Play Boy de Constance Debré
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Psychanalyses littéraires
Constance Debré, fille d'un des fils Debré, petite-fille d'un des rédacteurs de la constitution de la Vème République publie un roman « Play boy » chez Stock sur son changement de vie radical depuis quelques années. Auparavant avocate d'affaires, puis d'audience, mariée pendant vingt ans, dans le bain politique depuis sa plus tendre enfance, elle a choisi de vivre des aventures homosexuelles et de vivre de sa plume. De temps en temps elle plaide encore quand l'écriture ne suffit pas à la faire vivre. De droite selon son expression « par atavisme familial », sans véritable raisonnement politique réfléchi personnel elle écrit les discours de Bernard Accoyer et d'autres un temps...
Elle vit depuis quelques temps dans une chambre de bonne du quartier latin...
« Play Boy » n'est pas son premier livre, mais c'est le plus personnel et le plus cru. Elle y évoque sans fard les femmes qu'elle séduit depuis quelques temps car le « play boy » c'est elle...
Elle parle aussi longuement de sa famille célèbre, lui crache longuement à la figure aussi, en long, en large et en travers. Elle les affuble de tous les défauts. Ils sont « coincés », « ploucs », « réactionnaires » bien entendu. Elle ne paraît pas leur trouver la moindre circonstance atténuante, sauf à son père qu'elle idolâtre, celui-ci étant dans la famille Debré souvent considéré comme le « raté » de la famille, drogué, entre autres questions. Ce serait à cause de sa famille et de ses tares supposées qu'elle aurait attendu si longtemps avant d'enfin se « libérer ». Elle accuse donc son grand père et ses enfants de ses propres blocages.
Elle paraît oublier malgré tout que sans le nom de sa famille de « coincés » elle n'aurait jamais été lue et encore moins publiée chez Stock. Elle n'aurait pas été interviewée un peu partout non plus.
Pour quelqu'un de tellement libérée, elle paraît très mal dans sa peau à regarder la vidéo sur le site de « l'Obs », c'en est douloureusement pathétique. Elle est telle de nombreux rebelles des beaux quartiers qui jettent aux orties les apparences d'honorabilité de leur ancien milieu tout en bénéficiant encore largement. Elle est dans l'auto-justification perpétuelle en somme. Et je songe en l'écoutant et en la lisant à une ami également homosexuelle, Marie-Pierre V. , journaliste et auteur également. Celle-ci venait d'un milieu très populaire où l'homosexualité était mal considérée et pourtant elle n'a jamais renié sa famille à ce point.
Quant à ses penchants, elle ne ressentait pas la nécessité de s'en justifier. Pour elle cela faisait partie, une petite partie, de sa personnalité, sans avoir besoin de plus appuyer. Elle n'avait pas de réseaux ni d'argent, ni famille « coincée » ou pas célèbre et est morte du SIDA en 2013. Elle demeurait pourtant solaire sans ressentir le désir de faire sa psy littéraire devant tous les passants. Elle a cet air qu'ont tous ces « rebellocrates » de sortie de dépression, de pose assurée et décontractée alors qu'elle est au fond d'une tristesse sans fond et excessivement mal dans sa peau. Elle me ferait presque pitié...
Et tu peux ainsi me remercier ami lecteur car grâce à moi tu t'es épargné une lecture fastidieuse...
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"Play boy" de Constance Debré : le Roi Lire n'est pas content
Critique de Lettres it be (, Inscrit le 7 mai 2017, 30 ans) - 28 janvier 2018
# La bande-annonce
"J'ai même pas osé mettre la langue la première fois que j'ai embrassé une fille. C'était après Laurent. Avant je savais mais c'était théorique. J'ai fait un effort pour la deuxième. Je lui ai roulé une vraie pelle. Ça m'avait flattée comme un mec qu'elle soit mannequin. On progressait. J'avais toujours peur, mais moins. Sauf qu'à chaque fois on en était restées là. Ou plutôt elles en étaient restées là avec moi.
Des hétéros qui se posaient vaguement la question et qui avaient calé. Des filles plus jeunes que moi, mais des filles comme moi".
# L’avis de Lettres it be
« L’huissier est beau, il est pédé, en plus il est arabe. Ca change des cotorep habituels. Il me fait passer avant les autres. Je plaide. Trafic de shit. Faut voir les dealers. Faut voir le trafic. Je plaide doucement. Je m’approche encore. Je ne plaide pas je raconte. Je raconte ce qu’ils veulent entendre. Le bon garçon. Le bon lycée. La bonne famille. Même la proc ne demande que du sursis. Ca mouille pour la bourgeoisie, un juge. C’est comme ça que j’ai connu Agnès. En défendant son fils. Bien sûr il est sorti. Un bourgeois, ça ne fait pas de taule. »
Il suffit de quelques pages à peine pour tomber sur les mots ci-dessus, ces mêmes mots qui ouvriraient presque le roman. Le ton est donné. Les 190 pages qui arrivent seront le lieu idéal pour retrouver une langue hachée, forte, casse-gueule. Dans tous les sens du terme. Pourquoi pas, après tout. Mais le problème s’impose très vite au lecteur : il s’agit là de l’argument principal d’un livre. Tout le reste n’est que tout-à-l’ego, règlement de compte familial qui n’intéresse que rarement au-delà de cette même cellule, réflexions hasardeuses sur la sexualité etc. Immersion.
Comme bien des aspirants écrivains, Constance Debré se sent l’absolue nécessité de raconter son « moi », de faire l’étalage sur papier de tout son être, dans les grandes largeurs. Parce que, comprenez, tout devient motif à cela : une réorientation sexuelle, la filiation d’avec une famille célèbre dans l’Histoire de l’Hexagone, l’envie de parler de soi, de cracher dans la soupe qu’on ravalera tiède plus tard … Vous ne saviez même pas que cela vous intéressait, mais en fait si. Tout le monde aspire à percer les mystères de la difficile existence d’une fille, petite-fille, arrière petite-fille Debré. Debré ou force, comme on dit.
Constance Debré arrive armée de l’argument du roman et brocardée de la volonté de vider un bidon d’acide sur sa lignée. Ici, l’aspect romancé ne sert bientôt plus qu’à masquer le refus de l’assumé, juste histoire de laisser planer sur ses pages le doute de la fiction et de l’invention. Ce serait bête de trop se mouiller.
Ici, la découverte de l’homosexualité de l’auteure est prétexte à un récit de ses pulsions masculines, trop masculines. En se découvrant à nouveau lesbienne après un premier passage rencontré dans l’enfance, le personnage principal-Constance Debré narre son rapport au nouvel objet de son appétit sexuel. Appétit qui devient celui, forcément exagéré et primaire, d’un homme. Morceaux choisis.
« Un corps de femme c’est fait pour y mettre la main, la bouche, une femme c’est fait pour être baisée. Des seins c’est fait pour être touchés, un cul c’est pour venir s’y caler, une chatte pour y plonger la gueule, pour en sentir l’odeur, y glisser la langue, les doigts, en sucer le goût, ce putain de goût si doux. Il n’y a pas un homme qui puisse rivaliser avec ça. Je comprends ceux qui vont aux putes. Je comprends même les violeurs. »
« Que voudrait-elle exactement ? Ma langue dans son cul ? Que je lui pince les seins ? Je lui parle du ciel. »
Si cela était encore nécessaire, Constance Debré démontre qu’il ne suffit pas d’écrire jusqu’à plus soif les mots « bite », « chatte » et « cul » pour écrire bien. Le stupre, même par vague entière, n’est que trop souvent de l’épate-bourgeois(e), surtout lorsqu’il s’agit du seul et unique argument sur lequel repose un livre tout entier. Arrêtons-nous quand même sur cette phrase qui clôt le paragraphe évoqué : « Je comprends même les violeurs », et imaginons cela sous la plume d’un auteur masculin et/ou de n’importe quel(le) auteur(e) non-doté d’un tel patronyme. Juste imaginez cela.
A noter que Constance Debré a publié Un peu là beaucoup ailleurs aux Editions du Rocher en 2004 mais aussi Manuel pratique de l’idéal. Abécédaire de survie en 2007, toujours aux mêmes éditions. Que nenni ! Play boy est son premier roman selon son nouvel éditeur, et d’après l’intéressée. Comprenez bien : après deux tentatives dûment ratées, il devient nécessaire d’effacer l’ardoise et recommencer. Constance Debré ou l’auteure aux 3 premiers romans.
Interlude. Pour le plaisir, l’expression d’une considération sociétale et l’explication des rouages d’une lutte des classes moderne par Constance Debré.
« Je suis riche et elle est pauvre. C’est pour ça que je vais gagner. C’est obligatoire. Les riches gagnent toujours. Et les pauvres crèvent toujours. Ce n’est pas ma faute. Ce n’est pas ma faute si ce sont les riches qui gagnent. Ce n’est pas ma faute si je suis riche. Je suis née comme ça. C’est dans mon ADN tellement c’est ancien. »
Quand le mal-écrire devient prétexte à un roman-choc, on ne sait plus où donner de l’esprit : sommes-nous dans un hebdomadaire farci d’images visant à susciter l’émoi au risque de la perte d’intérêt, ou bien dans un premier roman ayant pour ambition d’insérer son auteure dans un avenir de plume assuré ?
La bo-bourgeoisie assumée et le dandysme brillamment pédant d’un Beigbeder dans sa bonne période, des phrases brèves et taillées au couteau façon Céline, un langage bien au-dessous de la ceinture à la Bukowski, la gêne qui s’empare du lecteur à chaque lecture d’un coït comme chez Nabokov, la ferme volonté de renvoyer tous les pendants d’une société dos à dos à la manière d’un Bret Easton Ellis … Constance Debré propose un bréviaire de tout ce qui a pu se faire de (très) bien avant elle et réussit même le pari d’offrir une bien pâle parodie de tout cela. C’est un piètre footballeur qui jouerait avec les chaussures de Zidane, c’est un atroce violoniste qui souhaiterait user d’un Stradivarius.
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