Celui qui revient de Han Kang
(Sonyoni onda)
Catégorie(s) : Littérature => Asiatique
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VIE ET MORT EN CORÉE DU SUD DANS LES ANNÉS 80.
Au début de l’histoire nous sommes au mois de mai 1980, en Corée du Sud. Une junte militaire menée par le général Chun Doo-hwan (1931 – 2021), a pris le pouvoir quelques mois plus tôt et la révolte gronde. La ville de Gwangju se mobilise à son tour (1) et les étudiants sont en première ligne des manifestations pour le retour de la démocratie. La répression menée par l'armée est féroce : les civils, les jeunes, les étudiants deviennent des cibles, l’armée n’hésitant pas à tirer à balles réelles sur la foule des manifestants. Le sang coule, le bilan est de plusieurs milliers de jeunes étudiants morts…
Dans la ville martyre ensanglantée, un jeune étudiant, Thongho, erre d’hôpital en hôpital, de morgue en morgue à la recherche de son ami Chongdae tombé sous les balles de l’armée…
Que dire sur ce livre? Sur une trame historique encore très douloureuse dans la mémoire collective des Sud-Coréens, et des plaies certainement pas encore refermées, la romancière Kang HAN (*1970), se positionne face à l’idéologie autoritaire de l’époque et rend hommage, - à sa manière -, aux martyrs de la démocratie Sud-Coréenne. Les descriptions sont très crues, très réalistes, l’auteure ne nous épargne rien de la barbarie et des horreurs des répressions militaires. Non seulement elle nous décrit les évènements pendant qu’ils se déroulent, mais aussi les tragédies (emprisonnements, tortures, viols, exécutions…) qui se dérouleront dans les semaines et les mois qui suivent…
Que dire de plus? Un mot sur l’écriture peut-être? Alors, disons-le tout de suite, c’est très bien écrit, c’est une écriture très épurée, très dépouillée, minimaliste en quelques sorte. C’est une écriture complexe, très exigeante, très «froide», très «distanciée», un peu comme si on regardait une pièce de théâtre… Le tout «d’en haut» de très loin. Ce n’est d’ailleurs pas sans rappeler l’écriture d’un autre Prix Nobel de Littérature récent, à savoir celle de Mme. Annie ERNAUX (*1940) (2). Il y a ici et là, éparpillées dans le flux du texte de très belles «fulgurances», de très belles envolées lyriques, très poétiques, mais... Mais malheureusement elles sont véritablement «perdues» dans le texte. Il faut véritablement y prêter garde et quand on en a trouvé une, ne pas hésiter à la relire plusieurs fois de suite, doucement, en prenant son temps et en la «dégustant» tranquillement…
Qu'est-ce que je n’ai pas aimé dans ce roman? Sa complexité sans doute! L’auteure ne nous aidant en rien… Au contraire, il y a une complexification certainement voulue volontairement. Il y a un mélange des époques (sans aucune indication de temps d’ailleurs…), des lieux, des personnages…
En effet, chaque chapitre va nous offrir un point de vue différent de cette même histoire par un personnage différent (Thongho, Chongdae, la soeur de celui-ci, sa mère...), et à une époque différente… Nous suivons donc l’histoire «ballottés» de personnage en personnage, de témoignage en témoignage, de destin en destin…
Très vite, on ne sait plus qui est qui, et qui est le personnage dont on est en train de suivre l’histoire!.. En effet, on suit les différents personnages juste avant, pendant, juste après, et de nombreuses années après, les évènements du soulèvement de Gwangju… Le tout à la 1ère, 2ème et parfois même 3ème personne…
Et c’est peut-être ici le véritable point «d’achoppement», puisque très vite c'est très compliqué!.. Et que l'on est très vite complètement perdus dans la lecture!
Qu’est-ce que j’ai aimé dans ce roman? L’histoire sans aucun doute! Elle a beau être compliquée, alambiquée, elle n’est reste pas moins magnifique. C’est une véritable leçon d’histoire, une véritable page de l’histoire récente de la Corée du Sud. Ici l’écrivaine fait passer la «petite histoire» individuelle de quelques individus - nos jeunes étudiants donc - avant la «grande histoire» du pays, et ce n'en est que meilleur pour le lecteur!
Est-ce que je recommande la lecture de ce livre? Oui. C’est certainement une très bonne introduction à l’œuvre de l’écrivaine Sud-Coréenne, et c’est certainement un très bon livre, malgré ses quelques «défauts», notamment dans la façon dont l’histoire nous est présentée! Il aurait été beaucoup plus simple de présenter le tout de façon linéaire. Soit, c’est certainement cela le «style» de l’écrivaine Sud-Coréenne, et donc il ne faut pas hésiter à «faire avec»!..
Rappelons si nécessaire que Mme. Kang HAN, a été la lauréate du Prix Nobel de Littérature 2024. Au moment où j’écris ces lignes, elle est le cinquième écrivain asiatique, la première femme asiatique et la première écrivaine Sud-Coréenne à être distinguée par le plus prestigieux des prix littéraires !..
(1). : Cf. ici sur Wiki : https://fr.wikipedia.org/wikiSoul%C3%A8vement_de_G…
(2). : Cf. : ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vauteur/1151
Les éditions
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Celui qui revient [Texte imprimé], roman Han Kang traduit du coréen par Jeong Eun-Jin & Jacques Batilliot
de Kang, Han Jeong, Eun-Jin (Traducteur) Batilliot, Jacques (Traducteur)
le Serpent à plumes
ISBN : 9791094680100 ; EUR 20,00 ; 04/02/2016 ; 220 p. ; Broché -
Celui qui revient [Texte imprimé], roman Han Kang traduit du coréen par Jeong Eun-Jin & Jacques Batilliot
de Kang, Han Jeong, Eun-Jin (Traducteur) Batilliot, Jacques (Traducteur)
Points / Points (Paris)
ISBN : 9782757868867 ; EUR 7,20 ; 24/08/2017 ; 240 p. ; Poche
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