La contrevie de Philip Roth

La contrevie de Philip Roth
(The Counterlife)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Jules, le 24 février 2001 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 853ème position).
Visites : 9 047  (depuis Novembre 2007)

Qui est qui ?

Deux frères, Henry et Nathan Zuckerman. L'un est dentiste, l’autre est écrivain. Ils courent tous les deux après leur identité, leur vraie vie.
Henry semble être un mari et père modèle. Tous les soirs, à la fermeture du cabinet, il saute son assistante en jouant à être Henry Zuckerman, alors qu’elle joue à être l'assistante. Elle lui dit : « Pourquoi est-ce si excitant quand tout ce que nous feignons d’être est précisément ce que nous sommes ? ».
En plus, il y a Maria… Maria, une de ses patientes qui vient faire l'amour avec lui dans le lit de sa femme. Maria qu’Henry aime et avec laquelle il joue aussi, il est le client et elle est la putain.
Mais voilà, Henry a une déficience cardiaque qui tend à le rendre impuissant. Inadmissible à son âge !. Alors, il se fait opérer, mais supporte mal les suites psychologiques de l'opération.
Nathan, lui, déclare vivre une vie fictive, celle de ses écrits. Il s'est déjà mis en froid avec ses parents pour avoir écrit leur vie et sa jeunesse avec eux. Henry lui a d'ailleurs dit que son livre était responsable de la mort de leur père !
N'oublions pas que Philip Roth a aussi décrit sa famille dans « Portnoy et son complexe ». Il est clair que Nathan est le double de Roth ! Henry, en Isra‘l, huit mois après l’opération, avait fait une énorme découverte sur lui-même. Assis sur une marche contre une école, il entendit les chants des enfants en hébreux. Il ne comprenait pas un traître mot, mais « Et, quand je les entendis, il y eut en moi un élan, une révélation – à la racine, à la racine même de ma vie, j’étais eux. J'avais toujours été eux. » De ce moment il déprime encore plus et finit par décider qu'il va s'installer en Israël. Il abandonne toute sa vie, femme, enfants, cabinet, assistante à la bouche si accueillante, tout !.
Là, il deviendra un de ces Juifs dur et intransigeant que Nathan hait. Nathan tente de la ramener, mais rien n’y fait. D’ailleurs, lui aussi, est lancé dans une nouvelle aventure avec une femme. Etrange !… Elle s’appelle aussi Maria, est anglaise, et est aussi mariée. Nathan va également ressentir un début d'impuissance et décidera aussi de se faire opérer. Qui vit la vie de qui dans cette histoire ?. Qui est qui ?… D'ailleurs, de son avion El Al, en route vers Londres, Nathan écrit une lettre à son frère qu'il vient de quitter et dit : « L’imagination traîtresse est le créateur de chacun – nous sommes tous une invention d’autrui, tous une illusion qui produit l’illusion d'autrui. Nous sommes tous nos créateurs réciproques. »
La mort semble être la solution finale à tous ces problèmes…Il vous reste à découvrir toute cette histoire et vous ne manquerez pas de surprises, ni de raisons de vous régaler.
Un excellent livre de Philip Roth, qui n'a pas pour habitude de nous décevoir !

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Trop illusoire

3 étoiles

Critique de Monde Vrai (Long Beach, Inscrit le 6 décembre 2011, - ans) - 21 décembre 2011

J'ai lu ce livre il y a longtemps, et donc je ne vais pas le relire rien pour le recommenter car outre mon doute je l'ai trouvé très fumeux, ainsi qu'assez prétentieux. J'aime beaucoup Philip Roth, mais dans ce cas j'ai pensé qu'il en faisait trop; Il nous parle "du fou juif et de la folle goy" dans la quatrième de couverture mais son livre me semblait au fil des pages incompréhensible, plutôt mièvre, verbeux et pénible à lire.

D'autre part il est vrai que Roth, ce juif New-Yorkais, cet ange noir, ce complexe lettré, est très autocritique tout en percevant la complexité de l'âme humaine; qui est en comme chacun sait au fond bien souvent attirée par les imperfections et rarement heureuse quand tout va bien. C'est donc la raison pour laquelle j'inclus l'erreur dans ma critique, tout le monde peut se tromper et surtout les imbéciles ne changent pas d'avis, en général, ou alors après un procès. Et puis Roth n'est ni trop suiviste ou grégaire, il faut bien dire qu'il est américain et donc pragmatique, il passe rarement à coté des détails fondamentaux comme un bobo écrivain qui se fait de l'autofiction, il connaît l'importance de l'argent et du sacré dans la vie et dans chaque relation des gens, la violence de l'inculte, le crétinisme récompensé et placé au plus haut à chaque moment, avec cette hystérie au quotidien des petits, qu'on doit tous endurer et supporter parfois, bref le bassement matérialiste qui rend parfois notre vie un peu plus incertaine en cet immense parking géant qu'est la Terre, en définitive: C'est pourquoi je relirais certainement ce livre, sans doute, un jour.

[Un extrait]

- Tu n'y est pas du tout. Le diable de moi, oublie-moi.

(...)

"La vraie vie est ailleurs."

La contrevie, confuse et loin du talent habituel de Roth

1 étoiles

Critique de Rabouki (, Inscrit le 7 août 2006, 64 ans) - 7 août 2006

Je suis déçu par la lecture de ce roman :on a l'impression que Roth a été dépassé par son sujet.C'est d'autant plus dommage que l'auteur nous donne,depuis quelques années, l'image d'un talent grandissant et maitrisé.Le livre comprend des passages parfois difficilement compréhensibles:les personnages sont à ce point enchevêtrés qu'on s'y perd.

Assez brillant bien qu'un peu sinueux

9 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 8 juillet 2006

Les personnages sont analysés au détail, au point que c'en est impressionnant : cela donne l'impression au lecteur d'être incorporé à leur vie, davantage même que de simplement y assister.
L'auteur utilise la méthode de la caméra embarquée, voire intégrée, à la subtilité près que le porteur change : en effet, les narrateurs se succèdent. Je trouve le procédé assez fort, bien que, du même coup, le caractère non linéaire du roman n'en rende pas toujours sa lecture aisée, ce qui peut gêner. On doit se demander, au début de chaque chapitre, quel personnage prend la plume.
C'est une bonne introduction au problème juif, ultra-complète : tous les arguments sont exposés, tous les types de positions et les clichés.
Je n'ai pas lu Opération Shylock, que je n'ai pas encore réussi à trouver, et ne suis donc pas pour l'heure en mesure d'en apporter une comparaison.

Pour moi aussi

8 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 17 août 2002

"Opération Shylock" me semble plus abouti que "La contrevie" dont l'ensemble de l'histoire peut paraître plus embrouillée.

mises en abyme

7 étoiles

Critique de Pistache (Bruxelles, Inscrite le 21 juillet 2002, 51 ans) - 13 août 2002

Bien avant "Opération Shylock" (un de mes livres préférés), Philip Roth écrivait cette contrevie où il se plaisait également avec brio à jouer avec le lecteur, le manipuler, pour le rendre conscient que l'écriture est toujours manipulation même si on a parfois tendance à prendre les personnages pour des entités indépendantes et vivantes. Humour et intelligence caractérisent l'écriture de Roth mais personnellement je trouve que sur le même thème du double, frère ici, imposteur dans "opération shylock", le deuxième est plus abouti, plus intense. J'ai eu le sentiment que l'auteur se répétait plus dans "la contrevie". Je conseillerais donc de commencer par "Opération Shylock" et de lire ensuite celui-ci si on accroche à l'auteur, pour découvrir sa pensée plus en profondeur.

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