J'attends Joséphine de Jean-François Beauchemin

J'attends Joséphine de Jean-François Beauchemin

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Libris québécis, le 5 mai 2018 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 6 étoiles
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Le bonheur n'a pas d'âge

L’auteur Jean-François Beauchemin a voulu avec ce roman jeter un regard attendri sur la vieillesse et son achèvement. Toutes les vies mènent au cimetière. Aujourd’hui, on construit des columbariums, comme dans la Rome antique, en attente du jugement dernier. Avant de glisser l’urne des personnages dans une niche tapissant maintenant les murs des salons funéraires, il faut qu’ils assument leur existence.

Le protagoniste, un éleveur de porcs, a dû vendre sa porcherie après une transplantation cardiaque. Avec sa femme adorée Joséphine, il transplante ses pénates à la Roseraie, une résidence pour personnes âgées. Le séjour est de courte durée puisque l’établissement est incendié. Les résidents se retrouvent dans un autre, soit le Boulevard, appellation judicieuse quand on a déjà emprunté la voie qui conduit au paradis. Mais comme personne ne veut mourir, comme le chante Pétula Clark, il faut bien s’organiser pour vivre heureux.

Les bénéficiaires des services gérontologiques de la résidence Le Boulevard savent profiter du temps qu’il leur reste. Comme leur avenir déborde de peu le temps présent, la clientèle du quatrième étage se fréquente dans l’appartement qui leur est alloué. On s’offre une tasse de camomille, on danse même sur un air d’Aznavour enregistré sur un vieux disque bien conservé. Et même plus, on joue aux touristes en louant un vieil autocar déglingué. Ce sont de vieilles gens, mais actifs. Il n’y a rien à leur épreuve. On hisse le fauteuil roulant d’une pensionnaire sur le toit. Et si jamais survient un accident, on fera de l’autostop. Le ton du roman mène aux extrêmes. Et ce qui devait arriver, arriva. Peu importe on ne craint pas les défis.

L’auteur ne manque pas de souligner les inconvénients de la vieillesse. Joséphine devient sourde, son mari aveugle. Chacun souffre d’un handicap qui réduit considérablement les plaisirs de la vie. Ce qui les soutient, c’est l’amitié, voire l’amour. Ce n’est pas parce que le flux sanguin n’est plus assez fort pour répondre intensément aux appels d’Éros qu’on se laisse sécher. Le veuvage connaît des fins heureuses.

Le roman ne brosse pas un tableau déprimant de la vieillesse. Même si celle-ci représente un phénomène réducteur, elle apporte par ailleurs une meilleure connaissance de la vie. On découvre la face cachée des gens et des choses. On apprend toute sa vie et même à mieux aimer, voire les porcs, comme dit leur éleveur..

Jean-François Beauchemin a transporté la thématique sur une voie loufoque. Les personnages vivent des situations abracadabrantes qui enseignent que l’âge peut se tricoter aussi avec le bonheur peu importe le nombre des années à l’instar de la valeur comme l’a écrit Pierre Corneille.

Ceux qui sont peu sensibles à l’humour resteront peut-être indifférents à cette œuvre baroque. Le plus gênant reste l’écriture métaphorique. Trop, c’est comme pas assez. Le discours se déroule en recourant inlassablement à cette figure de style. Et son emploi n’est pas toujours judicieux. Expliquez ce qu’est une portière d’auto bondée de fenêtres. Et les exemples abondent.

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