Le coq de Renato Caccioppoli de Jean-Noël Schifano

Le coq de Renato Caccioppoli de Jean-Noël Schifano

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Pucksimberg, le 9 avril 2018 (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 891ème position).
Visites : 4 891 

Renato Caccioppoli ou comment perturber la rencontre entre Mussolini et Hitler en plein Naples

Après avoir présenté une figure napolitaine des plus romanesques, Masaniello, dans son roman qui vient de paraître Jean-Noël Schifano présente au lecteur, un autre personnage emblématique napolitain : Renato Caccioppoli. Ce mathématicien, peu connu chez nous, reste une figure italienne très plaisante à découvrir. Il est le petit-fils de Mikhaïl Bakounine. Quand en 1938, il apprend la venue d'Hitler à Naples pour un défilé avec Benito Mussolini, son sang ne fait qu'un tour. Il souhaite gâcher ce moment solennel. A une époque où la liberté est bafouée, où les amendes pleuvent si l'on est en retard pour écouter les discours de Mussolini, où il est interdit de promener un petit chien quand on est un homme sous peine d'être condamné pour homosexualité, Renato Cacciappoli décide se procurer un coq et de le promener afin d'attirer l'attention sr lui durant cette journée officielle. Et puis pourquoi ne pas chanter une chanson inadéquate aux dictateurs ?

Le récit puise sa matière dans la réalité. Jean-Noël Schifano, véritable mémoire de Naples, met en lumière ce personnage qui ne nous est pas familier et qui peut être considéré comme un résistant à sa manière. Sans doute, avec un grain de folie, il scénarise son intervention qui contient à la fois du burlesque et de l'engagement. Alors que tous les habitants n'osent plus parler napolitain car le dialecte est condamné par le Duce, Renato Caccioppoli continue de dispenser ses cours ... en napolitain. Cette histoire a quelque chose d'anecdotique et en même temps, sous la plume de Jean-Noël Schifano, elle parvient à revêtir une aura symbolique. Il y a du Gavroche dans ce personnage. L'écrivain transfigure la réalité et parvient à conférer à ce personnage une certaine grandeur.

Ce récit permet aussi à l'auteur de déclarer une nouvelle fois son amour à Parthénope, Naples. En un condensé de 100 pages, le lecteur retrouve rapidement évoquées toutes les figures célèbres qui ont fait de cette ville un mythe vivant. L'auteur convoque les légendes et les êtres bien réels. La mozzarella occupe aussi sa place dans cet univers. C'est avec poésie que l'écrivain donne chair à cette ville. Les phrases parfois regorgent de métaphores. Les accumulations deviennent stimulantes et confèrent du baroque à cette écriture riche, populaire et imagée à la fois.

L'on retrouve dans ce court récit, tous les éléments chers à l'auteur : cette ville, ses mythes, la figure d'Elsa Morante qu'il a accompagnée jusqu'à la mort ... Le texte est court, mais semble condenser tout Naples, des origines à nos jours. En un élan créatif, l'écrivain convoque toutes les grandes figures, les expressions napolitaines, les chansons ( "Maruzzella" ) qui définissent cette ville. Quand on lit Jean-Noël Schifano, il faut se laisser porter par sa poésie, par sa culture, par l'énergie qu'il insuffle à ses phrases et par la folie de ses personnages enthousiasmants.

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Mitigée

6 étoiles

Critique de Faby de Caparica (, Inscrite le 30 décembre 2017, 62 ans) - 1 juin 2018

Bonjour les lecteurs ...
Voici un livre court d'une centaine de pages dont je ne sais trop que penser !!
C'est une histoire vraie ... celle de Renato, génie des mathématiques, beau, accro au brandy, fou dingue de SA ville ( Naples) et anti fasciste convaincu.
Renato provoque le régime en mendiant dans les rues ( interdit ), promenant un coq, chantant la Marseillaise.
Renato se suicidera dépressif et alcoolique.
J'ai eu beaucoup e mal avec le style d'écriture et le langage "confus " de cet auteur ( heureusement que le livre ne faisait qu'une centaine de pages !!) et j'ai aussi trouvé dommage qu'il ne consacre pas plus de pages à son héros et digresse régulièrement vers ses obsessions politiques.
Néanmoins, on sent l'homme amoureux fou de la ville de Naples dont il nous dresse un portrait haut en couleurs.
De la vie de Renato a été tiré un film, " Mort d'un mathématicien napolitain " , que je vais essayer de me procurer, histoire d'en savoir un peu plus sur le personnage.

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