Johnny de Catherine-Ève Groleau

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 25 janvier 2018 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 5 étoiles
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Un Abénaquis au service de la pègre

Vivre à Odanak, un village indien habité par les Abénaquis, n’est pas l’expérience de vie la plus exaltante. L’ethnicité n’a rien à voir avec l’ennui que l’on peut y éprouver. Et ce n’est pas un bled perdu, c’est situé à une heure et demie de route de Montréal. Outre la pêche et la chasse dont le héros Johnny a appris les rudiments de son grand-père, il fait face à un vide existentiel qu’il espère combler en s’installant à Montréal. Ses cheveux noirs comme les Italiens le rapprochent de cette communauté très active. Plusieurs sont propriétaires d’un commerce plutôt lucratif. Rapidement, Johnny obtient un emploi assez bien rémunéré, voire trop quand on lui confie des combines illicites.

Malheureusement, il développe une propension pour le luxe avec cet argent qu’il gagne si facilement. Belle voiture et vêtements griffés attirent le regard des femmes qui se tiennent dans les bars qu’il fréquente. Il jette son dévolu sur Valentine, une jeune femme, mais combien belle, de Ville-Émard, un quartier populaire de Montréal. Elle aussi en a marre de son arrondissement ennuyeux. La solution se présente sur un plat d’argent en la personne de Johnny, l’homme de tous les espoirs. Elle en fera son mari, lequel ne tardera pas à se donner une progéniture.

Elle apprendra vite que c’est aussi ennuyeux de vivre avec un homme riche qui, de plus, la trompe effrontément. Sans crier gare, elle quitte tout pour Rimouski où habite encore une vieille tante. Elle refait sa vie avec un homme de l’endroit. Mais l’expérience n’est pas concluante. Sa course à l’amour et au bonheur s’avère stérile. Même si elle s’occupe de ses jeunes enfants, sa vie de couple bat de l’aile. Son homme n’est pas un oiseau migrateur en quête d’un milieu propice à l’épanouissement. Les vicissitudes de la vie la rendent malheureuse ainsi que le premier homme de sa vie qui tente de renouer avec une fortune qu’il a perdue.

L’argent, l’alcool, une sexualité exacerbée et la fuite ne suffisent pas pour combattre le spleen. Les milieux plus perméables au bonheur n’existent que dans les contes. Et on meurt comme on a vécu. Que c’est triste la vie ! Dépressifs, s’abstenir.

Ce canevas n’est pas sans intérêt. Décrire le destin de personnages qui se sont fait rogner les ailes est un défi audacieux surtout quand le dénouement renonce au happy end. Au moins, Catherine-Ève Groleau a eu le courage de démontrer le sort de l’humanité dolente. L’intention est louable, mais il reste la manière. L’auteure est une auditive. Elle sent donc le besoin de combler ses carences visuelles en détaillant exhaustivement tous les éléments qui composent le décor dans lequel se joue la trame de son roman. Cet excès descriptif s’accompagne d’une écriture qui cherche à se faire riche au point de devenir presque amphigourique. Bref, si la vie est ennuyeuse, le roman le devient aussi par ses défauts. L’auteure a trop voulu impressionner le lectorat avec sa première œuvre. La modération a bien meilleur goût.

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