Croyances, mythes et légendes des pays de France de Paul Sebillot
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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Un travail de bénédictin ayant valeur ethnographique
Une multitude d’ouvrages et de revues de la fin du XIXe siècle avait recueilli ce qui était considéré comme les traditions et le folklore populaire des régions de langue française. En 1904, l’historien Paul Sébillot s’est efforcé de les assembler, de les classer puis de les publier sous la forme que cette réédition d’une réelle valeur ethnographique permet de découvrir. A elle seule la table des matières compte plus de trente pages sur un total de 1500 et quelques décomposées en 11 livres thématiques. Il y a de quoi être surpris par le foisonnement incalculable des superstitions, car c’est de cela qu’il s’agit, qui n’ont cessé d’alimenter les contes, légendes et rituels depuis des temps immémoriaux. Parmi ses sources figurent en bonne place les « Evangiles des Quenouilles »(1). Tantôt ce sont des sortes de litanies un rien monotones à lire, tantôt de courts récits étonnants ou cocasses selon les circonstances, les uns et les autres enrichis de citations en vieux français, en patois, de dictons, d’extraits de poésies et de chansonnettes. Quand les faits se rapportent à des personnages réels, ni les religieux, qu’ils soient curés, moines, nonnes, ermites, ni les seigneurs et les nobles en général ne sont en odeur de sainteté auprès des paroissiens pour les uns, des paysans pour les autres. Quand ils évoquent les animaux sauvages ou domestiques on ne compte pas leurs métamorphoses en humains à moins que ce ne soit l’inverse.
Les croyances rapportées(2) commencent avec la création du Soleil, de la Lune, des étoiles, de leur influence, des sorts et divers présages dont on les crédite ou que l’on cherche à conjurer. Elles mettent en scène des personnages les plus étranges, les fées souvent vêtues de tuniques blanches, les sorcières chevauchant un balai, les minuscules lutins, les ogres avalant les enfants, les géants, les loups garous, parfois aussi les revenants quand ce ne sont pas les saints, substitutions probables à des divinités païennes antérieures dotées du pouvoir de marcher sur les eaux par exemple ou d’immerger des cités jugées coupables à l’égard de pauvres mendiants. Au Moyen Age est admise une double origine aux êtres et aux choses : divine pour ceux qui dignes de considération, œuvre du démon suscitant méfiance et aversion pour les autres. On y croise fréquemment les fées Mélusine ou tante Arie, le géant Gargantua, Saint-Martin, la Vierge, Ankou figurant la mort, quand ce n’est pas le diable lui-même reconnaissable à ses sabots fourchus. Les uns et les autres s’en prennent avec plus ou moins de bienveillance aux moines, aux villageois, aux bergers, aux femmes en mal d’enfant ou aux jeunes filles en quête d’époux.
Toutes les régions y sont sujettes, néanmoins la Bretagne plus qu’ailleurs(3). La légende d’Ys y figure en bonne place, cette belle cité de la princesse Dahut fille du roi Grallon dont l’inconduite a été punie en faisant engloutir la ville sous la mer. Toutes les situations s’y prêtent : dans les airs avec les nuages, les vents, la foudre et autres phénomènes naturels, sur terre ou en-dessous, les forêts, grottes, landes, déserts, champs, rivières, fontaines ou eaux dormantes, pierres et rochers, bords de mer, montagnes, volcans. Les fêtes et certaines dates telles les solstices d’hiver ou d’été en rassemblent un certain nombre. Les constructions n’y échappent pas non plus, tumulus, dolmens, églises ou chapelles, monuments, châteaux, au sein desquelles souvent se cachent selon les dires d’immenses trésors.
(1) Disponible en version numérique sous : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8600143n, à partir d’un original imprimé en caractères gothiques
(2) Infondées certes au regard de l’auteur qui les attribue à des populations peu instruites, pour autant toujours d’actualité pour inspirer dessins animés et BD contemporains après avoir nourri la littérature fantastique d’antan
(3) Une grande partie des autres publications de l’auteur concerne la Bretagne. Par ailleurs les paysages, les reliefs, la concentration des monuments de pierre, menhirs et dolmens, datant du néolithique y sont sans doute aussi pour quelque chose.
Les éditions
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Croyances, mythes et légendes des pays de France
de Sebillot, Paul
Omnibus
ISBN : 9782258059894 ; EUR 26,50 ; 19/09/2002 ; 1568 p. ; Broché
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