Trois chevaux de Erri De Luca
( Tre cavalli)
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
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Un roman court, mais bon
Dans un petit bistro d’ouvrier en Italie, à une table, est assis un jardinier en tenue de travail. Curieux…
Il lit un livre, posé devant lui, et est des plus absorbés. Pas courant un jardinier plongé dans un livre pendant sa pause repas !… Mais on verra bien vite qu’il sait ce qu’est un livre, le contenant comme le contenu. Il a un rapport quotidien et physique avec eux. Il connaît aussi la bonne technique pour arriver à lire tout en mangeant… Ce n’est pas non plus n'importe quel jardinier. Son rapport à la nature est des plus profonds, cette connaissance fait partie de ses fibres les plus profondes, la terre, les arbres, les saisons, les odeurs et les fleurs. Cet homme a souffert ! Il n'a que cinquante ans, mais quelques vies derrière lui. L'Argentine en représente un pan essentiel…
Une femme qu'il aimait, qu'il a perdue… Les dictatures militaires ne sont pas préoccupées outre mesure par l’amour… Il tente de se refaire une vie, d'échapper à un destin qui le poursuit : il se cache. Mais est-il au bout de l’amour ?… Il le croit en tout cas.
Les belles phrases ne manquent pas, comme : « Attendre. C'est mon verbe à vingt ans, un infinitif sec sans trace d’angoisse, sans bavure d’espérance. J'attends à vide. »
Il se fait un ami noir et il dit de lui : « Espèce de saint d’Afrique, pensé-je, tu viens donner ta sagesse à un sauvage d'Europe qui suit la lune sur le calendrier et les nuages d'après les bulletins de la radio, et qui ne sait lire aucun mot sans un alphabet. »
Un livre superbement bien écrit. Un reproche ? Parfois un rien confus pendant de très courts moments. Un appel à l’homme d’un homme qui a beaucoup souffert, mais reste ouvert aux êtres vrais.
Les éditions
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Trois chevaux [Texte imprimé], roman Erri De Luca trad. de l'italien par Danièle Valin
de De Luca, Erri Valin, Danièle (Traducteur)
Gallimard / Du monde entier (Paris).
ISBN : 9782070757992 ; 14,90 € ; 02/01/2001 ; 128 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (9)
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Il flotte dans l'air un parfum d'absolu...
Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 16 mai 2024
On saisit le récit comme on écouterait ce qu'il se passe derrière une porte. Des murmures, des évocations du passé, des souffles, des passions, des blessures à cicatriser, de l'espoir germant du silence des traumatismes.
Comment rencontrer à la fois une troublante intensité dans la relation à l'autre, à la nature, et à la fois cette impression de rester en flottement, de ne jamais trouver la fréquence exacte où le récit sera clair et évident?
A l'abri, derrière le voile, tout nous semble extrêmement proche et mis à distance. Une pudeur impressionniste qui pourtant met ses personnages à nu.
Quel étrange voyage que ces "Trois chevaux"...
Sagesse et poésie
Critique de Ichampas (Saint-Gille, Inscrite le 4 mars 2005, 60 ans) - 26 avril 2015
pas accroché
Critique de Jaafar Romanista (Rabat, Inscrit le 3 février 2013, 36 ans) - 29 juillet 2013
Poétique et profond
Critique de Kabuto (Craponne, Inscrit le 10 août 2010, 64 ans) - 29 janvier 2011
Des pensées d’outre-vie ….
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 11 décembre 2010
Toutefois, malgré la difficulté à me repérer dans les différentes vies du narrateur, j’ai pris un plaisir intense à la lecture de ce roman , dont l’écriture comme aérienne, sans rien qui pèse ou qui pose, transcende le contenu . J’ai même fermé le livre à regret .
Le narrateur transporte toujours avec lui un livre, dont la lecture accompagne ses repas , ce qui entraîne de jolies réflexions sur le rôle de la lecture , par exemple : « ce que doivent faire les livres, porter une personne et non pas se faire porter par elle, décharger la journée de son dos « ou sur la puissance de cette même lecture : « si moi aussi, je suis un autre, c’est parce que les livres, plus que les années et les voyages, changent les hommes »
Magnifique
Critique de Commelejour (, Inscrite le 29 décembre 2007, 52 ans) - 12 juillet 2008
au grand galop, j'ai chevauché deux, puis trois chevaux.
Critique de Bertrand-môgendre (ici et là, Inscrit le 9 mars 2006, 69 ans) - 9 mars 2006
"le vent siffle à vous user les oreilles"
Les bruits de mer où grondent les abîmes, mugissent les lourds silences.
L'homme prie face aux nuageuses grisailles amoncelées, envisageant le retour de l'accalmie entre les bras réconfortant de la belle Làila. Elle est toute à l'écoute de ce coeur malmené, fourbu : elle en oublierait presque sa vie fragile.
Tout en cultivant ses jardins nourriciers, il déterre, grâce à sa muse, les démons et les anges qui le tenaillent.
Le goût de la peur laisse en bouche un peu de déjà vu, un goût de reviens-y.
Où trouver la sérénité ailleurs que sur un rocher, auquel vous racontez la parenthèse de votre parcours ?
Vivre en harmonie avec autrui et son environnement
Critique de Libris québécis (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans) - 1 mars 2003
L'oeuvre s'ouvre sur ce jardinier italien, qui se rend au bistro autant pour manger que pour lire. Petit à petit, l'auteur nous entraîne dans l'univers de cet homme passionné par la lecture. Il fait d'abord un flash-back sur ses 20 ans. A l'époque, il connaît une Argentine venue en vacances en Italie. En la voyant lors d'une escalade, c'est le coup de foudre. Il émigre avec elle dans son pays régi par une junte militaire, qui sema la terre en 1982 avec la guerre des Malouines. Le destin veut que cet amour prenne fin abruptement alors que des soldats s'emparent de sa fiancée pour la jeter à la mer en la projetant d'un avion en vol. Ce couple sensible au sort de leurs semblables est forcément engagé politiquement. Le héros peut même se transformer en meurtrier pour défendre «la cause». C'est ce qu'il devient quand son ami est agressé par un militaire zélé. Son geste l'oblige évidemment à fuir l'Argentine.
A son retour au bercail, il devient jardinier pour un riche propriétaire terrien. Après l'amour, c'est celui de la nature qui l'attire. Ce n'est pas l'homme qui aime du bout des lèvres. Sa générosité est sans bornes, surtout envers ceux qui sont les plus démunis, comme ce noir qui travaille avec lui, mais en s'occupant des animaux. La communion entre tous les éléments de notre planète lui tient à coeur. Ce n'est pas un raciste. Il voit même en ce compagnon une espèce de sage qui vient allumer la lanterne du pauvre Occidental aveuglé par son savoir.
Quoi de mieux pour récompenser une âme aussi bien intentionnée que de retrouver l'amour? Pas avec n'importe qui. Avec une «montrer-du-doigt», c'est-à-dire une prostituée qu'il délivre de son proxénète en montant un coup fumeux avec son noir ami. Ainsi se boucle ce roman qui trace un idéal de vie englobant tous et chacun.
En somme, l'auteur prêche une harmonie entre les humains et l'environnement. C'est un objectif très noble qui ne peut découler que d'une vie marquée par la souffrance et par la perte de ses illusions. C'est le propre de l'homme de 50 ans, mais derrière la grandeur de son projet se profilera toujours l'ombre des peurs qui incite à l'intolérance à l'égard des différences. Même le héros a un comportement paradoxal en se faisant assassin pour faire triompher son idéal. Au moins, ce roman quelque peu incohérent donne le goût de vivre tout en satisfaisant le lecteur épris de poésie. Bref, c'est une oeuvre qui vaut davantage pour son écriture que pour son message naïf si l'on considère les frontières culturelles, économiques...
Critique de Mauro (Bruxelles, Inscrit le 20 février 2001, 61 ans) - 26 février 2001
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