Routes secondaires de Andrée A. Michaud

Routes secondaires de Andrée A. Michaud

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 24 décembre 2018 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 7 étoiles
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Dédoublement d'une auteure

Un(e) comédien(ne) doit entrer dans la peau de son personnage pour bien l’incarner au théâtre ou au cinéma. Andrée A. Michaud a tenté la même aventure avec son dernier roman, Les Routes secondaires. Elle a choisi de se confondre avec son héroïne Heather Thorne. «Je dois m'appeler Heather. Elle doit s'appeler Heather », écrit-elle dès la première ligne de l’œuvre. Comme aurait dit Flaubert : « Madame Bovary, c’est moi. » Ça donne un roman riche et original parce que l’auteure aborde magnifiquement le dilemme de la création littéraire. En somme, elle montre comment on s’y prend pour écrire un bouquin.

Le lecteur assiste aux tâtonnements d’une romancière et protagoniste en quête d’une personnalité pour chacun de ses personnages. Au départ, il s’agit d’une femme qui, en 1980, a fait une embardée au volant de sa Buick dans le quatrième rang (chemin de campagne) de la municipalité de Saint-Vital, qui pourrait être Lambton. L’héroïne ne s’en est pas sortie sans séquelles. Elle est devenue amnésique. L’auteure s’est donné la tâche de reconstituer la vie de cette prétendue femme de son village. Pour s’y faire, elle essaie de rencontrer son entourage qu’elle identifie par des lettres. Au fur et à mesure du déroulement de la trame s’ajouteront prénoms et patronymes qu’Andrée A. Michaud dit connaître puisqu’elle s’est inscrite sur la liste des acteurs du drame qu’elle a créé de toute pièce.

Qui sont ces personnages que l’on qualifie de secondaires dans un roman ? Des hommes qui vivent à l’orée de l’immense forêt de la région de l’Estrie coupée par de nombreuses routes secondaires, d’où le titre. Ils profitent à plein de ce milieu boisé pour s’adonner au sport de la motoneige et pour y chasser. Ce sont donc des gens armés qui pourraient être accusés de la profonde blessure à la cuisse de l’héroïne. L’auteure aime faire de l’équilibrisme sur la corde raide du polar.

Tout le décor se prête aux mystères du roman du genre. Forêt touffue, parcourue de sentiers à peine tracés. En plein hiver, c’est cauchemardesque. Andrée A. Michaud exploite à fond ce milieu sauvage. Elle passe en revue la faune et la flore. Les familiers de la région s’y reconnaîtront. La nature est un personnage qui donne la chair de poule. Elle cache les bavures des humains et recèle leurs projets condamnables. En fait, elle attribue une sombre personnalité à tous ceux qui gravitent autour de ses abords.

L’auteure privilégie le mystère qu’impose la nature. C’est avec une plume magnifique qu’elle découvre avec exactitude la région qu’elle habite. On n’est pas dépaysés en tant que Québécois, mais ce n’est pas du Michel Tremblay. Une note discordante cependant. Sa trame aurait pu emprunter une route moins brumeuse.

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