Le roi n'a pas sommeil de Cécile Coulon

Le roi n'a pas sommeil de Cécile Coulon

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Frunny, le 11 novembre 2017 (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 60 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (27 935ème position).
Visites : 4 955 

Fuite et enracinement !

Cécile Coulon (1990- ) est une romancière française.
"Le Roi n’a pas sommeil" parait en 2012, couronné par les Prix Mauvais Genres France Culture / Le Nouvel Observateur la même année.

Thomas Hogan est "l'enfant maudit" dont le sombre destin allait marquer pour longtemps les habitants d'Haven, une bourgade perdue des états-unis. Un gamin qui a tout pour réussir mais qui ne parvient pas à trouver sa place. Un taiseux qui ne prend pas les chemins bien tracés d'une vie facile qui lui tend les bras.
Thomas est viscéralement attaché à sa ville, sa propriété et Mary, une mère aimante.
Thomas se cherche dans la fuite (des amis, des femmes, ... )
Thomas plait et inquiète. Les failles se font jour et son entourage craint le pire.
On ne voit que trop bien l'issue sombre au bout du tunnel.

Un roman sombre, parfaitement mené.
Une écriture fluide, où l'auteur distille les symboles au fil des pages.
Belle maturité d'une très jeune romancière, passionnée de littérature américaine.

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Mauvais genre

8 étoiles

Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 74 ans) - 9 octobre 2025

J’ai rarement lu un roman dont l’histoire est aussi triste. Nous sommes dans la campagne de l’Amérique du Nord au vingtième siècle. Thomas est l’enfant unique d’une famille assez secouée. Son père décède assez tôt. Thomas adore sa mère, Mary, c’est le moins qu’on puisse dire. Il est d’une nature relativement correcte mais son environnement, ses interprétations lui sont néfastes. Le destin viendra mettre un coup final à sa triste vie.
"Le Roi n’a pas sommeil" parait en 2012, couronné par les Prix Mauvais Genres France Culture / Le Nouvel Observateur la même année.

Extraits :

- Ils n’étaient pas heureux, mais ils se sentaient bien, et cela suffisait. ( …) Les visiteurs de passage fixaient les deux oiseaux tel un couple étrange qu’il ne fallait pas déranger.

- Donna était une de ces seules filles avec qui Thomas pouvait tenir une conversation de plus de deux minutes sans demander des nouvelles de la famille, des voisins ou du troupeau de chèvres.

- Dans la région, Nina était devenue une icône. Catin pour les uns, martyre pour les autres.

- Chapel est une petite ville. Le cimetière compte plus d’habitants que l’avenue principale. Une usine d’abattage fait vivre la moitié des familles. Dès leur naissance, les enfants ont des cheveux foncés. Leurs dents sont vite cariées ; les plus faibles meurent tôt. Il faut être né ici pour apprécier les lieux. Personne ne voudrait s’installer à Chapel. L’air est lourd, les gens fuient, personne ne pleure quand un ami déménage pour sa boîte de paradis. Les étrangers de passage ne s’arrêtent pas. Venir vivre à Chapel, c’est cogner aux portes de l’autre monde.

Courte interview de l’auteure :
https://youtube.com/watch/?v=yLyX-onMxL4&t=14s

La famille Hogan

6 étoiles

Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 50 ans) - 17 janvier 2019

Je trouve que Cécile Coulon a réussi remarquablement bien à transcrire ici l’Amérique profonde et rurale telle que peut l’on peut se l’imaginer, celle des petites villes moyennes sans charme, où les jeunes traînant leur ennui sont à l’affût des mauvais coups, où les pokers du samedi soir au Blue Budd se finissent souvent en bagarre avinée, et où certains familles ne parviennent pas à échapper à une sorte de malédiction sociale. La famille Hogan est de celles-là, sur laquelle plane un destin qui aura raison et du père et du fils.

Malgré une écriture sans fioriture mais efficace, presque banale parfois dans ses effets de style (« Il portait les deux boucles de métal pendues à sa ceinture comme des boules de sapin de Noël »), Le roi n’a pas sommeil parvient pourtant à distiller une tension très prenante. Le lecteur sait dès le début qu’il va vers la tragédie, irrésistiblement, tout le propos étant de savoir comment le mécanisme infernal s’est mis en place, insidieusement.

J’ai donc été bien entraîné dans cette histoire, à la fois roman noir (l’ombre des crimes y est assez présente) et roman social. Ce qui m’a plu aussi c’est que Cécile Coulon parvient à éviter un certain manichéisme : les personnages évoluent, comme le montre la rédemption de Paul, l’ami de Thomas, ou bien sont nuancés (le père de Thomas est plutôt brutal mais travailleur acharné). Le propos en devient universel: alors que tout semble aller bien, notre destin individuel peut basculer à cause de la malchance ou des fêlures du passé qu'on croyait pourtant résorbées.

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