L'absente

Le décès accidentel de Randall fait l'effet d'un électrochoc sur Delia Byrd, la sortant d'une longue période de léthargie largement alcoolisé. Séparée de lui depuis deux ans, elle pensait réussir à briser le cercle infernal de la drogue et de l'alcool, et malgré tous ses efforts l'alcool est resté un vieil ami, qui lui permet certains soirs de faire taire la souffrance qu'elle ressent au plus profond de ses entrailles lorsqu'elle pense à ses deux filles. Loin d'elle, là bas. Si loin, depuis déjà dix ans.

Il y a dix ans, elle a fuie pour échapper aux coups d'un mari violent, et à une mort inéluctable. Mais sa fuite s'est transformé en un supplice insupportable, car il lui a fallu abandonner ses deux petites filles, Amanda et Dede, alors âgées respectivement de trois ans et de trois mois. Recueillit par Randall Pritchard, elle est devenue chanteuse au sein de son groupe de rock, et connue rapidement la gloire sur la scène musicale Californienne. Mais toute cette gloire ne lui convenait pas, la drogue et l'alcool rendant les choses de plus en plus difficile. Et ni son amour pour Randall, ni même l'enfant qu'ils eurent ensemble ne parvenaient à lui faire oublier l'absence de ses deux filles. Et le remord, toujours le remord qui, chaque jour, lamine sa conscience meurtrie, comme pour lui signifier sa culpabilité qu'elle porte comme un fardeau.

Cédant à un désir irrépressible et quasi-hystérique de revoir ses deux filles, Délia entreprend de traverser les Etats Unis d'Ouest en Est, entraînant avec elle contre son gré sa fille, Cissy (âgée de 10 ans). Totalement effondrée sur la banquette arrière de la voiture durant tout le voyage, Cissy ne cesse de maudire sa mère, à laquelle elle ne pardonne pas de l'avoir séparée d'un père qu'elle idolâtrait, à ses yeux sa mère porte l'entière responsabilité de sa mort.

Arrivé à destination, Délia doit affronter l'hostilité clairement affichée de la petite communauté puritaine de Caryo qui n'a pas oubliée qu'elle a abandonnée ses deux petites filles, préférant ignorer les vraies raisons qui l'ont contrainte à fuire. Marquer du sceau de l'infamie, elle doit également lutter pour repousser les fantômes du passé qui pèse lourdement sur les relations, désormais renouer, avec ses deux filles Dede et Amanda. Ce sont les épreuves difficiles auxquelles elles seront toutes confrontées, qui vont êtres autant de révélations sur leurs propres personnalités et leur permettre de retisser les liens affectifs jadis brisés.

Une histoire très intéressante dans sa première partie, jusqu'à cette rupture soudaine qui intervient vers le milieu du récit, pour s'intéresser plus particulièrement aux sort des trois filles de Délia, au point d'en oublier presque totalement cette dernière, comme si ce personnage n'avait plus aucune importance dans la suite du déroulement de l'histoire. Mais ce qui m'a surtout dérangé, c'est cette évocation constante de Dieu et des pensées métaphysiques qui s'y rattache. Reste un bon roman, malgré tout, qui aborde les thèmes de l'amour, du pardon malgré les blessures du passé et de la rédemption qui offre parfois l'opportunité aux individus de se réconcilier avec les autres et avec soi-même.

Je recommande vivement la lecture de son excellent premier roman semi-autobiographique "L'histoire de Bone", une histoire difficile et bouleversante, dont on ne sort pas indemne.

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  Retour à Cayro [Texte imprimé] par Dorothy Allison trad. de l'américain par Michèle Valencia

  de Allison, Dorothy Valencia, Michèle (Traducteur)
  10-18 / 10-18
  ISBN : 9782264029706 ; 2,98 € ; 20/04/2000 ; 541 p. ; Poche

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