conventionnel et demande une certaine gymnastique des mains.
Bien sûr, ceci n'est pas innocent : le format du texte suit le déroulement de l'histoire. Rarement, le contenu (l'histoire) et le contenant (le livre) n'ont été aussi intimement liés.
Maintenant, l'histoire. Elle est un peu complexe à expliquer car elle comporte trois niveaux de lecture. Je m'explique : Johnny Errand, homme dans la trentaine à l'enfance difficile, tombe un jour sur un manuscrit écrit par un vieil aveugle mort récemment dans lequel il raconte l'histoire de la famille Navidson qui possède une maison, plus grande à l'intérieur qu'à l'extérieur, c'est-à-dire qu'on y trouve des portes qui donnent sur des couloirs sombres qui, physiquement, ne peuvent exister. Ils vont donc partir à la découverte de ce nouveau territoire...
Dans le roman, on suit donc trois histoires en parallèle : celle de Johnny (on découvre sa vie), celle du vieil aveugle (quelques notes dans le manuscrit nous renseignent sur lui) et celle des Navidson. Cette dernière histoire est la plus importante et la plus intrigante. En effet, le vieil aveugle a écrit son récit de telle manière qu'on ne sait plus si cette histoire est inventée ou réelle (il y fait référence à des livres qui traitent de l'histoire, en précisant le nom de l'auteur, il parle d'interviews donnés par les Navidson,...). On nage en pleine confusion.
A côté, l'histoire de Johnny est pathétique mais tout aussi intéressante...

Ce roman a été un choc pour moi. C'est un livre fouillis très travaillé (d'après la petite histoire, son auteur a mis 12 ans à le rédiger), très intelligent. Les différentes histoires sont passionnantes. Il y a du suspense, du fantastique, de la psychologie... Et (je vais me répéter mais c'est la grande force de ce livre, ce qui va faire qu'il marquera la littérature) la fusion entre le livre et l'histoire (le livre en lui-même fait partie intégrante de l'histoire) est sidérante.

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Une expérience de lecture

9 étoiles

Critique de Froidmont (Laon, Inscrit le 28 octobre 2022, 33 ans) - 7 février 2023

Johnny Errand va retrouver la thèse d’un vieil homme aveugle, qui a péri dans son immeuble, sur un film qu’il a fantasmé. Plus il ordonnera ces notes, plus la folie le gagnera tel sa mère Pelafina, et c’est peu dire qu’il yoyote !

J’avoue, ce résumé, ô combien incomplet, traduit un parti pris que je dois assumer. J’ai adoré Johnny, chacune de ses notes, je les ai attendues comme on espère un pote. Sympathique il n’est pas mais il est fascinant, tremblant d’humanité, corps se fragilisant, esprit rompu, usé, brisé par les ténèbres qu’il porte au fond de lui comme un écho funèbre.
Le Navidson Record n’est pas moins fascinant (c’est le film étudié par l’aveugle rêvant) mais j’y reprocherais un long étirement, alors que mon Johnny, les cris de sa maman, ont une proportion justement mesurée qui, sur l’autre récit, domine et prend le pied.
De plus je ne suis pas totalement certain que la fameuse thèse existe bel et bien. Johnny peut bien l’avoir entièrement créée pour coucher dans les mots ses pensées névrosées.

Ce livre est formidable, or je peux bien comprendre qu’il puisse rebuter, ne pas se laisser prendre. Il est le labyrinthe dont parle le film, le chemin éprouvant que Will Navidson filme. Tout a été pensé pour perdre et repousser ; et c’est sur ce point-là, cette inventivité, que repose en partie le génie de l’auteur. C’est une expérience plus qu’un livre d’horreur.

Euqisyhpatém rellirht

7 étoiles

Critique de Elko (Niort, Inscrit le 23 mars 2010, 48 ans) - 25 juin 2015

Quand pour la première fois j'ai tenu ce livre entre mes mains j'étais à la fois excité et intimidé. De quoi pouvait bien parler ce bouquin à la mise en page aussi déjantée?
Le résumé n'est pas simple, les histoires s'emboîtent comme des poupées gigognes. Il y a d'abord le photographe Navidson qui emménage dans une maison pour le moins étrange et qui décide d'en explorer les incroyables propriétés par le biais d'un film. Puis il y a Zampano, un vieil original qui décide de compiler et synthétiser les études les plus variées issues de ce film. Enfin Errand met la main par hasard sur le travail inachevé du vieil homme et décide de mener à bout son étude.
Les 3 projets s'enchevêtrent. Les 3 hommes explorent leurs peurs et leur folie. Le tout abondamment illustré de notes et annexes aussi crédibles que fictives. Le lecteur tente de suivre aussi bien les méandres de leurs réflexions que celles des pages qui s'enchaînent dans une liberté totale. C'est un choc visuel, une réelle expérience de lecture. Parfois jubilatoire parfois imbuvable.
Danielewsky ne s'est donné aucune limite, oubliant parfois son lecteur. Mais c'est un livre pareil à nul autre.

Livre "fatigant"

2 étoiles

Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 30 août 2014

La « note » est probablement trop sévère mais je m’en tiens à mes critères et elle est justifiée car je n’ai pas pu supporter plus de 40 pages sur 700. Car non seulement ce livre est bavard et plein de digressions (certaines pourtant forts intéressantes) mais la grosseur des caractères varie et est souvent petite, ce qui ne me convient pas. En outre, le livre est lourd. Il est donc physiquement difficile à lire plus de quelques dizaines de minutes. La conception et la confection ont sûrement demandé beaucoup de temps et je n’apprécie probablement pas le résultat à sa juste valeur. Je passe la main à qui saura mieux le faire.

Au niveau du produit, c’est un "objet" intéressant avec des polices de différents caractères selon le locuteur ou les commentaires, la mise en page varie avec des colonnes, des encadrés et des feuilles presque vides. Et le mot « maison » est toujours de couleur bleue.

L’histoire est celle d’une famille qui achète une maison qui s’avère être plus grande à l’intérieur qu’à l’extérieur, ce qui va intriguer le père photographe. Le narrateur, qui a récupéré le manuscrit chez un vieil homme aveugle, la raconte et les notes de bas de page font référence à ce qu’il en pense et à des événements actuels de sa vie.

IF-0814-4279

Oh My God

9 étoiles

Critique de Nouillade (, Inscrite le 13 mars 2008, 33 ans) - 15 mars 2008

Vraiment un livre étrange et tellement intéressant. Parfois, les passages sont ennuyeux, on retourne le livre, on cherche la suite de la phrase perdue dans la page, on réfléchit intensément au sens du paragraphe absurde que l'on vient de lire...

Wow. Mais parfois, au contraire, on ne peut plus détacher ses yeux de ce roman expérimental, on suit le destin des personnages avec avidité, sautant d'une ligne à l'autre avec engouement, essayant de démêler les fils conducteurs de l'histoire qui semblent n'avoir ni queue ni tête.

Le traducteur a du vraiment se casser la tête pour retransmettre au public français le plus fidèlement du monde cet espèce de roman vivant, hétéroclite, et complètement décalé.
Le livre le plus ZARBI que j'aie jamais lu. Quelle découverte !

Etrange jeu de piste

9 étoiles

Critique de Fa (La Louvière, Inscrit le 9 décembre 2004, 49 ans) - 15 juin 2006

Etrange, protéiforme, captivant, labyrinthique,...

Ce livre complexe tient à la fois du roman policier, de thriller fantastique, de recueil littéraire, de chronique déjantée, d'histoire d’horreur, de critique d'art, de manuel de précis de physique, de traité de psychologie, de parcours initiatique, de jeu de lettres et de mots, bref, un livre on ne peut plus protéiforme.

Au niveau des influences littéraires, eh bien impossible de les reprendre tant elles sont nombreuses. On y retrouvera notamment l'oeuvre de Joyce, Borges, Dante, le Talmud, Hawthorne, Lovecraft, Poe, et j'en passe des centaines d'autres.

Pour ce qui est du cinéma, le roman me rappelle l'oeuvre de Lynch, Blair witch Project, Cube, aussi Trainspotting pour le côté déjanté, ...

Mais avant tout ce livre hyper documenté est pour moi une réelle découverte qui tient lieu du jeu de piste où la forme (usage des caractères différents, mise en page atypique) et le fond (enchevêtrement de trois histoires différentes, pe plus) s'influencent réciproquement.

Le seul problème de ce genre d'ouvrage est que l'on a l'impression, lorsqu'on le referme, d'avoir compris 10 % de son contenu. On retrouve d'ailleurs sur le web des forums entiers d'internautes qui passent des mois entiers à essayer de le décrypter : ce livre doit donc être relu pour en percevoir toute la saveur, plus tard, pas tout de suite.

Mais l'important n'est il pas plutôt le chemin que le but vers lequel celui-ci mène?

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