L'histoire du faits divers

"L’histoire du fait divers, c’est l’histoire d’une confusion ; l’histoire de l’interprétation du fait divers, c’est l’histoire d’une passion".

Décédé en 2001, Louis Chevalier était professeur au Collège de France et titulaire de la chair d’histoire et de structures sociales de Paris et sa région.
Cet ouvrage, coordonné par Emilio Luque, est basé sur les notes de l’auteur pour son cours du Collège de France en 1981. On peut dire qu’il complète les propos antérieurs de Louis Chevalier, dans son "Classes laborieuses et classes dangereuses" (1958), réédité également chez Perrin, dans lequel il abordait l’analyse démographique et sociale pour expliquer le phénomène du crime à Paris au 19e siècle.

Le fait divers est ici disséqué, plus particulièrement dans ses aspects de fait à interpréter et commenter et dans notre goût, qu’on l’assume ou non, pour le voyeurisme qu’il engendre.
Les propos, très pertinents, de Louis Chevalier, nous aident à comprendre un peu mieux pourquoi certains faits divers trouvent plus d’écho que d’autres. Le jeu de l’écrivain est également disséqué, lui qui aime si souvent nourrir ses fictions de faits divers (à cet égard, je me permets de vous renvoyer à la revue "Marginales" n° 252 qui a offert sa tribune à quelques auteurs talentueux, avec comme thème créateur le faits divers, ce qui a donné comme résultat des contributions étonnantes sur le suicide de l’expert Kelly, la mort de Marie Trintignant ou la canicule mortelle de cette année).
Les notes de Louis Chevalier regorgent de rigueur mais aussi d’humour et de nombreuses anecdotes illustrant parfaitement ses propos, du grand art (un peu desservi par une politique de communication trop racoleuse dans la présentation de cet ouvrage, qui doit être vendu, certes, mais n’a peut-être pas besoin de strass et de paillettes pour cela, ni de la photo de Marie Trintignant en couverture. Ceci était ma remarque perso destinée à l’éditeur).

Certains lecteurs me diront que le cours de Louis Chevalier a vieilli. C’est vrai, tant l’histoire du fait divers a évolué en vingt ans, ce dernier étant complètement intégré aujourd’hui dans la vie courante. A cette époque, Louis Chevalier s’est basé sur les quelques ouvrages qui existaient alors (Roland Barthes sur la structure du faits divers, par exemple) et sur des propos de différents auteurs émanant du monde littéraire.
Mais la parole de Louis Chevalier n’a pas pris une ride dans le domaine de sa vivacité et du plaisir qu’elle procure. Emilio Luque a privilégié la forme orale originelle, on a l’impression de vraiment assister à un cours et avec un peu d’imagination, on croirait entendre Louis Chevalier, ça rend tout ce texte assez vivant et fait oublier les quelques rides qu’il a prises. D’autant plus que Louis Chevalier a toujours sa petite idée sur tout et aime disserter longuement sur les faits divers qui ont marqué les consciences collectives et qu’il aime commenter à sa manière.

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  Splendeurs et misères du fait divers [Texte imprimé] Louis Chevalier éd. établie par Emilio Luque

  de Chevalier, Louis Luque, Emilio (Editeur scientifique)
  Perrin / Pour l'histoire (Paris. 1983)
  ISBN : 9782262019389 ; 12,94 € ; 08/01/2004 ; 156 p. ; Broché

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