Moonfleet de John Meade Falkner
( Moonfleet)
Catégorie(s) : Littérature => Voyages et aventures
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Honneur aux porteurs de lanterne !
L'oubli guettait Moonfleet avant que le cinéma Hollywoodien ne lui redonne une chance, et le somptueux film de Fritz Lang permit à cette oeuvre d'être rééditée, et entre autres assez récemment, par les éditions Phébus. Et c'est tant mieux, car ce chef d'oeuvre de la littérature d'aventures, qui n'a rien à envier à L'ile au trésor, mériterait une place d'honneur dans toute bonne bibliothèque.
Falkner, malheureux auteur étouffé par son oeuvre, a su restituer l'atmosphère de Moonfleet et donner ce ton si particulier au roman, en réservant cependant la part belle aux sentiments humains et à ses personnages ô combien attachants, le tout d'une écriture économe, où chaque mot, chaque phrase a sa place, un texte épuré débarrassé des fioritures propres à une certaine littérature du XIXè siècle.
C'est avant tout un récit initiatique, une histoire d'amour et d'amitié (superbe et poignante, l'amitié qui lie John et Elzevir), qui débute, et se termine à Moonfleet, sombre village anglais cerné par la brume, où repose la tombe du célèbre pirate Barbe-Noire. C'est d'ailleurs à cause du légendaire brigand, et de son trésor maudit, que le jeune John Trenchard, 15 ans au commencement de cette aventure, et celui qu'il considère comme son père adoptif, le contrebandier Elzevir Block, vont entamer cette tragique chasse au trésor qui les conduiront sur les traces de Barbe-Noire. Mais c'est aussi l'espoir d'une vie meilleure, la soif de l'aventure et la haine que leur voue Maskew, le seul notable du village, qui scelleront le destin de ces deux compagnons. Que d'angoisses, de trahisons et de malchance sur leur chemin ! De la crypte des Mohune en passant par les galeries souterraines de Purbeck et le château de Carisbrooke, nos infortunés héros auront passé plus de temps sous terre qu'à l'air libre...
La noirceur et la tristesse se partagent les pages de ce fabuleux roman où sourd l'angoisse familière à tout homme : avons-nous la force de changer notre destin, et l'espoir d'être riche vaut-il l'enfer que l'on se crée en ce bas monde ?
Et tandis que la tempête fait rage et que les âmes des naufragés font entendre leurs plaintes dans la nuit déchainée, la solitude sera la seule compagne de ces deux hommes, qui paieront amèrement leur désir d'avoir voulu changer de vie. Il se trouvera pourtant des hommes et des femmes pour se souvenir et pardonner, et allumer ces lanternes salvatrices, le long des côtes, pour guider les voyageurs - et les lecteurs - égarés.
Les éditions
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Moonfleet [Texte imprimé] J. M. Falkner trad. de l'anglais par Florence Herbulot préf. de Michel Le Bris
de Falkner, John Meade Le Bris, Michel (Préfacier) Herbulot, Florence (Traducteur)
Phébus / Libretto (Paris. 1998).
ISBN : 9782859405175 ; 9,05 € ; 11/03/1998 ; 249 p. ; Poche
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Entre gothique et aventures
Critique de Poet75 (Paris, Inscrit le 13 janvier 2006, 68 ans) - 25 mai 2021
C’est le cas en ce qui concerne Moonfleet de John Meade Falkner (1858-1932), roman qui fut adapté à l’écran par la MGM avec le génial Fritz Lang (1890-1976) à la manœuvre (en France, le film est connu sous le titre des Contrebandiers de Moonfleet). Sorti en 1955, c’est un des derniers chefs-d’œuvre du réalisateur de M le Maudit et de tant d’autres films mémorables. Le film est réputé comme un modèle du cinéma d’aventures, mélangeant avec brio une histoire classique de cape et d’épée avec une incursion remarquable du côté de la terreur gothique. Il fait sensation, du fait du soin avec lequel ont été conçu et réalisé les décors, mais aussi à cause de ses deux personnages principaux, le jeune John Mohune, orphelin de 10 ans, envoyé par sa tante à Moonfleet, et Jeremy Fox (Stewart Granger), l’homme chargé de devenir le tuteur du jeune garçon, mais qui se trouve être aussi un gentleman libertin, sans scrupules, et un chef de contrebandiers. L’œuvre de Lang se présente donc sous la forme d’un récit initiatique, mettant en scène les aventures d’un enfant confronté à un monde de corruption, mais découvrant aussi la complexité des êtres. Car le film évite le piège du manichéisme et Jérémy Fox se révèle non seulement sous les dehors d’un être volontiers cynique mais aussi sous ceux d’un homme capable d’une certaine grandeur d’âme, au gré des circonstances.
Mais je veux dire, à présent, un mot au sujet du roman de John Meade Falkner. Car sa lecture offre de grandes surprises pour celui qui connaît le film de Fritz Lang. Dans le roman, c’est le jeune orphelin en personne qui est le narrateur, mais il a quinze ans (et non dix) au début du récit et se nomme John Trenchard (et non pas Mohune). De plus, c’est sa tante qui le recueille, une parente austère et rigide, et non Jérémy Fox. D’ailleurs, ce personnage, central dans le film, est totalement absent du roman : il a été inventé de toutes pièces par les scénaristes. Par contre, il est bel et bien question, dans le roman comme dans le film, d’une bande de contrebandiers qui, pour mieux dissimuler leurs manigances, œuvrent dans la crypte de l’église du village, une crypte qui, d’ailleurs, est connue sous l’appellation de crypte des Mohune, l’un des membres de cette famille (dont on trouve, donc, bel et bien, le nom dans le roman), surnommé Barbe Noire, étant censé avoir dissimulé quelque part un trésor, en l’occurrence un diamant de grand prix. De quoi attiser des convoitises. Par ailleurs, on le comprend, l’aspect gothique des aventures vécues par le jeune John se retrouve, dans le roman autant que dans le film, du fait de l’importance donnée au cimetière qui entoure l’église, ainsi donc que de la crypte.
Le roman est-il inférieur au film, du fait de l’absence de Jérémy Fox, personnage éminemment charismatique chez Lang ? Pas du tout. En fait, quand on lit le roman, on est tellement séduit qu’on ne ressent pas un instant quelque manque que ce soit. John Meade Falkner fait preuve, à chaque page, d’un formidable talent de conteur. Et le roman se déploie sur un grand nombre d’années, contrairement au film dont l’action se concentre sur une courte durée. Dans le livre, les péripéties ne manquent pas et conduisent le jeune héros à affronter une série de pièges et de mésaventures. À la fin de l’ouvrage, le jeune John Trenchard des débuts est devenu, au fil des ans, un homme aguerri qui a dû affronter mille périls et de grandes vicissitudes, allant jusqu’à être arrêté, à La Haye, pour un forfait qui n’est pas sans lien avec le diamant de John Mohune, jugé, mis en prison et condamné à une peine de travaux forcés.
Des tribulations, il en subit de terribles et, cependant, à quelque chose malheur est bon, car elles le conduisent à prendre conscience que ce qu’il y a de plus précieux, ce n’est pas la richesse que pourrait lui procurer le fameux diamant, mais bien plutôt la fidélité de la femme aimée (car John est amoureux) et la présence, à ses côtés, d’un ami qui lui est totalement dévoué. En effet, si le film de Lang se dote d’un personnage inoubliable en la personne de Jérémy Fox, le roman, lui non plus, ne manque pas de personnages remarquables, parmi lesquels Ratsey le sacristain, M. Glennie le pasteur, le douanier Maskew et sa fille Grace (c’est elle qui est l’amoureuse de John) ou encore Aldobrand, le diamantaire de La Haye, mais surtout celui sur qui John peut compter en toutes circonstances, celui qui devient son ami à la vie et à la mort, celui qui partage toutes ses aventures, le contrebandier Elzévir Block. Par sa présence, par la force de son caractère, par son formidable dévouement, et même sa capacité à se sacrifier, ce personnage donne au roman la force d’une œuvre plus que marquante, inoubliable.
pourquoi si court ?
Critique de Prince jean (PARIS, Inscrit le 10 février 2006, 50 ans) - 19 juillet 2011
c'est très dépaysant, très vif et émouvant.
il parle beaucoup de la relation d'un ado orphelin avec un 'père adoptif' contrebandier , prêt à donner sa vie, pour son 'fils'.
un seul regret : il est trop court, seulement 250 pages.
Pour ceux, qui comme moi, ont adoré 'l'ile au trésor', il faut se précipiter sur ce petit chef d'oeuvre du roman d'aventure.
superbe
Critique de Liresousunsaule (, Inscrit le 2 février 2010, 50 ans) - 10 février 2010
A conseiller vivement
ce cher Stevenson!
Critique de ALF (Ondres (40), Inscrit le 13 mars 2004, 44 ans) - 16 juin 2004
de l'aventure, des pirates, etc..! le roman idéal pour l'été?
bref, je vais voir si je le trouve demain. Merci à toi, ô reine du livre d'aventure!
à+
ALF
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