La femme de Saint-Pierre de Armel Job
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Âmes sensibles s'abstenir !
Des passages du Nouveau Testament vu par Armel Job. Ou plus précisément par ceux qui ont vu ou côtoyé le « prophète » Jésus : des romains, la femme de Simon-Pierre, Marie de Magdala, etc.
J’ai particulièrement apprécié : « Un homme appelé Joseph », « La promesse », « La femme de Saint-Pierre ». Mais ce n’est pas de la petite bière, comprenez : âmes sensibles s’abstenir ! ! ! Comme un extrait que vous trouverez plus bas.
Extraits :
- Quand on travaille avec le corps, quand on sent qu’il vous obéit, qu’il vous aplatit une barre de fer toute rouge, qu’il vous couche un arbre comme une tour, qu’il vous déplace des blocs de pierre et les assemble au point que ceux du matin vous font de l’ombre à midi, on ne peut plus s’arrêter. Il n’y a pas de plaisir plus intense. La vie n’a pas besoin d’autre sens. Chaque action vous montre que vous êtes fait entièrement pour elle. Vous ne songez pas à autre chose. Par contre, si vos muscles flageolent, si votre souffle vous rappellent en brûlant, que les choses vous rejettent comme un propre à rien, alors vous êtes bon pour être prophète.
- Car le pain de fesses lui-même ne semblait pas effaroucher le messie. Il aurait dit ( toujours son humour, je suppose !) : « Dans le royaume de Dieu, les tapineuses viendront avant les piliers de synagogue. »
- On déshabille le condamné. Rien désormais ne peut plus rappeler ce qu’il était. Il doit mourir nu, comme une bête. Deux hommes le plaquent au sol, les deux autres lui maintiennent les bras sur la traverse. On enchâsse le clou dans les poignets juste entre les os de la main et ceux du bras. La paume, c’est plus facile, mais n’y comptez pas : elle se déchire sous le poids du corps. Il faut clouer les deux côté en même temps. Ce n’est pas une partie de plaisir, mais la nature est indulgente : le condamné perd toujours connaissance. On peut tranquillement le hisser sur le poteau qui est terminé par une mortaise dans laquelle la traverse s’emboite avec des chevilles. Dès qu’il est pendu, il suffoque et revient à lui. S’il ne pouvait reposer sur un « bidet », il mourait en quelques instants. ( le bidet, c’est le nom que nous donnons en argot militaire à la tige fixée au poteau entre les cuisses). Le supplice doit tout de même durer un peu pour l’édification des foules. On achève l’ouvrage en lui clouant les pieds pour qu’il ne gigote pas trop. A partir de ce moment, c’est une affaire de résistance. On en a vu qui tenaient deux jours, qui dictaient leur testament. Mais pour finir, la bête est trop lourde. Le coccyx n’est plus qu’une plaie. Plus moyen de se relever sur les pieds pour happer un peu d’air. Le tronc s’affaisse et le condamné rend son dernier hoquet.
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