Rwanda, la fin du silence: Témoignage d'un officier français de Guillaume Ancel

Rwanda, la fin du silence: Témoignage d'un officier français de Guillaume Ancel

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 26 mai 2018 (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans)
La note : 9 étoiles
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Recherche de la vérité

Dans la première partie du livre, le capitaine Guillaume Ancel nous fait un reportage hallucinant mais, sans aucune complaisance : des faits, rien que des faits ! Le capitaine Guillaume Ancel a le style clair et concis des militaires.

Il a participé à l’opération Turquoise au Rwanda en l’été 1994 et il nous en fait le récit au jour le jour et même heure par heure. Il nous raconte ses expéditions humanitaires pour sauver les quelques rescapés du génocide qui se cachaient le plus souvent dans les forêts. Il nous raconte ses rencontres avec des hommes assoiffés de sang dont la sauvagerie défie toute imagination. Et il nous raconte aussi ses rencontres avec des personnages extravagants et ses sauvetages qui tiennent du miracle.

Mais il commence par nous expliquer que la mission Turquoise, au départ, consistait à arrêter l’armée tutsie qui, formée en Ouganda, avait pénétré au Rwanda pour combattre les milices gouvernementales hutues.
Autrement dit, l’armée française venait aux secours des génocidaires !

Le capitaine a reçu son ordre de mission le 22 juin 1994. Mais au dernier moment, le 1er juillet 1994, sur l’aéroport de Bukavu, quand les moteurs ronflaient déjà, un ordre venu d’on ne sait où, a transformé cette expédition guerrière en « mission humanitaire ». L’armée a alors organisé un hôpital de fortune dans une zone sécurisée et est venue en aide aux rescapés du génocide.

Mais après quelques jours, le 17 juillet 1994, le capitaine Ancel reçoit, médusé, l’ordre de protéger un convoi d’armes que la France envoie aux génocidaires réfugiés dans un camp au Zaïre. Il s’en étonne, il s’en indigne ! Alors un haut gradé lui explique que la France doit protéger et réarmer ces soldats hutus, formés par l’armée française ; et que dans ce camp, où ils se sont réfugiés après leur défaite contre l’armée tutsie venue d’Ouganda, on leur paye leur solde en liquide « pour éviter qu’ils ne se retournent contre nous » !
(Entre parenthèses, quand on voit les atrocités que ces bandes armées commettent aujourd’hui dans l’est du Congo, on en frisonne d’indignation !)

Son reportage au Rwanda se termine le 5 août 1994. Commence alors la deuxième partie du livre. Guillaume Ancel est envoyé en Bosnie-Herzégovine, au siège de Sarajevo. Sa mission consiste à neutraliser les canons serbes qui canardent la ville assiégée ; mais l’armée française reçoit l’ordre de ne pas intervenir !
Il constate que là encore, en Bosnie-Herzégovine comme au Rwanda, la France a choisi le mauvais camp, le camp des génocidaires !

Alors, sans jamais accabler ses camarades de l’armée, il veut comprendre les raisons de ces mauvais choix. Il ne veut pas juger, il veut seulement comprendre ! Il voudrait surtout qu’on fasse la vérité sur ces choix politiques. Il se demande qui donne ces ordres aux armées et qui a intérêt à cacher la vérité.
Au bout de son enquête, il constate une évidence – qui n’est pas encore une explication : « un Président de la République, dit-il, François Mitterrand, exténué par la maladie, et protégé par un entourage qui ne veut rien remettre en cause ; et un gouvernement Balladur de cohabitation, paralysé par les élections à venir, ont abouti à envoyer des soldats de la France à intervenir dans des conflits… pour protéger des génocidaires ».

Plus de vingt ans se sont passés depuis le génocide des Tutsi du Rwanda, et la France politicienne refuse toujours de reconnaître la vérité ! Pourtant, depuis, les langues se sont déliées, les témoignages se sont multipliés mais, à ma connaissance, rien n’avait encore été écrit d’une manière aussi définitive sur le sujet. Ce « Ruanda, la fin du silence », écrit par le Capitaine Guillaume Ancel, révèle enfin une vérité incontestable.

Ce livre m’a littéralement passionné. On ne saura jamais avec certitude qui a commandé ces interventions militaires, ni les raisons de ces mauvais choix mais, au moins, maintenant, on sait exactement ce qui s’est passé.

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