De profundis de Oscar Wilde
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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Du fond de ma geôle
Ecrit de janvier à mars 1897, pendant son incarcération à la prison de Reading, De profundis est une longue lettre d’amour et de désespoir adressée par Oscar Wilde à son amant Lord Alfred Douglas, surnommé Bosie.
Tout au long de cette lettre paraissent la détresse et la souffrance morale d’un homme humilié et jeté à terre par toute une haute société anglaise bien pensante.
Wilde s’est perdu pour Alfred, pour cet homme capricieux, superficiel, fermé à l’art, incapable d’aimer. « ton intérêt se bornait à tes repas et à tes caprices. Tes désirs se réduisaient à des amusements, à des plaisirs ordinaires ou moins qu’ordinaires. » « Ta présence auprès de moi a été la ruine absolue de mon art … ». Il prend conscience de sa faiblesse et le dit : « Pour un artiste, la faiblesse n’est rien moins qu’un crime quand c’est une faiblesse qui paralyse son imagination. » et encore : « Je me blâme de t’avoir laissé me conduire à la ruine financière complète et dégradante. »
Gide dira de De profundis : « c’est coupé d’assez vaines et spécieuses théories, le sanglot d’un blessé qui se débat. » Peut être, mais on ne peut rester insensible à ce cri de douleur, ni à la beauté du texte. J’ai aimé, immensément.
Les éditions
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De profundis de Oscar Wilde
de Wilde, Oscar
Stock / La bibliothèque cosmopolite
ISBN : 9782234047778 ; 7,84 € ; 01/03/1997 ; 211 p. ; poche -
De profundis [Texte imprimé] Oscar Wilde trad. de l'anglais et présentation par Jean Gattégno
de Wilde, Oscar Gattégno, Jean (Editeur scientifique)
Gallimard / Folio. Essais.
ISBN : 9782070326679 ; 10,90 € ; 14/01/1992 ; 283 p. ; Poche -
De profundis [Texte imprimé] Oscar Wilde traduction, présentation, notes, dossier, chronologie, bibliographie par Pascal Aquien
de Wilde, Oscar Aquien, Pascal (Editeur scientifique)
Flammarion / G.F..
ISBN : 9782080712349 ; 7,00 € ; 03/06/2008 ; 348 p. ; Broché -
De profundis [Texte imprimé], texte intégral Oscar Wilde traduit de l'anglais par Léo Lack
de Wilde, Oscar
Stock / La Cosmopolite (Paris).
ISBN : 9782234058262 ; 23,00 € ; 01/10/2005 ; 181 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (4)
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Dans le jardin du géant égoïste
Critique de AmauryWatremez (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 55 ans) - 21 novembre 2011
Son amant était un Lord, lui n’était qu’un roturier même si dandy. Son tort n’était pas d’être homosexuel, on le lui aurait pardonné à l’époque si les apparences eussent été sauves, elles le furent pour Lord Arthur Douglas. Wilde, contrairement à sa légende dorée, maîtrisait l’argot et aimait fréquenter les voyous et les putains dans les pubs du port de Londres. Il aimait aussi, sans se soucier de ce que l’on pouvait en dire sans voir que les endroits chics qu’il fréquentait n’étaient que des paravents, des toiles peintes. A l’époque, la société anglaise, aussi rétrograde et grégaire dans ses goûts que la société américanisée actuelle où il est bien vu d’être ignare, portait aux nues le statut social.
Il suffit de voir le microcosme du loft, on en a tant parlé ces dernières années : tous soucieux de leur apparence, de ce que l’on pense d’eux, vivant dans un environnement sans livre, ni film ou quoi que ce soit favorisant la réflexion personnelle, tous noyés dans le culte du « même » comme les spectateurs de ce jeu du cirque nouvelle mode.
Wilde terminera sa vie en France, après un passage éprouvant par la geôle de Reading dont il tira une ballade sensible. Il mourut dans un hôtel miteux près de l’Odéon, entouré d’amis catholiques, dont les Maritain, qui prétendirent à sa conversion finale sur son lit de mort alors que sa dernière phrase fut : « Ah ! Ce papier peint !!… ». Ce livre n’a rien d’un bréviaire de militantisme homosexuel, mais n’est que le journal d’un amour fou. Le sexe n’a que peu d’importance, seule compte la personne et ce qu’elle est dans sa vérité, voilà ce qu’il nous souffle à l’oreille. La « Recherche du temps perdu » de Proust donnera un autre regard sur l’homosexualité masculine et féminine « belle époque », à se prendre au jeu, on pourrait même tomber amoureux d’Albertine, ce qui est dangereux. Wilde rappelle Charlus et sa magnificence. Ces homosexuels de génie ont engendré une idée fausse sur les gays en général, leur accordant à tous le même talent, ce préjugé sur le fait que les types cultivés en soient forcément. Il y a des imbéciles et des gens intelligents. Ils ont cependant en commun la même sensibilité, la même blessure, de ceux qui ont souffert du regard des autres, qui ont souffert d’être hors-norme. Wilde l’était de plusieurs manières, irlandais, ce qui ne pardonnait pas dans l’Angleterre victorienne, marié et homosexuel, dandy et avide de reconnaissance. Je suis allé sur sa tombe au Père Lachaise un jour, il faisait gris, les immeubles de béton dominaient le paysage, il pleuvait un peu, comme si le géant égoïste d’un de ses contes était encore renfermé dans son château.
De Profundis
Critique de Oburoni (Waltham Cross, Inscrit le 14 septembre 2008, 41 ans) - 30 avril 2010
Cloitré, humilié, ruiné, des amis qui ne se comptent plus que sur les doigts d'une main, ayant perdu sa femme et ses enfants ( une douleur immense ) Oscar Wilde charge Alfred Douglas de tous ses malheurs, dans une diatribe contenue où perce une amertume à nouer la gorge.
Il revient sur leur relation houleuse, prise en tenaille par les parents du jeune homme -une mère faible, un père autoritaire. Il lui dresse un portrait impitoyable, le dépeignant comme immature, capricieux, opportuniste, un vulgaire petit gigolo, en somme, sans pour autant se chercher de lamentables excuses. Il ne s'épargne pas, se jugeant en effet avec une lucidité et une sévérité désarmante pour s'être laissé entrainer dans des folies.
A terre, Oscar Wilde contemple sa chute dans cette lettre courte, dure par moment, mais toujours émouvante. Un magnifique cri "des profondeurs".
Du fond de mon âme
Critique de Mieke Maaike (Bruxelles, Inscrite le 26 juillet 2005, 51 ans) - 1 décembre 2006
En lisant le détail de tous les événements qui ont conduit l’auteur à la banqueroute et à la prison, on découvre la relation particulière qui liait Oscar Wilde à Alfred Douglas, une relation d’amour, mais de dépendance réciproque terriblement destructrice. Wilde dresse un portrait au vitriol du jeune homme, colérique, haineux, manipulateur, irresponsable, égocentrique, imperméable à l’art et, surtout, profondément immature. Wilde lui fait quantité de reproches, évoque toutes les blessures qu’il lui a infligées en toute désinvolture, tente de lui ouvrir les yeux sur ses fautes aux conséquences fatales. Il s’attarde aussi sur ses conditions de détention, les journées interminables, la tristesse permanente, la solitude, les douleurs au corps mais surtout à l’âme.
Et pourtant, cette lettre reste un cri d’amour. « Je devais garder à tout prix l’Amour dans mon âme. Si j’allais en prison sans Amour, que serait devenue mon Ame ? ». « Après la terrible sentence, quand j’étais en tenue de forçat et que les portes de la prison se sont refermées, je me suis assis parmi les ruines de ma merveilleuse vie, écrasé par l’angoisse, décontenancé par la terreur, étourdi par la douleur. Et pourtant, je ne te haïssais pas. Chaque jour, je me disais ‘Je dois garder l’Amour dans mon cœur aujourd’hui, sinon comment survivrais-je toute la journée ?’ ».
Au fil des pages, et donc des journées d’écriture, Wilde éprouve le besoin de renouer avec sa passion pour l’art et la littérature. Il puise dans la poésie et dans les œuvres de grands auteurs des réponses à sa souffrance et sa tristesse. Il se rapproche même de la religion catholique pour y trouver du réconfort, notamment dans l’image du Christ qu’il considère comme un modèle d’individualisme.
Si l’écriture est très belle et très touchante, la structure du texte est brouillonne. Il y a des redites, des idées pas totalement épuisées et des thèmes abordés de façon un peu chaotique. C’est évidemment dû à la nature de ce texte qui n’était pas destiné à la publication et, surtout, aux conditions très difficiles dans lesquelles il a été écrit. Wilde ira même jusqu’à s’en excuser : « Je ne peux pas reconstituer ma lettre, ni la récrire. Tu dois la prendre telle qu’elle est, marquée à de nombreux endroits par mes larmes, avec les signes de la passion ou de la douleur, et fais-en le mieux que tu pourras ». Ce texte reste néanmoins le témoignage authentique et émouvant d’un homme blessé, encore et toujours profondément amoureux.
très bonne critique d'un livre peu connu!
Critique de ALF (Ondres (40), Inscrit le 13 mars 2004, 44 ans) - 13 mai 2004
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ALF
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