Les mots étrangers de Vassilis Alexakis

Les mots étrangers de Vassilis Alexakis

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Pucksimberg, le 30 mars 2019 (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 45 ans)
La note : 8 étoiles
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L'apprentissage d'une nouvelle langue et le deuil

Le narrateur, un écrivain, ressemble assez à l’auteur Vassilis Alexakis. Il parle le grec et le français. Chaque langue le rattache à des périodes de sa vie et à des souvenirs. Il décide d’apprendre une nouvelle langue, peu parlée. Ce sera le sango, langue africaine de Centrafrique. Pourquoi ? Parce qu’il souhaite apprendre un elangue peu commune. Il est même difficile pour lui de trouver des ouvrages évoquant cette langue. L’apprentissage de cette langue réveillera certaines anecdotes, il permettra aussi quelques réflexions sur les langues et en filigrane sur la colonisation et la mainmise des pays européens sur leurs anciennes possessions. Le personnage rencontrera aussi des personnes toujours en lien avec cette langue ou le milieu de l’édition. Le roman est vif, contient pas mal de dialogues et permet de s’immerger dans cette découverte africaine.

L’auteur nous communique le plaisir et l’excitation d’apprendre une nouvelle langue. Cela lui ouvre des perspectives, non pas qu’il souhaite l’utiliser dans un but bien précis, mais c’est surtout par pur plaisir. Il y a aussi son père qui est mort et ce deuil difficile à faire. Le texte de Vassilis Alexakis se lit avec grand plaisir. La plume est alerte, certaines phrases sont marquantes comme des maximes sur l’existence. Ses remarques sur le sango n’ont rien de pédant. Pour partager cette excitation d’entrer dans une nouvelle langue il nous laisse entendre certains mots et certaines phrases. La découverte de celle-ci ne pouvait conduire qu’à une expédition dans le pays afin d’expérimenter ses acquis.

L’écrivain nous fait sourire parfois et nous émeut aussi quand il évoque des épisodes plus personnels. Il y a une certaine pudeur et une douleur enfouie qui surgit au détour de certaines phrases. Cela reste discret et souvent suggéré simplement. Et puis il y a cette nouvelle langue qu’il souhaite connaître. Ce point est forcément intéressant lorsqu’il est abordé en plus par un auteur, une personne sensible à la langue. Le sango a par exemple un rapport au temps différent du nôtre, ce qui forcément modifie le rapport au réel des personnes qui parlent cette langue. Le narrateur remarque aussi qu’en apprenant les règles du sango il voyage déjà par les exemples donnés dans son livre. Et l’on a de plus en plus l’impression en avançant la lecture qu’il y a un lien étroit entre les hommes et leur langue. L’auteur a écrit certains romans en grec, d’autres en français comme s’il devait s’adapter à la dynamique du langage, comme si certains sujets étaient plus faciles à évoquer dans une langue que dans une autre.

C’est le premier roman que je lis de cet auteur et j’ai franchement apprécié le côtoyer dans ce texte. Le personnage est attachant et nous communique son plaisir d’apprendre une nouvelle langue aussi exotique.

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