Une autre mer de Claudio Magris

Une autre mer de Claudio Magris
(Un altro mare)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Tistou, le 14 octobre 2018 (Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans)
La note : 6 étoiles
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Rhétorique

Je pense que Claudio Magris ne sait pas concevoir les choses simplement et qu’il aime les nœuds. Les nœuds dans la tête. Dans la sienne, dans celles de ses héros et in fine dans celles de ses lecteurs. Ca fait beaucoup de nœuds.
Deuxième roman de Claudio Magris et seconde prise de tête. Avantage pour « Une autre mer » sur « A l’aveugle », il est court !
Pour autant on ne peut pas dire de Claudio Magris qu’il écrit pour écrire, qu’il « s’écoute » écrire en quelque sorte. D’autres hélas pratiquent ce sport anesthésiant. Non, Claudio Magris a des idées intéressantes, des choses à dire (beaucoup), une culture immense (c’est indéniable) mais dans la mise en forme, dans sa façon d’écrire, il complique à l’excès les choses, il noie son lecteur là où d’autres en ferait un bonheur de lecture. On comprendra que je ne prends pas beaucoup de plaisir à lire Claudio Magris. A la limite – et pour faire un mot d’esprit – je prendrais plutôt beaucoup d’aspirine !
Début du XXème siècle, à Gorizia, en Italie mais à l’exacte frontière de l’actuelle Slovénie, trois étudiants ; Enrico Mreule, Nino Paternolli et Karl Michlstädter (devenu Carlo) avaient l’habitude de se retrouver pour philosopher, discourir :

« Dans la mansarde de Nino, à Gorizia, ils avaient lu tous les trois ensemble, dans le texte, Homère, les tragiques grecs, les présocratiques, Platon et l’Evangile, et Schopenhauer, dans le texte lui aussi bien entendu, et les Védas, les Upanishads, le sermon de Bénarès et les autres discours de Bouddha et Ibsen, Leopardi et Tolstoï ; ils s’étaient raconté en grec ancien leurs pensées et les menus faits quotidiens, comme l’histoire de Carlo avec le chien, en les traduisant ensuite en latin par plaisanterie. »

Pas vraiment de la gaudriole, on en conviendra !
Nos trois gaillards vont prendre de l’âge, bien sûr. Enfin pas tous puisque Carlo va, en se suicidant, acquérir le statut de sage indépassable. Et c’est le parcours d’Enrico qu’on nous conte, Enrico qui a cherché à mettre en pratique les théories professées par Carlo, et qui s’est gentiment « gaufré » dans sa vie, entre élevage de chevaux en Patagonie et … pas grand-chose sinon superbe isolement vis-à-vis de la société des hommes en Istrie, sur les bords de l’Adriatique.
Deux admirateurs en miroir ; Enrico vis-à-vis de Carlo et réciproquement.
Je vous le fais simple. Parce que le traitement et les considérations incidentes, elles, sont excessivement compliquées. Au moins pour moi. D’où l’aspirine dont il est question plus haut …
Ne pas en déduire que Claudio Magris n’est pas pour vous. Clairement il n’est pas pour moi mais je suis persuadé que d’autres lecteurs le porteraient aux nues. Il faut essayer …

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