Un océan, deux mers, trois continents de Wilfried N'Sonde
Catégorie(s) : Littérature => Africaine
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LA VICTOIRE DU MAL
Comment faire face au mal absolu ? Sans le nommer ainsi de prime abord, Wilfried aux mesquins venus de l’océan nous donne des esquisses de réponse dans Un océan, deux mers, trois continents. Le personnage central, Nsaku Ne Vunda est né vers 1853 sur les rives du fleuve Kongo. L’une des particularités de son destin est qu’il a été éduqué à deux sources, dont la cohabitation est, à cette époque, très peu fréquente :le culte et le respect de ses ancêtres africains d’une part, une solide éducation chrétienne dispensée par les missionnaires, de l’autre. Il est ordonné prêtre et son nom chrétien est Dom Antonio Manuel… Il est chargé par le roi des Bakongos, peuple du Kongo, de devenir son ambassadeur auprès de pape, Clément V.
Pourtant, Nsaku Ne Vunda va, dans un premier temps, toucher du doigt un épisode de l’histoire humaine décisif pour l’Afrique, bien sûr, mais aussi pour l’économie du monde d’alors, et pour l’Occident : la réduction à l’esclavage de millions d’Africains, et leurs déportations vers les Amériques. Ce roman évite, et c’est l’un de ses multiples mérites atouts, les pièges : celui d'étonner les Africains de toute responsabilité, on n’ose dire complicité, dans l’organisation de la chaîne de la traite négrière : « Notre peuple faiblit, là où il s’était convaincu de se renforcer, il apportait de moins en moins de résistance aux mesquins venus de l’océan, dont le dédain et le cy-nisme à notre égard augmentait. » Mais ce roman est aussi un voyage à l’intérieur de l’esclavage et de l’Afrique en train de succomber. Ainsi notre prêtre aperçoit-il en pleine brousse une colonne d’esclaves, dont la longueur et la détresse vont lui faire entrevoir avec horreur l’amplitude du phénomène, sa barbarie : « Les contours de femmes, d’hommes et d’enfants nus, attachés les uns aux autres par le cou avec des fourches de bambou, pro-gressant sous la trombe torride, se précisèrent (…) Certains d’entre eux trébuchaient, les autres devaient alors les traîner pour éviter la chute. » Comment croire encore en Dieu lorsque le Mal triomphe ? Dom Antonio Manuel, après avoir fait un voyage vers le Brésil sur un navire Le Vent Paraclet, qui est en réalité un bateau transportant des esclaves vers le Nouveau Monde, prend toute la mesure de l’horreur : les cris des esclaves dans les fonds de cales, ceux qu’on jette par-dessus bord, le mépris des marins, l’attitude du capitaine Louis de Mayenne, exclusi-vement préoccupé par des considérations mercantiles et d’une totale insensibilité à la douleur de ces gens.
Ou sont alors le salut, la sauvegarde de la fidélité à ses convictions d’Africain, de Chrétien, d’être humain ? C’est l’espérance en la fraternité, la dignité. C’est ce qu’entrevoit Dom Antonio Manuel pendent sa réception par le pape à Rome : il décède, victime de l’épuisement, d’un trop plein d’émotion ? On ne sait. Roman d’aventure ? Roman d’apprentissage ? Roman historique ? Ce récit n’est pas édifiant, il n’est pas manichéen, il a des réso-nances parfaitement contemporaines, ce qui en fait un grand roman.
Message de la modération : Prix CL 2021 catégorie roman de langue française
Les éditions
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Un océan, deux mers, trois continents
de N'Sonde, Wilfried (Autre)
Actes Sud
ISBN : 9782330090524 ; EUR 20,00 ; 03/01/2018 ; 272 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (10)
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Lecture difficile
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 2 août 2021
Nul doute que Dom Manuel aurait refusé d’assumer cette responsabilité si il avait su les terribles épreuves qui l’attendaient. Épreuves rapportées dans les critiques précédentes.
Mais avait-il le choix ? Il s’aperçut rapidement qu’il n’était qu’un pion sur un échiquier où s’affrontaient différentes religions, différents desseins politiques et surtout de gigantesques enjeux financiers.
Mais les valeurs du Kongo ne résistèrent pas aux possibilités d’enrichissement avec le trafic d’esclaves indispensables à la mise en valeur du Nouveau Monde.
Et le voyage sur un navire les transportant ne sera que la première étape de la découverte de la barbarie sans limites des hommes. "Je suis le témoin du passage sur la terre d’une foule d’écorchés vifs...Je préférais imaginer le monde plutôt qu’observer sa laideur."
La foi de Dom Manuel est mise à rude épreuve, et montre son impuissance face à la sauvagerie.
Et pour moi, cela a été un problème. Comme l’a mentionné Bernard2, cette lecture pour des lecteurs sensibles (dont je fais malheureusement partie), a été très difficile. Sur mer, comme sur terre, ce ne sont que tortures, amputations, viols, meurtres qui ont gâché tout le plaisir de suivre le destin incroyablement original de cet homme.
Une inhumanité malheureusement intemporelle.
La foi chevillée au corps !
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 10 juillet 2021
Nsaku Ne Vunda, né vers 1583 sur les rives du fleuve Kongo, éduqué par les missionnaires, baptisé Dom Antonio Manuel.
Son voyage pour rejoindre Rome ne sera qu'un terrifiant chemin de croix.
Embarqué sur un bateau transportant des esclaves et rejoignant le Brésil.
Arraisonné par des pirates néerlandais convertis à l'Islam
Emprisonné à Tolède par l'Inquisition espagnole
Le jeune prêtre sera le témoin impuissant, la victime dans sa chair et son âme des atrocités humaines au nom de la foi.
Wilfried N'SONDé exhume la mémoire d'un homme dont la foi, les convictions et la fraternité ont été lourdement ébranlées mais qui a su conserver l'espoir.
Un roman prodigieux, magnifiquement écrit, documenté, maturé pendant 7ans par l'auteur.
Un roman construit autour d'une histoire vraie.
Le Pape Paul V ordonna que la dépouille du Saint homme soit ensevelie sous la basilique Ste Marie Majeure et qu'une statue en marbre noir soit érigée.
Un véritable coup de coeur, un immense plaisir de lecture !
Début XVIIème siècle, du côté du fleuve Kongo …
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 20 mai 2021
Rebaptisé Dom Antonio Manuel par les Portugais, il exerce paisiblement au sein de sa paroisse quand une sinistre délégation armée du roi des Bakongos le convoque à son palais de Mbanza Kongo, aux portes de Luanda. Ce roi, impuissant politiquement parlant, lui confie une mission d’ambassadeur au Vatican, auprès du Pape, afin de l’informer de la réalité de l’esclavage et de ses méfaits afin qu’il puisse intervenir auprès des régnants en Europe afin d’y remédier. Et voilà notre héros propulsé dans le vaste monde …
L’esclavage, en réalité, est le vrai sujet de ce roman, historique d’une certaine manière.
Dom Antonio Manuel était déjà confronté à la réalité de l’esclavage dans sa paroisse et sa région d’origine, voyant régulièrement passer des cohortes d’hommes et de femmes enchaînés cheminant vers Luanda pour être embarquées vers le Nouveau Monde, le Brésil en l’occurrence.
Il va en être encore plus proche puisqu’embarqués avec lui sur « Le vent Paraclet » qui va cingler vers le Brésil (pour repartir de là vers le Portugal, puis Rome ! On imagine le périple pour l’époque …) des dizaines de compatriotes sont entassés dans les cales ; « l’or noir », les esclaves pour faire fructifier la nouvelle colonie … Il est le seul être noir de peau, libre sur « Le vent Paraclet », ostracisé comme on peut l’imaginer par les officiers et l’équipage.
La suite du périple est bien mouvementée, entre tempêtes, révoltes matées d’esclaves, sévices, attaques de pirate, … du Brésil au Portugal, arrivée en catimini, entre tentatives d’élimination sur la route pour Rome.
Mi-roman historique, mi-roman d’aventures, mi-roman humaniste (oui, il y a un « mi » de trop !), le genre oscille sans cesse entre ces différents pôles d’où peut-être une difficulté à totalement se l’accaparer ? Une belle lecture néanmoins.
Dom Antonio Manuel
Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 60 ans) - 22 mars 2021
Originaire du peuple des Bakongos , il est envoyé en 1604 comme ambassadeur officiel auprès du Saint Père au Vatican.
Le voyage sera très périlleux, démarrant sur un bateau français « Le Vent Paraclet » assurant le transport d’esclaves. Il y ferra la connaissance du mousse Martin.
Mais qui est réellement Martin ?
Viendra ensuite le bateau des pirates « Dragon », un court passage dans un monastère et puis malheureusement l’Inquisition espagnole.
Il arrivera à Rome en 1608 et mourut deux jours plus tard suite à la torture et aux mauvais traitements infligés par l’Inquisition.
Roman d’aventure avec des scènes "difficiles".
Mais ce livre est un coup de cœur pour moi.
Oui mais non…
Critique de Ludmilla (Chaville, Inscrite le 21 octobre 2007, 69 ans) - 11 janvier 2021
Très bonne première partie (à peu près la première moitié, le premier voyage en mer), mais ensuite, j’ai trouvé que ça devenait de plus en plus « fumeux » et vers la fin, vraiment…
J’ai même trouvé l’abordage du navire par des pirates mieux décrit dans Tintin- Le secret de la licorne que dans ce livre…
Pas de dialogue avec le pape pour tenter de le convaincre d’abolir l’esclavage, seulement un récit de voyage – et/ou de diverses tortures.
Un roman puissant
Critique de Bernard2 (DAX, Inscrit le 13 mai 2004, 75 ans) - 26 décembre 2018
Dom Antonio Manuel, ce prêtre venu rencontrer le pape pour le sensibiliser à ces horreurs, ira d’échecs en désillusions, de doutes en révolte. Les forces du Mal resteront les plus puissantes.
J’étais tenté de mettre une note supérieure, et notamment de souligner ainsi la qualité de l’écriture de ce livre. Mais la dureté du texte, l’horreur des situations décrites font que j’émets des réserves, voulant en cela avertir les lecteurs sensibles qui peuvent avoir du mal face à des pages qui sont d’une extrême cruauté. Mais d’une cruauté hélas bien réelle.
Un joli plaidoyer .. mais
Critique de Faby de Caparica (, Inscrite le 30 décembre 2017, 63 ans) - 18 décembre 2018
On s'embarque cette fois dans un roman historique.
Wilfried N'Sondé nous raconte l'histoire de Nsahu Ne Vunda, candide prêtre du kongo, devenu le 1° ambassadeur noir au Vatican.
L'histoire se passe au 17° siècle où ce prêtre noir embarque à bord d'un navire négrier, direction Rome où il a pour mission de convaincre le pape de mettre fin à l'esclavage.
Le voyage à bord du bateau se révèle une véritable épopée, direction le Brésil pour y déposer la marchandise humaine vendue comme esclave et revenir les cales remplies de marchandise.
Embarqué libre, Nsaku Ne Vunda devient le témoin impuissant des conditions de vie inhumaines des esclaves. Après une longue traversée, il sera capturé par un pirate néerlandais converti à l’islam puis, sur le continent européen, humilié et torturé par la Sainte Inquisition espagnole.
Après plusieurs années d'errance, il arrive enfin au Vatican à bout de souffle….
Toutes ces épreuves auront plus d'une fois ébranlé sa foi en Dieu et en l'homme.
Ce roman est à la fois un récit d'aventures et initiatique où l'auteur signe un émouvant plaidoyer pour l'égalité et la tolérance.
Quelques petites choses m'ont cependant "chiffonnée":
- D’abord c’est la statue de l'ambassadeur, mort depuis des siècles, qui raconte l’histoire (statue présente au Vatican). Pourquoi ? c’est dommage car le roman en est réduit à un long récit sans aucun dialogue.
- le jeune homme passe son temps à bénir Dieu, ce qui est logique pour un prêtre mais un peu lassant…. la naïveté a ses limites et sa façon de se comporter en autruche m'a quelques fois exaspérée.
En conclusion, certes l'histoire de ce prêtre noir tombé dans l'oubli est intéressante ainsi que les thèmes abordés.
J'ai cependant trouvé la narration bien plate. Un peu plus de relief ne m'aurait pas déplu.
Coup de coeur
Critique de Nathavh (, Inscrite le 22 novembre 2016, 60 ans) - 13 novembre 2018
Cette statuette nous raconte sa vie par la jolie plume de Wilfried N'Sondé.
C'est en 1583 que Nsaku Ne Vunda voit le jour sur les rives du peuple Kongo. Il naîtra orphelin. Sa famille adoptive le confiera à des missionnaires car il est vif d'esprit. Il étudiera, deviendra prêtre sous son nom de baptême Dom Antonio Manuel. Un jeune prêtre apprécié dans son village.
Le 24 décembre 1604, il sera convoqué chez le roi Alvaro II, le roi du Bakongo. Celui-ci lui confiera la mission d'ambassadeur auprès du Vatican . Objectif officiel, représenter au même titre que les européens, les Bakongos auprès du pape Clément VIII.
Sa mission secrète sera, lui confie le roi, de dénoncer l'esclavagisme, de plaider auprès du souverain pontife pour l'abolition de celui-ci. Si Nsaku Ne Vunda a été choisi c'est parce qu'il est à des lieues des personnes corrompues qui l'entourent, il est reconnu pour son honnêteté.
Notre jeune prêtre, candide , embarque sur le navire français "Le vent paraclet". Il doit faire face à l'équipage qui ne comprend pas les égards et le respect donné à un "noir". Le voyage sera long car il faut faire un détour par le Nouveau Monde pour y livrer la cargaison. La cargaison parlons-en, un réel choc pour Nsaku Ne Vunda car elle se compose de ce qu'il va dénoncer; des esclaves !
Des esclaves traités de manière inhumaine, entravé par des fers et des chaînes. Des femmes dont la nudité leur fait honte, violées, maltraitées. Ils sont tous enfermés dans la cale, entassés les uns sur les autres dans des conditions innommables.
Il va devoir endurer tout cela grâce à sa foi, se convaincre que c'est pour en sauver des milliers d'autres qu'il supporte cela en silence. La compagnie d'un mousse français l'aidera en lui apportant de l'humanité et de l'amour. Un mousse qui a quitté un autre esclavage: le servage...
Ils se dirigeront vers le Brésil, bravant les tempêtes dans ce long voyage, subissant les attaques de pirates pour arriver après avoir traversé un océan, deux mers et trois continents au Portugal, continuant sans relâche son périple pour Rome. Il devra encore affronter l'inquisition espagnole avant d'arriver à bon part à Rome en 1608.
Ce récit est à la fois un roman d'aventure, de pirates mais aussi une initiation, une formation. Ce Candide possédant comme seule arme sa foi est un personnage fort et attachant.
Un roman fort dénonçant l'esclavage, le servage, l'inquisition espagnole ou comment l'homme peut en asservir d'autres et de quel droit. Un roman qui nous parle de la nature humaine qui forme un tout, une partie de l'homme qui est capable du pire et une autre comme le personnage de Martin qui va apporter de l'amour et de l'humanité. Wilfried N'Sondé ne nous parle-t-il pas des deux facettes de l'être humain qui se complètent... compassion , amour et horreur ! En effet l'Homme est possible du meilleur comme du pire.
L'écriture est percutante, poétique. La plume est flamboyante, colorée, ciselée avec des envolées lyriques qui nous font apparaître des images très réalistes.
Une très belle histoire qui interpelle sur la nature humaine.
A lire.
C'est un coup de ♥
Les jolies phrases
En vérité, sans chercher à obtenir une quelconque récompense, je me contenterais de consoler, d'être à l'écoute d'une population déboussolée, terrorisée.
Atteindre l'autre côté de la grande eau, en revenir fidèle à mes croyances, à l'écoute du monde et des autres, voilà ce qui couronnerait mon entreprise de succès et m'offrirait l'éternité.
Le Saint Homme affranchirait alors sans attendre tous les captifs, où qu'ils soient, puisque le christianisme considérait les hommes égaux devant Dieu.
un serviteur du Dieu des chrétiens venu de l'arrière-pays Kongo, ambassadeur du roi, invité par le pape ... l'idée leur paraissait presque ridicule, une vilaine farce à pleurer de rire. Seule l'autorité absolue du capitaine garantissait ma présence dans la partie surélevée du bateau.
Être dans l'incapacité d'atténuer leurs souffrances me consumait, cette impuissance torturante et coupable altérait fortement les fondements de ma foi. Qui avait pu inventer la haine et le mépris justifiant les atrocités qui se commettaient sur le vaisseau.
Maîtres, esclaves, ecclésiastique, sentinelles, marchandises, nous naviguions, liés les uns aux autres selon une échelle de subordination, chacun cherchant à écraser les plus faibles que lui.
Des sujets à torturer, des outils de travail et de temps en temps des objets d'assouvissement des pulsions sexuelles ou sadiques.
La tournure des événements leur avait ôté toute espérance, alors elles avaient ouvert l'abîme et s'y étaient engouffrées.. En l'instant je trouvai injustes les lois de mon Église accablant ceux qui dominent la mort . En vérité, en les excluant, nous les faisions mourir une seconde fois.
La laideur du monde m'avait fait comprendre l'importance de ma tâche, tant pis si mes chances de réussite s'amoindrissaient de jour en jour.
Il m'apparut qu'exister sans elle ne serait qu'un balbutiement de vivre qui ferait de moi un être inachevé, errant en quête sans fin.
J'avais traversé deux fois l'Atlantique, voyagé entre trois continents pour retrouver la même image que celle des esclaves bakongos dans le flou de la brume.
Où se cachait Dieu dans ce néant, et que faisaient les ancêtres?
La laideur du monde et des hommes me semblait si grande qu'elle anéantissait ma capacité d'espérer.
Enfermé à mon tour, je vivais ce qu'avaient enduré les esclaves durant la traversée de l'Atlantique.
Je devins l'incarnation de ceux qui avaient souffert, une sorte de flamme commençait à m'illuminer.
Mon périple m'avait enseigné le mouvement vers l'avant, plus enrichissant que le repli dans la nostalgie du passé.
Il m'avait fallu le malheur pour découvrir les trésors cachés dans mon âme, ma captivité révéla une ressource profonde jusque-là ignorée : l'énergie de la révolte.
Les bas-fonds humains
Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 27 juillet 2018
Un des plus grands intérêts de ce roman, c'est que l'auteur explique comment l'esclavage est né : du côté des Africains eux-mêmes ! Entre clans, on offrait les services de certaines personnes pour être dans les bonnes grâces des chefs. De fil en aiguille, on en profita pour se débarrasser de ceux qui gênaient, soit des criminels, des opposants, ennemis ou des indésirables. Le profit venant s'y mêler, le trafic s'étendit de plus en plus. Les Bakongos furent attirés par les nouveaux produits venant du Portugal en voulant imiter les Européens. Et c'est celui qui avait bâti sa fortune sur le dos des esclaves qui maintenant se repentait, voyant la fin de son règne arriver. Mais cette mission devait rester secrète car bien sûr, des forts enjeux économiques et politiques s'y trouvaient mêlés.
Le narrateur embarque sur un navire français et apprend à sa grande stupeur qu'il va d'abord transporter des esclaves vers le Brésil avant de faire route vers l'Europe. Cette traversée est un calvaire à tous niveaux...
Tout le long de son parcours, Dom Antonio est soutenu par sa quête, doublement motivé par les horreurs dont il a été témoin. Hélas, sur son passage, il ne voit que misère et violence. Cependant, j'ai trouvé qu'il agissait peu comme un prêtre : pas une seule fois, on ne le voit dire la messe, donner des sacrements; c'est à peine s'il prie.
Ce qui est étonnant, mais dont je ne me suis rendue compte qu'après avoir lu ce livre, c'est qu'il n'y a aucun dialogue. Mais c'est très bien écrit et captivant. Le personnage principal est très attachant et permet au lecteur de voir les horreurs à travers les yeux d'un juste.
L'odyssée d'un candide
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 2 juillet 2018
Le roman se présente comme le récit posthume qu'il fait de son périple, une épopée dantesque jusqu'aux portes de l'Enfer dans laquelle il découvre le mal absolu : la traite des esclaves. Un périple mouvementé où, pour mener à bien sa mission : représenter, dénoncer, plaider la cause des esclaves, il devra affronter de multiples épreuves au milieu desquelles il lui semble parfois que Dieu est absent : tempêtes, assaut des pirates, fanatisme religieux, geôles et tortures de l'Inquisition. Les moments de répit seront rares et il perdra ainsi le regard candide qu'il portait sur le monde au sortir de son Kongo natal.
A la fois roman historique et roman de formation, c'est aussi une odyssée humaine pleine de noblesse et de compassion, dont l'écriture souple et enveloppante semble un écho du temps passé.
Cet ouvrage , inspiré de documents sur la vie de ce personnage mal connu mais dont la statue est présente au Vatican, a valu à son auteur le Prix des lecteurs L'express BFM/TV.
Troisième volet d'un triptyque ayant pour thème l'esclavage , après UNDERGROUND RAILROAD de Colson Whitehead et BAKHITA de Véronique Olmi, UN OCEAN , DEUX MERS, TROIS CONTINENTS constitue un poignant réquisitoire contre la traite des noirs et un ardent plaidoyer pour la tolérance et la fraternité .
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