Silencieuse de Michèle Gazier

Silencieuse de Michèle Gazier

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Alma, le 13 mars 2018 (Inscrite le 22 novembre 2006, - ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (3 748ème position).
Visites : 2 961 

La vie des autres

A Saint Julien-des-Sources, petite commune de 600 habitants, tout le monde se connaît, se regarde, s'épie. Tout se sait. Au bistrot du coin« lieu des cuites et des ragots» ou à la supérette, on suppute, on commente, on cancane, surtout quand arrive un «étranger».

Il y en a déjà 2.
Celui qu'on a surnommé le Blondin. Il a un drôle d'accent, a loué une bicoque abandonnée, la remet en état et ne se mêle pas à la population.
Et puis un peintre et sculpteur allemand, Han Glowe. Un "boche" ! On sait qu'il est renommé dans le milieu artistique, mais ses installations  étonnantes sont regardées de travers par les autochtones. Il vit retiré dans une vaste ferme et délègue à un factotum le soin de gérer le quotidien. Arrive ensuite un enfant du pays, Claude Ribaude, «un snob, un renégat, un prétentieux», le fils d'une famille qu'on n'aimait guère ici, un sociologue parisien "en rupture de ban" qui vient occuper la maison familiale.
Enfin débarque une belle Italienne avec une petite fille «belle comme le jour et fermée comme une huître», au comportement étrange et magnétique Elle s'installe chez Annie, la caissière de la supérette.
Annie qui en sait un peu plus long que les autres mais qui garde tout pour elle. Annie la silencieuse.
Les commères et les piliers de bars ont du grain à moudre ….....

La première partie du roman, sous forme de chronique villageoise, au ton juste, alerte et plutôt décapant met le lecteur en appétit. Ses chapitres sont autant de vagues qui vont de l'un des personnages à l'autre, distillent à chaque fois un détail supplémentaire, installent les données d'une micro-comédie, suscitent l'envie d'en savoir plus et finissent par créer habilement le suspense.
Puis brusquement ce récit à la 3 personne s'interrompt, fait place à une 2e partie rédigée à la première personne par Claude Ribaude. Un journal a posteriori des événements qui reprend dans une relation beaucoup plus subjective des éléments déjà mis en place pour les prolonger, les expliquer et leur apporter un dénouement. Le ton est différent, c'est le sociologue qui écrit, qui analyse.
Ce qui commençait comme une comédie de moeurs devient alors un drame qui met en jeu des questions qui dépassent le cadre de cette petite localité. Réflexion sur le moteur de la création artistique, sur la manière d'exorciser les démons du passé, sur l'altérité, cette 2e partie donne au roman une densité qu'on ne pouvait soupçonner au début de l'ouvrage .

Un agréable moment de lecture .

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Les éditions

  • Silencieuse [Texte imprimé], roman Michèle Gazier
    de Gazier, Michèle
    Seuil
    ISBN : 9782021361124 ; EUR 17,00 ; 30/03/2017 ; 224 p. ; Broché
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mon village à l'heure allemande…

10 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 25 octobre 2020

Saint-Julien-des-Sources, un village ordinaire, quelque part dans le Midi de la France, avec sa supérette, où règne Annie, et son bistrot, lieu de tous les potins largement arrosés de pastis 51. Quelques électrons libres vivent en marge de ce Landerneau (ou Clochemerle) local, notamment cet artiste allemand venu pour poursuivre son œuvre loin du bruit et de la fureur parisienne. Il n’est pas le seul à avoir apprécié la tranquillité du village pour s’y ressourcer (ou s’y cacher ?). L’arrivée de la belle-sœur d’Annie, accompagnée de sa fille, la silencieuse du titre, enfant solitaire et écorchée vive, va bousculer l’équilibre entre ces êtres qui semblaient auparavant s’ignorer, et des secrets enfouis vont surgir à la surface. Michèle Gazier, avec son aisance habituelle, sait nous tenir en haleine dans ce roman qui, sous ses apparences trompeuses, relève plus du polar que du roman régionaliste, comme dans son précédent "Merle bleu". Elle sait, la maligne, nous conduire là où elle veut, nous égarer au besoin, pour une expérience de lecture véritablement jubilatoire.

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