La main dans la main de Georges Simenon
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Ma bible !
Plusieurs « spécialistes » de Simenon – comme Jean Jour, Laurent Demoulin - ont tendance à déprécier ces « Dictées ». Il me semble qu’ils ont tort (sauf le respect que je leur dois, comme dirait Brassens). En effet, elles fourmillent de renseignements sur l’homme, sur sa vie privée, sur Liège , etc., mais plus encore … Pour ma part, je les adore car elles ont le don de m’apaiser, ce qui est quelque chose. Elles sont d’une teneur hautement philosophique, sans en avoir l’air.
« La main dans la main » couvre la période qui va du 24 août au 7 novembre 1976. Simenon y parle justement du sens qu’il faut donner à ses dictées ; il nous décrit son « petit nid » sa maison en Suisse, sa vie de tous les jours ; il nous explique son amour pour la dernière compagne de sa vie : Teresa ; il s’inquiète de sa santé (l’homme est hypocondriaque) ; nous parle abondamment de ses enfants, de ses deux premières femmes, de son enfance à Liège, etc.
Ces dictées de Simenon sont ma Bible !
Extraits :
- Ce qui veut dire que ces dictées sont avant tout égoïstes, qu’elles ne visent, chacune, qu’à me délivrer d’un phantasme. (…) Elles me débarrassent de scories qui encombrent mon cerveau et qui viennent parfois de très loin, sinon presque toujours de mon enfance.
- Au fond de moi-même, je donnerais les deux-cents vingt romans que j’ai écrit pour mes dictées qui sont beaucoup plus chères à mon cœur, peut-être, au fond, parce qu’il s’agit de moi.
- Je mesure un mètre soixante-douze ou plutôt un mètre soixante-dix car j’ai rétrécis.
- La fameuse pudeur Simenon. Elle est d’ailleurs résumée dans le titre de ma première dicté : Un homme comme un autre. Je ne parviens pas à me convaincre que je suis peu ou prou une exception. Et je me sens toujours un peu honteux lorsqu’on me compare à de véritables grands écrivains que j’ai admirés, souvent avec passion.
* Il existe une histoire belge que je vais essayer de traduire, car elle est en wallon. Un homme a l’habitude d’exagérer et c’est connu de tous ses amis. Il parle d’une salle de danse dans laquelle il est allé la nuit précédente. Auparavant, connaissant son défaut, il a demandé à son ami de l’arrêter quand il va trop loin. Il le demande d’arrêter d’un seul mot : rastrains. Ce qui n’est jamais que le mot français : restreins. Il commence donc son récit de la nuit en parlant de la fameuse salle de danse.
- Elle avait cent mètres de long.
Son ami et complice lui lance le signal convenu :
- Rastrains !
Et celui qui racontait sa nuit se hâte d’ajouter, après les cent mètres de long :
- Et un mètre de large.
Cette histoire illustre assez bien mon esprit. Quand les critiques parlent de cent mètres de long, je ne peux m’empêcher de me dire à moi-même :
- Et un mètre de large !
Autrement dit, je n’arrive pas à croire aux cent mètres de long, à moins qu’ils soient corrigés par une largeur ridicule. Deux cent vingt romans … et un de large.
- Les Evangiles disent que l’homme n’est pas fait pour vivre seul. Il faut avoir une rude force de caractère pour le faire. Si je plains ceux qui en sont capables, je ne peux pas m’empêcher de les admirer.
- (A propos de la Tour Simenon à Liège) Je n’en possède pas une seule action ni un centime de la société immobilière. Je ne dispose pas d’une seule pièce. Cela me vaut des lettres de gens me demandant si je n’ai pas la possibilité de leur y trouver un appartement.
- Si je devais réécrire aujourd’hui « Lettre à ma mère », le livre serait probablement assez différent.
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