Tu aimeras ce que tu as tué de Kevin Lambert

Tu aimeras ce que tu as tué de Kevin Lambert

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 6 octobre 2018 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 7 étoiles
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Détruire Chicoutimi

Kevin Lambert, né en 1992, est un jeune auteur de Chicoutimi. Sa ville lui sert de décor pour mieux la détruire. En fait, ce n’est pas autant Chicoutimi qu’il déteste que la société en général. L’auteur voulait enraciner sa révolte dans un terreau comme soutien à sa dystopie.

Il n’y va pas avec le dos de la cuillère pour dénoncer ce qui l’écœure dans la vie. Une souffleuse à neige déchiquette une fillette qui s’est fait un tunnel dans un banc de neige (congère) ; un père pousse son fils dans la fosse aux lions en visitant le zoo de Saint-Félicien. On se tue à qui mieux mieux dans ce roman ou on se suicide en série pour fuir son ras le bol. Ce peut sembler fantaisiste, mais le suicide collectif d’une famille québécoise survenu plus ou moins récemment, rend le lecteur dubitatif à l’égard de la trame. Ce qui n’empêche pas la vie de suivre son cours, en particulier pour les élèves de l’école Réjean-Tremblay où étudie Faldistoire, le héros narrateur, un brillant élève qui se distingue particulièrement.

Ce n’est pas un garçon asocial. Il peut compter sur ses parents et ses amis qui le gratifient de leur empathie. Ce n’est pas suffisant pour atténuer son désespoir l’acculant à un cul-de-sac, d’autant plus que son orientation sexuelle cible les porteurs de testostérone. Même si ses partenaires sexuels le mènent au septième ciel, il n’est pas moins furieusement obsédé par les manques du royaume du Saguenay. Il faut détruire Chicoutimi, sa capitale, pour recommencer à zéro comme c’est le cas d’une forêt dévastée par le feu.

Il faut être fort pour passer à travers ce roman empreint de l’esprit de la jeunesse fermé au passé pour se donner un monde meilleur. Bâtir à partir de rien en tuant le passé contrairement au dicton qui affirme que rien ne se crée, tout se transforme. Le dénouement ne viendra en rien nuancer le propos. L’auteur persiste et signe. Il faut détruire Chicoutimi. Mourir pour se renouveler.

Pas facile de suivre l’imaginaire débridée du protagoniste. Il porte à son comble ce que l’on peut digérer de sa révolte. Âmes sensibles, s’abstenir.

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