Au carrefour de Jean-François Sénéchal

Au carrefour de Jean-François Sénéchal

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 19 février 2019 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 7 étoiles
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Sur la déficience intellectuelle

Rares les dystopies qui se nouent à la déficience intellectuelle. Ça demeure toujours tabou dans nos sociétés bien-pensantes qui prônent le conformisme en dépit de ce qu’elles disent. On peut sortir du lot à la condition de se couvrir de glamour comme star. Le bonheur au quotidien ne fait pas la manchette. Et pourtant, c’est ce que vivent les protagonistes du dernier roman de Jean-François Sénéchal, reconnu comme un auteur de romans pour la jeunesse. L’étiquette est peu adhésive en ce qui concerne ses œuvres.

La narration au TU s’adresse à la mère de Chris, héros du roman. Même s’il a mangé des raclées à l’école à cause de sa différence, il a réussi à tenir la tête hors de l’eau. Il veut le rappeler à sa génitrice qui l’a quitté à ses 18 ans. Il le veut d’autant plus que sa vie se dessine de plus en plus selon des haruspices favorables. La déficience ne te condamne pas nécessairement à l’insuccès. Il a un emploi, une blonde (fiancée), Chloé, qui est enceinte. Et le dénouement conduit à sa paternité. Ça ne révèle rien de l’intrigue qui porte sur la possibilité de tisser des liens d’amitié avec un entourage rébarbatif à la différence, Qui voudrait devenir l’ami d’un déficient ? Chris réussira-t-il à se faire accepter par autrui ou devra-t-il limiter uniquement ses rapports à sa femme, une déficiente comme lui ?

Voilà le carrefour auquel il est acculé. C’est la croisée des chemins où se multiplient les rencontres : un ancien professeur, la propriétaire de son logement, des anciens camarades de classe et son père absent de sa vie depuis longtemps. Surtout, il est en quête de l’amour de ses parents à qui il veut montrer tout ce qu’il peut faire malgré son handicap. Et ce qu’l veut, il le prêche par l’exemple en s’attachant à une vieille dame qui a perdu ses capacités cognitives. Il la désennuie, et Chloé en profite pour la coiffer, voire lui acheter des vêtements dans une friperie. Ce n’est pas avec son salaire de concierge que l’on peut magasiner (faire des emplettes) à la Galerie Lafayette. À Québec, c’est à la Galerie de la Capitale.

En fait, l’auteur veut envoyer le message que la force de la solidarité aplanit les embûches. Comme diraient les Belges, « l’union fait la force. » Certes oui, mais l’expérience de la vie enseigne que la zizanie construit des frontières entre les humains. Or, ce livre est un peu trop optimiste pour qu’on y croie totalement.

C’est un roman frais, plein de sensibilité, coulant, mais le lecteur peut achopper sur l’écriture. Jean-François Sénéchal a voulu réduire le coefficient de difficulté scripturaire en imitant, de loin cependant, le langage naïf des victimes d’un retard intellectuel. Ce n’était pas vraiment nécessaire.

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