Canot Western de Laurette Laurin

Canot Western de Laurette Laurin

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 8 avril 2019 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 7 étoiles
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Le bar western où chantait Céline Dion

Tous les Français et tous les immigrants devraient lire ce roman de Laurette Laurin qui décrit la mentalité des familles québécoises d’hier. Il faut connaître les racines pour réaliser la vitalité de l’arbre. Il en est des Québécois de souche qui, comme des rhizomes, ont réussi à produire un bosquet touffu à l’instar du lilas.

Est-ce un roman biographique ? La protagoniste porte le nom de l’auteure, qui serait la nièce de Camille Laurin, ministre dans le cabinet de René Lévesque. L’œuvre renvoie à de nombreux personnages connus, de Jacques Parizeau, ancien Premier ministre et député de l’Assomption, à Céline Dion qui habite la petite ville de Charlemagne, une municipalité de la circonscription où se campe en partie le théâtre de l’action.

L’œuvre réunit toute la famille de l’héroïne autour d’un bar célèbre, Au bord de l’eau, sis le long de la rivière L’Assomption. La clientèle afflue de toute la région et de l’est de Montréal situé en face pour entendre chanter ses vedettes de musique western. La bière coule à flot et les serveuses suivent le courant. C’est une boite qui fait des tabacs chaque weekend. Le succès n’enrichit pas le propriétaire, mais, du moins, il assure à sa famille une vie qui la met à l’abri de la nécessité. Les enfants pourront poursuivre leurs études dans un lycée privé s’ils le désirent. L’aînée deviendra même avocate.

Ce volet indique les ressources pécuniaires du clan. Chacun travaille au bar-resto comme cuisinier, serveuse et barman. S’en greffe un second qui chevauche le premier. C’est le plus intéressant. L’auteure y déploie toute la personnalité de ses nombreux personnages que l’on suit aisément. On s’attache à tous et à chacun, du père jusqu’aux moindres clients. Laurette Laurin les suit avec empathie jusqu’à leur mort. Son roman couvre quatre décennies sur 320 p. Elle a rassemblé un matériel incommensurable en un tout homogène comprenant les problèmes familiaux de tous, leurs amours, leurs déboires, leurs maladies, les magouilles des compétiteurs, la vie estudiantine…

Et ce qui est important, c’est la rose, dirait Gilbert Bécaud, même si Marc Laurin et sa femme Lise, les parents de Laurette, se reprochent parfois leur présence écourtée auprès de leurs enfants. Ils sont attentifs aux besoins de leurs semblables, voire se faire amis avec des gens que l’on rejette pour ne pas perdre sa respectabilité. Les qu’en-dira-t-on sont en quarantaine dans le clan. On fonce et on réussit sa vie, pas nécessairement selon son idéal, mais ça reste positif.

Laurette Laurin, née à Charlemagne en 1954, est parvenue à travers son œuvre à brosser avec amour le tableau de la classe moyenne du Québec en suivant le cheminement d’un propriétaire de bar miteux que clameront certains frais chiés (hautains). Le Québécois de plus de 40 ans s’y reconnaîtra et s’appréciera d’autant s’il sait que sa province s’est fourbie d’armes en éducation seulement à partir de 1964. Le tout est rehaussé par l’écriture alerte et touchante de l’auteure. C’est un 300 pages qui défile en un rien de temps.

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