Montréal-Mirabel de Marie-Pascale Huglo

Montréal-Mirabel de Marie-Pascale Huglo

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 23 février 2018 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 7 étoiles
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Mirabel au coeur de l'amour

Ceux qui pourraient penser que la littérature québécoise se limite à peu de chose, vous serez détrompés en lisant mon millième commentaire de romans québécois sur ce site.

Mirabel est un village situé à une trentaine de kilomètres au nord de Montréal. Le gouvernement fédéral dirigé par Pierre Elliot-Trudeau a décidé d’y ériger en 1975 l’aéroport le plus moderne au monde dans une zone consacrée à l’agriculture. Presque tous ont dû abandonner leur terre après avoir été expropriés. Adieu veaux, vaches, cochons, couvées. L’expropriation était de taille parce qu’elle couvrait un territoire formé de plusieurs villages regroupés sous le vocable de Mirabel. Adieu aussi à son identité locale. Tous devenaient de force des Mirabellois.

C’était la fin d’un rêve agricole pour une population établie au pied des Laurentides depuis au moins deux siècles. 1975 était le début obligé d’un temps nouveau. Les yeux se dérivaient des belles fermes pour s’accrocher à un monstre de ciment et de verre qui embrassait terre et ciel. Le paysage placide des étables n’allait plus être perturbé par des volées d’outardes, mais par des avions en provenance de tout horizon. Et on s’y habitue.

Pour plusieurs migrants comme l’héroïne, une Française transplantée au Québec, Mirabel fut un port d’attache. Un lien entre la vieille France et la nouvelle. Le pivot du balancier qui oscille entre deux continents. Les vacances au cœur de ses vieilles terres pour revenir avec ses enfants à Montréal où l’attend l’homme de sa vie. Mais comme les roses, les amours s’étiolent et meurent.

Ce roman raconte en fait une histoire de séparation accolée à celle de l’aéroport de Mirabel. Le haut lieu de tous les départs et des retours au Québec. Un rêve grandiose réalisé dans la prairie. Ça vient aussi avec la clé des champs. Rapidement, on s’est rendu compte que ce n’est pas pratique un aéroport éloigné d’un grand centre. Aujourd’hui, on s’en est débarrassé en le démolissant. Une fois de plus la population fut délestée de son pôle d’intérêt.

L’héroïne perdait ainsi un repère. C’était le point d'arrivée d’une aventure en Amérique. Un mariage entre la France et le Québec. La pérennité est une denrée rare. Il en est de même des amours. Elles naissent et perdent, à plus ou moins court terme, la liaison avec le personnel de la tour qui contrôle la circulation des atomes crochus. Combien de rêves connaissent une fin précoce ? La distance n’a pas d’importance quand il y a un poste de relais. Quand il n’est plus en service, il faut se réorganiser en renonçant souvent à ce que l’on a tant désiré : des liens qui rassemblent les gens de tout horizon et les siens autour de l’intimité d’une table conviviale. En somme, on finit par vivre en marge de ses aspirations après avoir « rêvé un impossible rêve », comme le chante Jacques Brel.

C’est un roman fort original sur la séparation vue à travers la métaphore de l’aéroport, porteur de tous les rêves. C’est beau et écrit fort élégamment. Trop même. Comme chez une vamp, on sent trop l’artifice séducteur. La personnalité des personnages se dilue derrière la beauté plastique de l’écriture.

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