Et moi, je vis toujours de Jean d' Ormesson
Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Sciences humaines et exactes => Histoire
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L'Histoire sous la plume de d'Ormesson est un roman universel
Présentation de l'éditeur
Il n'y a qu'un seul roman - et nous en sommes à la fois les auteurs et les personnages : l'Histoire. Tout le reste est imitation, copie, fragments épars, balbutiements. C'est l'Histoire que revisite ce roman-monde où, tantôt homme, tantôt femme, le narrateur vole d'époque en époque et ressuscite sous nos yeux l'aventure des hommes et leurs grandes découvertes. Vivant de cueillette et de chasse dans une nature encore vierge, il parvient, après des millénaires de marche, sur les bords du Nil où se développent l'agriculture et l'écriture. Tour à tour africain, sumérien, troyen, ami d'Achille et d'Ulysse, citoyen romain, juif errant, il salue l'invention de l'imprimerie, la découverte du Nouveau Monde, la Révolution de 1789, les progrès de la science. Marin, servante dans une taverne sur la montagne Sainte-Geneviève, valet d'un grand peintre ou d'un astronome, maîtresse d'un empereur, il est chez lui à Jérusalem, à Byzance, à Venise, à New York. Cette vaste entreprise d'exploration et d'admiration finit par dessiner en creux, avec ironie et gaieté, une sorte d'autobiographie intellectuelle de l'auteur.
Mon avis : dernier roman de Jean D'Ormesson , je m'attendais, à la lecture de la présentation ci-dessus, à un roman qui retrace l'histoire de l'humanité avec un narrateur qui se "réincarne" à chaque époque dans un personnage différent, homme ou femme, personnage historique de premier plan avec qui on assisterait aux grands événements historiques ou simple citoyen dont on suivrais le quotidien, son roman le "Juif errant"racontait le parcours d'un personnage immortel qui traverse l'histoire et racontait les évènements de son points de vue, on a pas tout à fait ce genre d'histoire.
En effet ce roman a pour narrateur rien de plus que l'Histoire elle-même qui au fil du récit prend plusieurs masques, elle se glisse aussi bien dans la peau d'un homme préhistorique que dans celle d'un égyptien au temps des pharaons, elle est à la fois un soldat troyen et un soldat grec pendant la guerre de Troie , qu'une serveuse de taverne admirative et amie de la Fontaine, Molière, Boileau et Racine. Si j'ai aimé ces passages où le narrateur, l'Histoire donc, se glisse dans la peau de certains personnages pour raconter les principaux événements historiques, le livre glisse vite du romanesque à l'essai historique et je ne m'attendais pas à ce genre de mélange, en lisant la quatrième de couverture, je m'attendais plus à une variante de la série télévisée "Code quantum" , où un scientifique teste une machine à voyager dans le temps et suite à un accident et se retrouve dans différentes périodes de l'histoire, façon d'Ormesson et n'ayant pas eu ça, j'ai été un peu déçu.
Ma déception est cependant relative, car au final, même si je m'attendais à autre chose ce livre est vraiment très bon et j'ai retrouvé la plume de "La gloire de l'empire" où il inventait, en se basant sur des faits et des personnages historiques dont certains sont dans le livre situés dans leur époque originale , l'histoire d'un empire fictif existant avant notre civilisation, j'aime beaucoup plus l'auteur quand il raconte des histoires que son histoire. Un livre que je recommande.
Les éditions
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Et moi, je vis toujours
de Ormesson, Jean d'
Gallimard
ISBN : 9782072744303 ; EUR 19,00 ; 11/01/2018 ; 288 p. ; Broché
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Au revoir et merci
Critique de Hervé28 (Chartres, Inscrit(e) le 4 septembre 2011, 55 ans) - 18 janvier 2018
Ainsi notre plus célèbre académicien nous entraine dans un véritable tourbillon. Celui de l’histoire d’abord, dont il essaie de dresser un portrait depuis les temps reculés de la préhistoire à nos jours, à la façon de l'"Histoire du juif errant" (mon roman préféré et un des meilleurs de Jean d'Ormesson avec "Au plaisir de Dieu" et "la gloire de l'Empire"). Accrochez-vous, cela va très vite, (« l’histoire galope, elle va très vite, elle court la poste » écrit-il page 184) nous traversons les empires Romain, Byzantin, Perse, Egyptien sans oublier le Saint Empire Romain Germanique, ce qui nous rappelle étrangement « la Gloire de l’Empire » (lisez-le, c’est d’une érudition à la portée de tous).Et bien sûr on y croise les papes, Frédéric Barberousse, Saladin mais aussi Ramsès II et Alexandre le Grand entres autres.
Ensuite, il nous emmène aussi, dans le tourbillon de la littérature, qu’il plaçait au- dessus de tout. (« J’ai eu un faible pour les livres. Ils sont mes instruments et mon trésor », avoue-t-il modestement page 279). On y croise Platon, Homère, Virgile mais aussi les écrivains de la Pléiade, en passant par Molière, Boileau, Corneille, sans oublier son cher Racine à qui il consacre de très belles pages, et sans négliger le XVIIIème siècle avec Voltaire, Montesquieu et Rousseau. On se croirait presque revenu à lire « Une autre histoire de la littérature française».
Jean d’Ormesson nous offre l’histoire du monde et c’est épatant. Oh bien sûr, Jean d’Ormesson nous relate des histoires ou anecdotes maintes fois citées dans ses précédents livres (le banquet de Ravenne, le destin de Bianca Cappello, l’histoire des Haschaschin ou encore la courtisane Zulietta) mais il s’en excuse presque page 129 : « on me reprochera de me répéter et je m’en voudrais d’insister » et il le fait toujours avec le sens de la formule : « A défaut de le mettre dans son lit , en parlant de Ninon de Lenclos et de Voltaire, elle le couche sur son testament… »
Et, au détour d’un chapitre, l’éternel Jean d’O ne peut s’empêcher, une fois de plus, d’évoquer la mort de Chateaubriand, mais on ne se refait pas, non ? Et puis un livre de l’auteur de « Mon dernier rêve sera pour vous » sans évoquer, ne serait-ce qu’un épisode de la vie du grand Vicomte, n’a plus la même saveur.
Mais Jean d’Ormesson ne passe pas non plus sous silence, ce qu’il a développé dans ses derniers livres à savoir la cosmologie et les sciences. En évoquant les travaux d’Evariste Galois, tué en duel à 20 ans, ceux d’ Euriclide , de Bernoulli, de Celsius, et encore ceux de Torricelli, notre agrégé de philosophie nous rappelle l’importance des mathématiques, que Paul Valéry lui avait suggéré de passer au titre de l’agrégation…en vain : « les mathématiques, elles, sont par nature et deviennent de plus en plus avec le temps une autre écriture et un langage à part », note-t-il page 260.
« Tout passe. Tout finit. Tout disparaît. Et moi qui m’imaginais devoir vivre toujours, qu’est-ce que je deviens ? », ses dernières lignes de ce roman ont un sens presque prémonitoire. Et c’est assez émouvant.
Finalement, à travers l’Histoire avec un grand H, Jean d’Ormesson nous livre sa propre version d’un thème qui lui est très cher, celui du temps, celui du temps passé à Saint Fargeau ou à Plessis-lez-Vaudreuil, celui passé au Brésil ou en Allemagne avec ses parents, celui décrit dans « Dieu, sa vie, son œuvre » car comme il le conclut : « le dernier masque que j’ai pris est celui d’un garçon déjà vieilli sous le harnais, qui s’était mis en tête de rédiger mes Mémoires. Il avait pondu dans sa jeunesse, une chronique truquée de sa famille, une fausse histoire du monde, une biographie bien imparfaite de Dieu ».
C’est avec une certaine tristesse que j’ai refermé ce livre car Jean d’Ormesson était un de mes auteurs favoris.Je possède d'ailleurs toute l'intégralité de son œuvre en plusieurs éditions: brochées, de poche mais aussi dans la Pléiade ou encore dans la collection" Bouquins", parfois en plusieurs exemplaires et dans des éditions différentes,sans compter les enregistrements des émissions littéraires qui lui étaient consacrées (d' "Apostrophes"' à "La grande librairie") ...c'est dire!
Mais réjouissez-vous, son prochain roman « Une Hosanna sans fin » est déjà annoncé pour la rentrée littéraire de septembre 2018, en même temps que le tome 2 de ses œuvres dans la prestigieuse collection de la Pléiade…décidément l’immortalité lui va très bien.
Alors, Monsieur d’Ormesson, au revoir et merci….c’était bien.
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