Le voisin de la cité Villène de Elodie Wilbaux

Le voisin de la cité Villène de Elodie Wilbaux

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Débézed, le 13 septembre 2018 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (39 794ème position).
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Les ravages de la pédophilie

Elodie Wilbaux, biographe professionnelle, aborde, avec cet ouvrage, la fiction en déguisant une histoire de pédophilie bien réelle en un roman qui conserve toute la crédibilité des faits originaux surtout toutes les émotions, toutes les douleurs, toute la colère, la haine, la rancœur, la déception, le découragement… car les histoires de pédophilie concernant plusieurs victimes, brassent énormément de sentiments et d’émotions différents. La pédophilie n’est pas un acte défini (même si juridiquement elle l’est clairement), pour les victimes, leurs proches, ceux de l’accusé et tous ceux qui gravitent autour de l’affaire, elle recouvre une multitude de formes, génère des réactions très diverses et laissent des stigmates plus ou moins douloureux. Elodie Wilbaux n’a pas seulement raconté les faits, elle a surtout essayé de faire ressentir aux lecteurs tout ce qui vibre au cœur et autour de cette affaire.

Elle raconte dans son roman les trois journées d’un procès d’assises tenu les 17, 20 et 21 octobre 2014 pour juger la culpabilité d’un homme de la fameuse cité Villène, (Vilaine peut-être ?) qui aurait commis des actes pédophiles plus ou moins graves sur plusieurs enfants du voisinage. Trois de ces enfants, dont le conjoint de la narratrice, ont obtenu ce procès après un long parcours judiciaire. Elodie a confié sa plume à la conjointe en question qui veut comprendre tout ce que son mari a subi pour souffrir encore près de trente ans après les faits. Avachie sur les bancs de tribunal, elle pleure en écoutant les insupportables débats mais ne s’écroule jamais définitivement. Quand elle n’en peut plus, elle sort, prend l’air et revient pour soutenir son mari qui doit affronter le coupable car pour lui et ses amis il n’est pas présumé, il est bien réellement le coupable, celui qui les a marqués aux fers de la honte et de l’indignité.

La narratrice raconte toutes les épreuves que son compagnon doit affronter afin qu’il puisse se reconstruire en détruisant tous les démons qui l’habitent depuis trente ans. Elle écoute, elle épie l’attitude de chacun, ceux qui soutiennent les victimes, ils sont peu nombreux, le clan de l’accusé il sont plus nombreux, arrogants, préparés, peut-être eux-mêmes pédophiles ou même victimes consentantes ou terrorisées, les magistrats, les experts… Elle compatit avec ceux qui souffrent, souffrent avec ceux qu’on bafoue, qu’on humilie, qu’on écrase. Plus que le procès, c’est tout ce qui se passe autour que l’auteure essaie de nous faire comprendre.

Elle cherche à nous faire comprendre ce qu’elle ressent en écoutant les victimes, en les voyant lutter ou s’affaisser, se résigner. Elle essaie de trouver les limites entre consentement et contrainte, elles sont tellement floues et fluctuantes. Trente ans après elle ressent la culpabilité, la honte, l’impression de salissure que les victimes ne peuvent pas cachées et qu’elles doivent même exhiber devant la cour. Et, il y a aussi les autres, les parents qui n’ont rien vu, qui n’ont peut-être pas voulu voir, les amis peut-être complices, ceux qui savaient mais n’ont rien fait, ceux qui savent depuis toujours mais ne veulent pas admettre que l’irréparable a été commis. Le livre d’Elodie, c’est tout cet ensemble de sentiments, d’attitudes, d’émotions, de responsabilités, de non-dits, de dénis… de souffrances et de douleurs qui montre bien qu’une affaire de pédophilie ce n’est pas seulement une question d’abus sexuel, c’est beaucoup, beaucoup, plus.

Pour la narratrice tout a commencé par une banale question posée à son compagnon quand leur histoire balbutiait encore :

« - Tu as déjà couché avec un homme ?

- Oui, mais c’était contre ma volonté. »

Alors, il fallut bien évoquer la chose…

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souffrances souvent tues

8 étoiles

Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 82 ans) - 20 octobre 2018

Il n'est pas commode le voisin : un manipulateur aux agissements pervers.
La narratrice est profondément bouleversée par ce qu'a connu son compagnon. Enfant, il a été abusé sexuellement par un pédophile ; lui et ses copains d'alors. Mais, comme il est difficile d'en parler ! Bien des années après les faits, Serge Berafato se retrouve aux assises pour ses méfaits. Trois jours de procès pénibles pour toutes les parties ! La narratrice se souvient aussi de ses problèmes lors de son enfance.
Beaucoup de pudeur dans l'évocation de ces faits incroyables. Le lecteur se trouve en empathie avec ces souffrances subies.

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