K.O. de Hector Mathis

K.O. de Hector Mathis

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par CC.RIDER, le 14 août 2018 (Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 671ème position).
Visites : 2 724 

Un petit monde grisâtre

Quelque part à Paris, Sitam, ancien barman, traine sa déprime et son ennui en compagnie de sa bonne amie Capu et de ses compagnons de galère Benji et Archibald. Apprenti écrivain, il peine à essayer de terminer son premier roman jusqu’au jour où Benji se fait surprendre par sa patronne alors qu’il tente de voler la caisse du bar où il travaille. Elle lui tire une balle dans le buffet. Témoins de la scène, Sitam et Capu s’enfuient en laissant leur copain pour mort puis disparaissent discrètement en Hollande pour se faire oublier. Sitam trouve du travail dans une imprimerie où il rencontre un autre Français, Lariol, grand spécialiste de charades, contrepèteries et autres jeux de mots. Il semblerait que cet original ait ses entrées chez un éditeur susceptible de s’intéresser au bouquin de Sitam. Mais la santé de ce dernier se dégrade très rapidement…
« K.O. » n’est ni un thriller, ni un roman policier, ni un roman noir (ou alors gris tout au plus). C’est plutôt une sorte de long monologue, une auto-analyse un tantinet thérapeutique et complaisante. L’auteur, Mathis, semble s’être beaucoup impliqué dans son avatar, Sitam (Mathis en verlan). Il s’épanche longuement sur son triste sort, pleurniche sur sa vie d’écrivain maudit et geint sur ses ennuis de santé. Les personnages secondaires manquent nettement de consistance. Ils sont insuffisamment décrits. On peine un peu à se les représenter. L’intrigue aurait pu être nettement plus travaillée. En dehors de la fusillade dans le bar, il ne se passe pas grand-chose. Le lecteur a même parfois une impression d’artificialité voire d’irréalité. Des attentats se produisent un peu partout en France et en Europe, mais on se sait pas qui fait quoi, comment ça se passe, au nom de quelle idéologie ces évènements inquiétants se produisent ou par quelles voies on va en arriver à la guerre civile. Seule information : les rues sont pleines de policiers et de militaires qui pratiquent des contrôles d’identité incessants. Est-ce dans cette forme d’indifférence, voire d’autisme que le lecteur doit trouver le côté poétique et musical vanté en quatrième de couverture ? Un premier roman qui ne vaut que par un style très célinien, tout en éructations, invectives et lamentations…

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célinesque à souhait

10 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 15 août 2018

Un hommage à Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline, dans ce court roman narrant l’errance d’un jeune homme, atteint d’une maladie incurable, fuyant amis et compagne pour se réfugier au fond d’un bois en compagnie d’un vieil ermite. Dans ce langage si particulier, proche du langage parlé tout en étant un pur produit littéraire savamment élaboré, Hector Mathis nous fait partager le quotidien d’un personnage écorché vif, abandonnant un Paris en état d’alerte maximale, envahi par les sirènes et les coups de feu. Rien n’est daté ni situé mais on pense bien sûr, parmi d’autres, aux attentats ayant endeuillé la capitale le 13 novembre 2015. La peur reste présente malgré la fuite, car le monde n’est pas tendre, où qu’on soit, et la mort rôde. Une lente descente aux enfers, un hommage au jazz, aussi, celui de Coltrane plutôt que Count Basie, par le truchement d’un saxophone, infatigable compagnon de cette errance infinie. Un pari littéraire assez réussi, qui plaira ou déplaira, c’est selon : question d’oreille…

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