Quand vient le froid de Georges Simenon
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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Ô pépite !
Rappelons que les « Dictées » sont en quelque sorte le journal intime de Georges Simenon. Elles furent écrites dans les dernières années de sa vie. « Quand vient le froid » va du 13 septembre au 25 octobre 1978. Simenon évoque encore et toujours son enfance à Liège ; le suicide de sa fille Marie-Jo qui eut lieu le 19 mai 1978 ; toujours à Liège : ses fiancées, le cirque qu’il adore, des chansonnettes plus ou moins tristes qui lui trottent encore dans la tête ; son rapport avec les animaux, de l’exploitation de l’homme par l’homme ; de sa petite maison en Suisse et de Teresa son amie de tous les jours ; des souvenirs de son oncle Léopold anarchiste et ivrogne ; et un étonnant article sur le caca, le pipi et autres polissonneries.
Je ne le dirai jamais assez : des bijoux, des pépites, de la philo.
Extraits :
- J’ai toujours eu le trac en commençant un livre. Je l’avais déjà il y a soixante ans lorsque j’écrivais de temps en temps de petits poèmes sans valeur. A vingt ans, quand, à Paris, je me suis mis à écrire des romans populaires, que je tapais à la machine en sifflotant, je consacrais la plupart de mes soirées à « écrire pour moi », ce qui veux dire que je m’essayais, dans les contes qui ont tous disparu, à écrire sans me soucier de droits d’auteur ou d’originalité. Or, au cours de presque toutes ces séances du soir, un moment venait où j’étais obligé d’aller vomir, tant mon estomac était crispé.
- Le hasard voulut que je fasse mes premières expériences sexuelles de douze ans et demi. Avec une fort belle fille, d’ailleurs, qui habitait les beaux quartiers et étudiait dans l’école la plus snob dirigée par des Bonnes Sœurs. Elle avait seize ans.
- C’était le rêve de Tygy, ma première femme. Elle ne considérait pas le mariage comme une cohabitation, qu’elle n’était pas loin de mépriser. Lorsque nous étions encore fiancés, elle me disait : A Paris, j’aurais mon atelier et ma chambre dans le quartier de Montparnasse ; tu auras ton appartement dans un autre quartier. Quand nous aurons envie de nous voir, il nous suffira de nous téléphoner.
- Nous avons inventé la gastronomie qui est l’art d’accommoder, pour notre plus grand plaisir, la vie des autres.
- « L’hiver tueur de pauvres gens ». Je crois que ce vers est de Victor Hugo, mais je n’en donnerais pas ma main à couper car il doit avoir dans les cinquante ans que je n’ai pas lu de Hugo. (ndlr : c’est de Jean Richepin).
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