L'affaire Moro de Leonardo Sciascia
(L'affare Moro)
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances , Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités
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"Le plus grand crime politique du XXe S. après les assassinats de John Kennedy et de Martin Luther King".
Le 16 mars 1978, M. Aldo MORO (1916-1978), président du parti démocrate-chrétien italien est enlevé par les Brigades Rouges (B.R.), rue Mario Fani en plein centre de Rome, alors que son parti s’apprêtait à un rapprochement historique avec le parti communiste. Détenu ensuite pendant 55 jours dans une «prison du peuple», il sera finalement assassiné le 9 mai 1978.
Cet évènement va marquer et traumatiser l’Italie «des années de plomb», et changer définitivement la politique italienne. Et ce d’autant plus que les B.R. prendront un «malin plaisir» à envoyer les lettres écrites par M. MORO durant sa captivité (souvent accompagnées de communiqués lapidaires critiquant la classe politique italienne), à la presse qui s’empressera de les publier (malgré le caractère très intime de certaines d’entre elles où l’homme politique s’adresse à sa famille) et que donc les italiens suivront quasiment «en direct» la détention et le calvaire de l’homme politique. (A ce sujet voir la critique des lettres de M. Aldo MORO, ici : http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/18133).
Leonardo SCIASCIA (1921-1989), «analyse» les lettres écrites par M. MORO et le communiqués des B.R : mais d’une façon très partiale visant uniquement à démontrer sa théorie, à savoir qu'une issue était possible et que l'offre d'échange émise par les B. R. (la libération et l’exil de 13 «prisonniers politiques» en échange de la libération de M. MORO) devait être prise au sérieux…
Alors, disons tout de suite ce n’est pas un bon livre du tout!
Tout d’abord SCIASCIA manque de recul pour écrire un livre juste, en effet il écrit son brûlot à peine 3 mois après les évènements qu’il entend critiquer, tous les faits ne lui sont pas connus et l’enquête est encore en cours.
Ensuite, il ne se base que sur quelques-unes des lettres écrites pendant sa captivité par Aldo MORO. On comprend très vite que celles-ci ont été soigneusement choisies par l’auteur car ce sont les plus virulentes écrites par le président du parti démocrate-chrétien italien, contre son propre parti et contre les autres hommes politiques italiens qu’il accuse de l’avoir abandonné à son triste sort !
SCIASCIA est obnubilé, obsédé, par le fait de pointer du doigt les responsables de l’échec des négociations pour la libération de l’homme politique et pour cela il ne recule devant rien!
Il veut que son livre fasse du bruit, et le fasse connaître (ce qu’il fera d’ailleurs…) s’ensuivent même quelques « arrangements » avec les faits, afin que ceux-ci correspondent à «sa» vérité et à ce qu’il veut démontrer…
Ainsi p. ex. pg. 74-75 il critique en une phrase lapidaire «l’inefficacité» de l’escorte de M. MORO. « Au reste, les hommes de l’escorte ont payé de leur vie leur inefficacité »… Voilà! Balayé le sujet! Effacées, en quelques mots, la vie et la mort des 5 personnes de l’escorte! L’adjudant carabinier Oreste LEONARDI (au service de M. MORO depuis plus de quinze ans) et le carabinier Domenico RICCI (chauffeur de M. MORO depuis plus de vingt ans), les policiers Raffaele IOZZINO, Giulio RIVERA, Francesco ZIZZI. Alors que l’on sait aujourd’hui qu’ils ont été victimes d’un véritable guet-apens fomenté par des tueurs professionnels, entrainés (ou membre de ?) la C.I.A. américaine, et qu'ils ont tous été tués de plusieurs balles, sans qu'une seule balle ne touche M. MORO!..
Encore une fois M. SCIASCIA manque terriblement de recul pour pouvoir faire une enquête objective et juste!
Finalement c’est un texte trop littéraire pour être une enquête sérieuse, trop d’aller-retours dans la chronologie, de répétitions, d’approximations, de raccourcis, de méandres… Mais pas assez sérieux pour être une enquête valable, trop des dénonciations sans preuves, de vérités tronquées, une vision partielle et partiale des faits, un parti-pris évident, des suppositions imaginées, parfois même «capillotractées»…
Un peu court pour faire un bon livre, non ?
Les éditions
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L'affaire Moro - Ned : Les Cahiers rouges - nouvelle édition préfacée par Dominique Fernandez
de Sciascia, Leonardo Fernandez, Dominique (Préfacier) Schifano, Jean-Noël (Traducteur)
B. Grasset / Les Cahiers Rouges
ISBN : 9782246816775 ; EUR 6,99 ; 18/04/2018 ; 155 p. ; Poche
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