La peau et les os de Georges Hyvernaud
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Une révolte fondamentale.
Dans "la peste", Tarrou raconte son horreur de la peine de mort, avec une expérience concrète. A l'occasion du procès du "hibou roux", quand son procureur de père prononce le réquisitoire. L'épisode est éprouvant, mais il reste littéraire.
Georges Hyvernaud, lui, se refuse à tout effet de manche. Il dégraisse l'expérience pour n'en montrer que le squelette brut, sans fioritures, dans sa brutalité, son évidence vécue.
Prisonnier ordinaire dans un oflag, le narrateur montre d'abord ce que le public, même familial, même composé d'êtres aimés affectueux et attentionnés, attend du prisonnier. Un récit de misères héroïquement supportées, de résistances solidaires, d'amitiés viriles.
Avec Hyvernaud, l'enrobage disparaît. On voit une promiscuité dégradante, un avilissement mutuel, l'homme mis à nu, dépouillé de ses oripeaux sociaux, moraux et idéologiques d'humanité. C'est pourquoi il insiste tant sur ce qui choque les bons usages, la nudité de l'être réduit à ses fonctions basiques, l'être puant de crasse et d'excréments, et qui s'y résigne ou s'y vautre. A une telle épreuve, son éducation chez lui ou à l'école ne l'a pas préparé. Bien au contraire, dirait-il, tout a été maquillé, travesti, caricaturé par les institutions et leurs consciencieux représentants.
Ce témoignage au style dépouillé est d'une très grande force. L'auteur est à mettre au rang d'écrivains comme Primo Lévi ("Si c'est un homme"), ou Jorge Semprun("l'écriture ou la vie")." La peau et les os" est semblable à ces récits où , dans un contexte différent, une paire de chaussures devient un trésor, où, dans la tête du survivant, même plusieurs années après, surgit inopinément l'envie de se jeter dans le vide, tant ce qu'il a vécu et ressenti est humainement insupportable.
Les éditions
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La peau et les os [Texte imprimé] Georges Hyvernaud préf. de Raymond Guérin
de Hyvernaud, Georges Guérin, Raymond (Préfacier)
le Dilettante
ISBN : 9782905344656 ; 15,00 € ; 01/01/1993 ; 157 p. ; Relié
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Les critiques éclairs (5)
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l'Histoire des historiens n'a pas d'odeur.
Critique de Hexagone (, Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans) - 5 août 2009
Et nos soldats!
Critique de Smokey (Zone 51, Lille, Inscrite le 12 août 2008, 38 ans) - 15 août 2008
"Notre joie s'est bêtement éparpillée. C'est comme ça que nous l'avons ratée, la scène du retour. On remet sa vieille veste, sa vieille vie. La vie se remet à couler dans ses vieilles rigoles"
"Voilà ce que j'aurai rapporté de mon voyage: une demi-douzaine d'anecdotes qui feront rigoler la famille à la fin des repas de famille"!
Dramatiquement méconnu...
Critique de Joachim (, Inscrit le 24 mars 2006, 44 ans) - 1 avril 2006
Voilà l'ancrage profond du livre, constat désespéré, tantôt atone et tantôt brutal, du fossé entre l'humanité libre et la prisonnière. Il me revient un passage où le narrateur prend à parti l'"énergie spirituelle". Un autre où c'est le Péguy du patriotisme et de "l'héroïsme de 14-juillet".
Prose poignante, poétique et souvent pleine d'ironie, proche de Céline et d'Aragon auxquels il s'apparente lorsqu'il saisit la contenance des personnages et traverse les couches sociales, allant de Faucheret et de Pochon au polytechnicien Percheval ("Les Allemands l'ont envoyé dans un asile, et l'avenir de Percheval il vaut mieux ne plus y penser.")
Un autre roman attend une critique, Le Wagon à vaches, que je n'ai malheureusement pas lu...
Formidable efficacité
Critique de Donatien (vilvorde, Inscrit le 14 août 2004, 81 ans) - 30 août 2004
"Notre joie s'est bêtement éparpillée. C'est comme çà que nous l'avons ratée, la scène du retour. On remet sa vieille veste, sa vieille vie. La vie se remet à couler dans ses vieilles rigoles".-----------------------------------------------------------
G.Hyvernaud m'a fait penser à Régis Jauffret, qui atteint la même efficacité pour la période contemporaine, surtout depuis "Fragments de la vie des gens". Le style et le pouvoir des mots sont tellement justes qu'ils provoquent parfois un rire nerveux dont il est difficile de déterminer l'origine.
L'on comprend mieux le silence de ces être humains qui savaient l'impossibilité de communiquer le "ressenti" de ces situations.
"Voilà ce que j'aurai rapporté de mon voyage: une demi-douzaine d'anecdotes qui feront rigoler la famille à la fin des repas de famille"!
Rideau.
un chef-d'oeuvre terrible!
Critique de Lalaith4 (, Inscrite le 4 août 2004, 38 ans) - 27 août 2004
Hyvernaud nous décrit avec un réalisme cru ce voyage dans ce monde de terreur, de haine et d'humiliation.
Un grand livre sur la condition des prisonniers de guerre pendant la seconde guerre.
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