M. Barnstaple chez les hommes-dieux de Herbert George Wells

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M. Barnstaple chez les hommes-dieux de Herbert George Wells
(Men Like Gods)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique

Critiqué par Tistou, le 5 septembre 2018 (Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans)
La note : 8 étoiles
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Mondes parallèles

En « papa » de la S.F., H.G. Wells se pose là ! Je ne sais pas si le concept, en roman d’anticipation, des mondes parallèles avait déjà été développé avant 1923, date de la parution de « M. Barnstaple chez les hommes-dieux », mais il est ici ouvertement traité. Et d’une manière qui laisse peu d’initiatives nouvelles à ceux qui voudront reprendre le concept.
M. Barnstaple, obscur rédacteur même-pas-en-chef d’une obscure publication à Londres, qui vit mal manifestement son « tournant de la cinquantaine » et qui s’embête dans sa vie « comme un rat mort » décide, un peu à l’insu de tout le monde (et notamment sa femme, ses fils), de prendre quelques jours de vacances, seul, pour tenter de se retrouver.
Le voilà parti dans sa petite auto (« Péril jaune » qu’il l’appelle !) quand, au détour d’un chemin de campagne il se retrouve projeté loin de la route de Maidenhead, près de Slough, sur laquelle il circulait :

« Soudain, comme par l’effet d’un choc, sa voiture dérapa. Elle dérapa si violemment que, pendant une minute ou deux, il perdit la tête. Il oublia tout à fait la conduite à tenir quand une auto dérape. Il crut se rappeler vaguement qu’on doit incliner le volant dans la direction où l’on glisse, mais son trouble ne lui permit pas de reconnaître cette direction.
Plus tard, il se souvint qu’à ce moment il avait entendu un bruit, le même exactement qui résulte d’un excès de pression ; le bruit sec, comme d’une corde de violon cassée, qu’on entend au début ou à la fin d’une anesthésie.
Il lui avait semblé se retourner vers la haie, sur sa droite, et maintenant, en face de lui, il retrouvait la route ! Il toucha l’accélérateur, puis il ralentit et stoppa. Il stoppa, au comble de l’étonnement.
La route n’était plus du tout ce qu’elle était une demi-minute auparavant. Les haies avaient changé, les arbres s’étaient transformés, Windsor Castle s’était éclipsé. Compensation légère, M. Barnstaple revoyait la grande limousine. Elle était arrêtée, à la distance d’environ deux cents yards, sur le bas-côté de la route. »

Il n’est pas seul, en effet, une autre berline avec quatre autres personnes. Et pas des moindres puisque l’une d’elles est Cecil Dunleigh, le « chef du Parti Conservateur, politicien distingué, homme et philosophe éminent ». En fait, on s’apercevra plus loin que d’autres « terrestres » auront aussi connu cette translation de monde, puisque c’est de ceci dont il s’agit.
Ils sont arrivés dans un monde parallèle, sensiblement plus évolué que le nôtre et tout le plaisir que prend H.G. Wells dans l’écriture de ce roman consiste à imaginer de quelles manières les tares de la civilisation occidentale du début du XXème siècle pourraient être gommées, corrigées. Car c’est bien de cela qu’il s’agit plus que d’une histoire elle-même. H.G. Wells se fait manifestement grand plaisir à mettre en exergue les dérives et mauvais côtés de notre société et à imaginer de quelles manières on pourrait y apporter remèdes : Communisme (le Communisme idéal, pas celui des bolcheviks de 1920) et Anarchie pas loin.
C’est pour toutes ces considérations qu’on prend grand intérêt à suivre les tribulations de M. Barnstaple dans son « Péril jaune » …

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