Dreamericana de Fabrice Colin
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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La réalité perd pied
Hades Shufflin est écrivain, il évolue au XIXe siècle, il écrit en mêlant Russie et Etats-Unis. C'est un personnage mystérieux, humaniste et cultivé.
Hades, c'est l'anagramme de "shade", l'ombre, un jeu de langage dont raffole Fabrice Colin qui en a truffé son livre (à lire d'ailleurs à tête reposée si on ne veut louper aucun épisode, il y a parfois de simples subtilités qui peuvent tout faire basculer). Pas mal d'anagrammes évoluent au fil des pages (Vivian Darkbloom et Adam von Librikov... Vladimir Nabokov). Plaisir de la découverte de ces mots cachés, de leur sens révélé, avec parfois une question toute bête : pourquoi faire tout ça ? Je m'y perds ! Je suis perdue...
Alors reprenons.
Hades Shufflin est écrivain, il a un roman en commande pour Stanley Kubrick qui en réalisera un film. Le thème ? De la science-fiction, une série riche de 20 volumes rédigés par Shufflin qui retracent la création et l'évolution d'Antiterra (qui comme son nom l'indique est l'opposé de notre Terre), une planète habitée par des Gardiens et par des Visiteurs.
Oui, mais voilà, Shufflin trouve que tout ça, c'est devenu de la m... et l'inspiration lui fait cruellement défaut. Au diable le 21ème tome et Kubrick en même temps !
Shufflin déprime, de plus en plus, s'enfonçant dans les profondeurs de la terre et de l'obscurité...
Colin raconte tout cela avec une originalité qui mérite d'être soulignée : retours en arrière, flashes visionnaires, citations et extraits, informations diverses dont on se demande ce qu'elles viennent faire là, souvenirs, éléments bibliographiques, bref une vie par tranches qui nous sont servies à petites doses, suffisamment cependant pour nous donner envie de nous servir à volonté dans ce plat vivant.
Shufflin sombre dans la parano, il croit que les Gardiens veulent l'enlever et finalement, c'est son éditeur qui va le kidnapper, trop furieux de ne point voir naître le roman tant attendu.
Nouveau tournant dans l'histoire, nous faisons la connaissance d'Eric Kadesh, spécialiste attitré de l'oeuvre de Shufflin qui devra traduire et corriger le cas échéant. C'est sans doute là que commence réellement l'imaginaire du récit, même si le début était lui aussi fiction. Fabrice Colin a réussi à rendre les premiers chapitres tellement réels qu'on pense lire la biographie de quelqu'un, avant de plonger dans des aventures inventées de toutes pièces. Qu'est-ce qui est encore vrai dans cette histoire ? C'est à en perdre la tête. Anagrammes, faux souvenirs, titres de films ou de livres, épisodes existants (on parle de "Brûlant secret" de Zweig ou de "I.A." de Spielberg) ou informations tronquées (Colin attribue à Kubrick des films tournés par d'autres et il le fait volontairement pour nous égarer, nous dire que c'est vrai et faux à la fois).
C'est réellement irréel...
Les éditions
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Dreamericana [Texte imprimé] Fabrice Colin
de Colin, Fabrice
J'ai lu / Millénaires (Paris. 1998).
ISBN : 9782290318782 ; 2,98 € ; 04/02/2003 ; 441 p. ; Broché
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Je rêve ou ce type est un génie ?
Critique de Belial (Anvers, Inscrit le 25 août 2005, 45 ans) - 25 août 2005
Un début très polar américain qui contraste avec tout ce que Fabrice a fait auparavant, un écrivain au bord du gouffre, Stanley Kubrick, un univers qui prend vie, un morceau steampunk absolument succulent, et une fin qui lie le tout avec une cohérence et une finesse digne d'un Bernard Loiseau.
Dreamericana est un voyage intérieur et initiatique sur le terrain du jeu social et des faux semblants, à la recherche de l'amour et de la vérité. Un rêve éveillé.
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