Un certain Paul Darrigrand de Philippe Besson

Un certain Paul Darrigrand de Philippe Besson

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Killing79, le 24 février 2019 (Chamalieres, Inscrit le 28 octobre 2010, 45 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 787ème position).
Visites : 3 369 

Toujours touchant

Présentation de l'éditeur
Cette année-là, j'avais vingt-deux ans et j'allais, au même moment, rencontrer l'insaisissable Paul Darrigrand et flirter dangereusement avec la mort, sans que ces deux événements aient de rapport entre eux. D'un côté, le plaisir et l'insouciance ; de l'autre, la souffrance et l'inquiétude. Le corps qui exulte et le corps meurtri. Aujourd'hui, je me demande si, au fond, tout n'était pas lié.


Mon avis:
Après le magnifique « Arrête avec tes mensonges » qui m’avait bouleversé, Philippe Besson continue son autobiographie. Ce nouveau roman s’inscrit comme une pièce complémentaire au portrait du jeune homme qu’il a été : Un jeune homme homosexuel dans une époque peu disposée à l’accepter.

Pour trouver son bonheur sentimental, il doit passer par des stratagèmes. Il est une nouvelle fois question d’un amant qui n’assume pas ses penchants, qui refoule ses désirs. Ce personnage vit une double vie et utilise l’introverti Philippe Besson comme fruit défendu. Tout le monde y trouve son compte jusqu’à ce que la dure réalité reprenne le dessus.

Cette histoire met en lumière l’impact de la malveillance sociétale sur le destin amoureux des gens considérés comme différents. Ils doivent toujours truquer leur vie et ne peuvent profiter pleinement de leurs moments. En parallèle, l’auteur nous parle de sa vie personnelle et de ses aventures familiales et amicales. Le lecteur intègre le quotidien de ces gens et constate toute la difficulté qu’ils rencontrent à s’adapter à ce qu’on attend d’eux.

A l’instar du livre précèdent, Philippe Besson se livre sans fard et sans filtre. Il s’affranchit de la bien-pensance et libère ses sentiments pour nous les livrer tels quels. C’est d’ailleurs ce qui fait la qualité de ces romans intimes. Ils ne virent jamais dans le pathétique malgré les thèmes abordés. Ils nous entraînent au cœur de son corps de jeune adulte et nous invitent en tant que témoin de ses tourments. J’ai été particulièrement touché par cette histoire, débordante d’humanité, même si elle pâtit un peu de l’effet de surprise et du tragique du précédent épisode.

Après avoir lu tous ses récits, Il faut vraiment que j’essaye les romans de cet auteur pour voir si sa plume fait aussi des merveilles avec d’autres personnages.

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Un deuxième volet tout aussi captivant

8 étoiles

Critique de Lady Angel (, Inscrite le 12 juillet 2010, 56 ans) - 21 septembre 2020

L'histoire semblait prévisible et j'étais un peu sceptique quant au contenu de cet ouvrage même si le plaisir de renouer avec le style de Besson était évident.
J'ai très vite plongé dans son univers avec une infinie délicatesse. Ses mots sont choisis, juste, précis.
Il y a beaucoup d'amour et toujours cette humilité poignante dans son récit.
Se laisser porter par les émotions, certes très personnelles, de l'auteur quand l'histoire est sans surprise. Et ce livre devient un régal de mots, de pensées bien au delà du vécu

Second volet de la trilogie

7 étoiles

Critique de Faby de Caparica (, Inscrite le 30 décembre 2017, 62 ans) - 3 avril 2020

" Un certain Paul Darrigrand" de Philippe Besson ( 216p)
Ed. Julliard.

Bonjour les fous de lectures ….
Après " Arrête avec tes mensonges" , voici le deuxième volet de la trilogie que Philippe Besson consacre aux fantômes de sa jeunesse.
Philippe a maintenant un peu plus de 20 ans, il va rencontrer son deuxième grand amour en la personne de l'insaisissable Paul.
Il semble heureux, s'installe dans une routine qui lui convient faite de non-dits et de moments volés.
Paul est marié, Philippe le sait, l'accepte
Mais Paul s'éloigne, et la maladie rattrape Philippe...
Se récit est centré sur la passion amoureuse, dévastatrice autant que la maladie.
Le style est simple, délicat.
La lecture est fluide, addictive.
Les sentiments sont assez bien décortiqués pour évoquer cette passion dévorante et de cette maladie qui le ronge.
Philippe Besson est un excellent narrateur ce qui fait que le lecteur a un peu l'impression d'être son confident.
Dommage, cependant de la redite des « je dis... » , «il dit... » un peu lassante.
Très bon second volet de Besson et de ses "liaisons dangereuses " même si l’histoire Paul n’a pas la même puissance que celle de Thomas qui nous a tant bouleversé dans le premier volet de la trilogie .

Deuxième volet d'une trilogie

7 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 22 mars 2020

Deuxième volet d’une trilogie à vocation autobiographique qui dévoile une passion dévorante de l’auteur lorsqu’il avait 22 ans avec un certain Paul. Ce dernier, également étudiant de son état est mariée à la virevoltante et sympathique Isabelle ; elle est infirmière et fait bouillir la marmite.

Paul deviendra l’amant caché de Philippe Besson durant quelques mois et vivra une aventure secrète, pleine de frustrations et de dépendance.

C’est encore la difficulté d’assumer son homosexualité (certainement dans le chef de Paul) qui est à l'ordre du jour, ce dernier poussé par les convenances sociales et peut-être aussi des hésitations liées à une forme de bisexualité. La maladie grave de l’auteur sera un des paramètres de l’évolution de cette relation douloureuse et transgressive.

Sans dévoiler l’issue de cette romance, on évoque plusieurs fois de manière assez évidente plus une histoire de sexe que d’amour dans le chef d’un des deux amants. Mais comme à son habitude, l’auteur ne juge pas, laisse le lecteur se faire sa propre opinion, même si on ressent un reproche assez persistant à l’égard de Paul, personnage assez froid, hésitant et dont l’image se résume à un corps.

Philippe Besson garde cette écriture léchée, intime et émouvante dans un récit triangulaire très post-saganien. Vous ne serez pas déçu si vous appréciez cet auteur, mais cette relation déséquilibrée pourrait vous laisser songeur.

Un certain Paul Darrigrand

9 étoiles

Critique de Nathavh (, Inscrite le 22 novembre 2016, 60 ans) - 24 juillet 2019

Je dois vous faire un aveu, c'est avec cette auto-fiction que je découvre la plume de Philippe Besson, une plume dont je suis immédiatement tombée sous le charme. La preuve "Dîner à Montréal" vient de rejoindre ma Pal.

Il s'agit du second volet de sa trilogie autobiographique commencée avec "Arrête tes mensonges" mais je n'ai éprouvé aucun souci à la lecture.

Philippe Besson s'exprime à la première personne. Il retrouve une vieille photo de jeunesse. Décembre 1988, l'île de Ré, à l'époque il avait 21 ans, Paul 24. Une photo qui témoigne que leur relation a bien existé.

Nostalgique, il nous raconte ses souvenirs, sa vie d'étudiant à Rouen, mauvais souvenir si ce n'est que le froid et la solitude, son arrivée à Bordeaux pour un Dess en droit. Une légère bousculade, un frôlement puis un effacement, leur première rencontre. Il sait dès le premier regard qu'il veut être avec lui. Rencontre en librairie, l'envie, le désir, Paul envahit continuellement ses pensées. L'île de Ré, leur première nuit, ce sont tous ces souvenirs qui reviennent.

L'histoire d'un amour impossible, compliqué mais aussi la maladie de jeunesse qui a failli être fatale. Philippe Besson a une écriture sincère, il nous emmène au coeur de l'intime. Il nous dévoile aussi le vrai et le romanesque de ces autres romans. Le tout sur fond de l'actualité des années 88 et 89, l'explosion de l'avion à Lockerbie, la révolution de la place Tien Anmen, Roland Garros ..

C'est avec une grande finesse qu'il nous parle du désir, d'absence et d'un amour impossible, de sa mélancolie.

La plume est magnifique, intime, émouvante. Le style est juste, acéré. Les mots sont bien choisis. J'ai aimé la délicatesse, la sincérité et l'émotion. Ce roman a juste un goût de trop peu. Suis vraiment sous le charme.

Ma note : 9/10


Les jolies phrases

Si j'ai consenti ce jour-là à affronter l'objectif, c'est évidemment dans l'unique intention de figurer au côtés de Paul, pour que ce nous deux apparaisse quelque part, pour que ça existe, qu'on ne vienne pas me dire que ça n'a pas eu lieu. Au fond, c'est ma mère qui avait raison : conserver une trace.

La menace de la vie réelle est écartée. Je viens de gagner une année. J'ignore que ce sera la plus belle de ma vie.

J'ai compris que je VEUX être avec ce jeune homme, que je VEUX sa compagnie.

Il y a des gens comme ça, ils n'ont rien besoin de faire, on ne peut s'empêcher de penser à eux, de les désirer.

Non, nous ne parlons presque jamais de ce qui arrive. Éventuellement, nous évoquons notre passé intime, par petites touches, ce sont des conversations impressionnistes : une peinture pointilliste de Seurat.

Je me rappelle cette phrase avec précision. Sur l'instant, j'y décèle une contradiction : si la folie est humaine, elle n'est pas pour autant l'essence de l'humain et l'homme se définit avant tout par sa raison.

Écrire témoigne qu'on n'oublie pas.

Une vraie saleté, l'infériorité en amour.

Je veux dire d'abord : être dans la dépendance. guetter un regard, une attention, un geste, même anodin. Espérer des rendez-vous, des retrouvailles. Se réjouir d'une pauvre manifestation de tendresse comme un clochard sourit au passant qui jette une pièce dans sa soucoupe. Obéir à ses foucades, ses empêchements. Admettre que ses contingences l'emportent forcément. Croire à ses mensonges, au moins à ses arrangements de vérité. Se soumettre à son bon plaisir. Consentir à ses silences. Se remémorer ses rares paroles, en traquer le sens caché, en être rétrospectivement ravi ou mortifié. Le savoir ailleurs, loin, avec une autre, en crever.

Capturer une ombre, un parfum, une sensation, un détail, c'est autrement plus compliqué, et beaucoup moins vendeur.

Il y autre chose : si on n'en parle pas, alors ça n'existe pas.

...ce n'est plus l'intimité des peaux, c'est celle des paroles. Infiniment plus dangereuse.

J'ai déjà compris qu'une illusion pouvait avoir plus de puissance que le réel.

Oui, ça n'était pas nécessairement un hasard si mon corps exprimait une souffrance que mon esprit se refusait à prendre en compte.

C'est comme le barbelés le silence, ça empêche les intrus d'approcher.

J'ai ajouté, dans un sourire : qu'est-ce que tu veux, il y a des gens comme ça, qu'on exonère de tout reproche, même si c'est injuste, même si c'est incompréhensible.
C'est toi qui m'as demandé de partir, moi je voulais rester.

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