Brautigan, un rêveur à Babylone de Keith Abbott

Brautigan, un rêveur à Babylone de Keith Abbott
( Downstream from "Trout fishing in America")

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Sibylline, le 21 juin 2004 (Normandie, Inscrite le 31 mai 2004, 74 ans)
La note : 4 étoiles
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Un témoin raconte...

Je ne dis pas que c’est un bon livre, ni même une bonne biographie, je dis que, si vous vous intéressez à Richard Brautigan, vous êtes pratiquement obligé de le lire.

La quatrième de couverture annonce que l’auteur « fut pendant 18 ans un des plus fidèles compagnons de Brautigan ». A la lecture, il m’a semblé que ces 18 ans s’étaient tout de même trouvés coupés de plusieurs assez longues périodes d’éloignement, mais enfin, ces 18 ans ont été , et ne serait ce qu’à ce titre, on a envie de lire ce qu’en dit Abott.
En tant que simple témoin, on ne saurait reprocher à l’auteur son manque de style, mais, comme il se présente comme écrivain, pas de scrupule, avouons-le, Keith Abott n’a pas cette élégance du mot qui fait les grands conteurs. A certains moments, se limitant au simple récit, il parvient à peu près à mener sa barque, mais, quand le récit se charge émotivement ou quand il tente d’interpréter, les choses se gâtent (en particulier dans le dernier tiers).
On pourrait aussi s’interroger, il me semble, sur les sentiments d’Abott envers Brautigan. L’amitié et le respect qu’il affiche ostensiblement ne sont-ils pas un peu mêlés d’envie et de critique ? Au fond, peu importe, il dit ce qu’il veut. Nous ne sommes pas idiots, nous savons que dans tout témoignage il y a une part d’ombre. Je veux juste dire que dans celui-là, elle ne me semble pas négligeable.
Exemple entre, sinon mille, du moins pas mal : dans « sa fascination égocentrique semblait excusable après les années de pauvreté et d’abandon qu’il avait connues », n’entend-on pas surtout reprocher à Brautigan un égocentrisme forcené ? Après tout, pourquoi pas ? Abott a le droit de le dire. C’était vrai ou non. C’est juste que je n’aime pas trop qu’il le dise de cette façon un peu sournoise. Et tous les reproches sont formulés de cette manière. On suit d’ailleurs, au fil des années, la carrière d’Abott menée en contrepoint de celle de Brautigan et avec, on le voit bien, un succès tout différent. On comprend parfaitement que cela n’a pas dû lui sembler facile à avaler.
Donc, « Un rêveur à Babylone », (clin d’œil du traducteur à « un privé à Babylone » alors que le titre original cligne lui, du côté d’un autre livre de Richard Brautigan, « La pêche à la truite en Amérique ») doit être lu parce qu’on ne peut pas faire autrement. Il n’y a pas tant de personnes l’ayant connu qui aient voulu témoigner sur l’écrivain fétiche de la beat génération. Alors allons-y, accommodons nous du style, des fantômes (page 122 !) et des commentaires ; et puis bon, il y a peut-être beaucoup de choses vraies là-dedans. (Je veux dire, en dehors des fantômes.)
En tout cas, il m’a bien semblé que les supputations sur la part autobiographique de l’accident central de « Mémoires sauvés du vent » ne s’appuyaient pas sur grand-chose. Abott insiste beaucoup sur les histoires de fusil dans la dernière partie et sur les relations bizarres que son ami avait avec les armes à feu, mais pas avec clarté et d’ailleurs, qui en a d’autres, surtout quand il boit beaucoup ? Cela me semble monté en épingle, orienté. Les allusions, c’est joli, mais le plus souvent, cela cache surtout l’absence des faits. Beaucoup de gens y croient pourtant et curieusement, moi, non. Je ne saurais pas beaucoup mieux qu’eux vous dire pourquoi. Mais allez donc vous faire votre propre opinion. Je ne peux pas mieux vous dire. Après tout, les critiques sont faites pour vous donner envie de lire, pas pour vous en dispenser.

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Les éditions

  • Brautigan, un rêveur à Babylone [Texte imprimé], biographie par Keith Abott trad. de l'américain par Nicolas Richard
    de Abbott, Keith Richard, Nicolas (Traducteur)
    10-18 / 10-18
    ISBN : 9782264019189 ; 16,98 € ; 24/09/1993 ; 189 p. ; Poche
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