Le testament français de Andreï Makine
Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Russe
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Prix Goncourt 1995
Un roman que l'on devine grandement autobiographique pour cet auteur né en Sibérie et vivant en France. À chaque été, le narrateur du livre de Makine et sa soeur s'envolent de leur Russie pour le lieu mythique de la France-Atlantide. Ce pays est bien sûr, une fabulation romantique qui n'existe que dans les récits de Charlotte, la grand-mère maternelle qui s'occupe d'eux. Au fil des années, comme le narrateur vieillit, celui-ci se rend compte d'une réalité plus tragique qui se tisse derrière les belles histoires de sa grand-mère.
Pris entre deux nations, Makine exprime magnifiquement toute la dualité de son univers et nous offre un touchant hommage à cette femme, en même temps à langue et la littérature. Avec une écriture lumineuse et chantante, Makine nous présente un portrait lyrique et flottant, un peu comme un tableau parfois non situé dans le lieu et le temps qui nous berce de cette mémoire poétique.
Un livre qui se lit un peu comme on aborde une oeuvre d'art en s'imprégnant de ses nuances. Pour cette raison, certains ont été désappointés ou irrités par ce titre, plus particulièrement par la couverture médiatique et la comparaison à Proust. Sans être un chef-d'oeuvre, il s'agit ici selon moi d'un roman contemporain dense et très beau.
Les éditions
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Le testament français [Texte imprimé] Andreï Makine
de Makine, Andreï
Gallimard / Collection Folio.
ISBN : 9782070401871 ; 9,20 € ; 02/04/1997 ; 342 p. ; Poche -
Le testament français [Texte imprimé], roman Andreï Makine
de Makine, Andreï
Mercure de France
ISBN : 9782715219366 ; 2,92 € ; 06/09/1995 ; 320 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (16)
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Identité de substitution
Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 47 ans) - 29 janvier 2024
Juste retour des choses dans la mesure où Makine exprime dans ce livre l'amour qu'il ressent pour la France, lui petit garçon né en Sibérie soviétique lorsque le rideau de fer empêchait tout commerce avec le camp opposé.
Ce livre est d'abord une ode à la langue, langue apprise grâce à sa grand-mère maternelle, Charlotte, née comme lui dans ce pays si éloigné de cette France dont elle garde le souvenir précieux. La langue comme point de départ d'un amour primaire de ce pays si proche de par l'histoire familiale et si éloigné des mœurs russes vécues au quotidien. " ...mais surtout elle palpitait en nous, telle une greffe fabuleuse dans nos cœurs, couverte déjà de feuilles et de fleurs, portant en elle le fruit de toute civilisation. Oui, cette greffe, le français." (p.56)
Si les deux premières parties de ce roman (à forte consonance biographique... seuls des détails diffèrent de la véritable histoire de Makine) montrent l'attachement de l'auteur à sa culture de substitution, la troisième verra une tentative à l'adolescence pour s'en détacher. "Il fallait en finir avec cette France de Charlotte qui avait fait de moi un étrange mutant, incapable de vivre dans le monde réel" (p.248)
Tiraillé entre son attirance pour la France et celle pour son coin de Sibérie, Saranza, où vit Charlotte, sa grand-mère mais aussi la personne centrale de son enfance et de son adolescence, véritable muse, le narrateur fera le choix de s'exiler vers cette Atlantide comme il l'appelle, cette France du début du XXème siècle transportée par les récits des débuts de son existence. On devine combien le choc a dû être important pour Makine mais il ne s'y attarde que dans une quatrième et dernière partie, étonnamment courte et dans laquelle, désormais chichement installé à Paris, il tente de faire venir Charlotte.
Las. Il devra vivre sa nouvelle vie seul, assumant son choix de vivre loin de son pays et des siens. On ne peut pas tout avoir dans la vie.
Instants éternels
Critique de Krys (France-Suisse, Inscrite le 15 mars 2010, - ans) - 24 juillet 2019
L'écriture est belle, et on s'imagine parfaitement le long de la Volga, de la Seine ou au beau milieu de la steppe. C'est un des thèmes du roman : la double culture, les origines multiples. Il est bien approfondi.
Le second sujet principal, c'est ces instants d'éternité : ceux qui marquent un être en profondeur, et qui continuent d'exister malgré l'avancée sans pitié du Temps.
Il y a parfois des longueurs qui m'ont perdue, et c'est bien dommage.
C'est un beau moment de poésie, sans être un chef-d'oeuvre.
En voici 2 extraits :
"Je compris que dans cette vie il n'y a aucune logique, aucune cohérence. Et que peut-être la mort seule était prévisible."
"Car enfin je revenais à la vie. Je lui trouvai un sens. Vivre dans la bienheureuse simplicité de ces gestes ordonnés : tirer, marcher en rang, manger dans des gamelles en aluminium la kacha de mil. Se laisser porter par ce mouvement collectif dirigé par les autres. Par ceux qui connaissent l'objectif suprême. Ceux qui, généreusement, ôtaient tout le poids de notre responsabilité, nous rendant légers, transparents, nets. Cet objectif était, lui aussi, simple et univoque : défendre la patrie. Je me hâtais de me fondre dans la masse merveilleusement irresponsable de mes camarades."
La quête d'une origine ?
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 18 juin 2018
Ce ne sont pas de simples souvenirs d'enfance qui nous sont décrits. En toile de fond, la Russie et la France sont dépeintes. Certaines scènes sont dures et c'est l'identité même du pays qui émerge.
Le narrateur s'interrogera sur ce qu'il est profondément et le regard de ses camarades de classe témoigne de cette dualité.
Andreï Makine offre à son lecteur un roman touchant et simple qui saura parler au plus grand nombre. L'écriture est belle et poétique. Certaines métaphores filées nous accompagnent durant toute l'oeuvre comme cette greffe et cette Atlantide. Par son récit, l'auteur pose des questions profondes et propose une réflexion intéressante sur soi. Nous ne sommes pas dans un roman qui ne serait qu'un prétexte à du verbiage. Ce sont les épisodes narrés, captivants déjà par leur nature même, qui suscitent la réflexion. Andreï Makine est fasciné par la France et le passé de ce pays. Dans le premier chapitre de la deuxième partie, le lecteur voit combien le narrateur est séduit par ce pays et certaines anecdotes. Son imaginaire est envahi par les histoires que lui contait Charlotte. Il projette même dans son quotidien certains éléments culturels, ce qui donne parfois le sentiment qu'il fantasme quelque peu ce pays. Et puis il y a cette Russie, plus précisément la Sibérie, dont l'auteur ne cautionne pas tout mais qui lui tient à cœur. En quelques mots l'auteur parvient à nous faire imaginer ces paysages froids. Le lecteur est transporté dans cette isba et dans ce cadre dur et poétique.
Les récits de Makine ne sont jamais purement linéaires. Il y a parfois des flous temporels qui donnent l'impression que l'on suit sa rêverie et le moindre sursaut de sa pensée. Son écriture est belle et puissante, elle l'est encore davantage dans les romans qui ont suivi celui-ci.
Je m'appelle Charlotte Lemonnier
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 1 septembre 2013
Le récit des souvenirs de Charlotte Lemonnier (grand-mère française du narrateur russe). Charlotte née en 1903 nous embarque pour une visite de l'Histoire de la France et de la Russie.
Des images fortes (les guerres, la révolution russe, .... ) qui entrelacent ces 2 pays si différents et pourtant si complémentaires.
Un vibrant hommage à sa grand-mère, femme à l'histoire personnelle violente mais pourtant si douce et aimante.
Hommage à la littérature française (Nerval, Baudelaire), à son Histoire, sa sensualité (Félix Faure mort dans les bras de sa maîtresse à l'Elysée...).
Une "greffe française" qui progressivement s'installe chez le narrateur et le condamne à vivre dans un pénible entre-deux-mondes.
Une oeuvre exceptionnelle par sa qualité narrative, son style efficace. L'Amour pour sa grand-mère, la France et la Russie, transpirent à chaque page.
Les violences et atrocités de l'Histoire côtoient d'éphémères moments de bonheurs simples.
Un tour de magie littéraire qui valait bien un ... Goncourt !
Quête identitaire
Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 19 juillet 2013
Je ne vais pas m'attacher à décrire son contenu vu que cela a très bien été réalisé dans les critiques précédentes.
Par contre je vais plus évoquer mon ressenti de lecteur et là autant être direct, je n'ai pu m'empêcher durant cette lecture de penser à Proust. Une belle écriture mais quelle lenteur, mon dieu que c'est long et monotone...
Souvent je souhaitais intérieurement arriver à sa fin, il a fallu s'accrocher...
Après tout dépend de ce que l'on recherche en littérature. Pour ma part, les mots pour la beauté des mots, je ne suis pas contre mais pas à si forte dose.
Cependant quelques passages valent vraiment le détour, par leur mélancolie, leur évocation d'un passé révolu...
Enfin !
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 18 mai 2013
Ce n'est peut-être pas par hasard que ce très beau roman a reçu aussi Le Médecis et le Goncourt des Lycéens.
Mais revenons au jaune de l'oeuf... le livre.
Et bien c'est bon, très bon et ça flirte avec le chef d'oeuvre. Une belle plume ce Makine, pas de phrases pompeuses et un style parfait, sachant s'envoler quand il le faut tout en restant fluide.
La greffe française
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 24 novembre 2011
A la fois récit d’initiation et portrait, il oscille entre l’évocation d’une Russie en guerre et celle d’une France fantasmée grâce au pouvoir de conteuse d’une grand-mère maternelle d’origine française qui fait revivre les images d’un passé idéalisé. Le narrateur, sorte de double d’ Andreï Makine, qui se définit comme « un étrange mutant, incapable de vivre dans le monde réel », et dont la vie intérieure s’écoule dans un « entre-deux mondes » y témoigne d’ une sensibilité littéraire nourrie depuis l’enfance de ce qu’il appelle « la greffe française » , tout un monde fantasmé fait de réminiscences poétiques et romanesques. Son écriture fluide épouse les formes et les rythmes d’une langue classique, celle d’une phrase tout en souplesse qui prend le temps de se développer et de s’épanouir avant de mourir lentement, comme la vague sur le sable .
Tombeau pour une grand-mère défunte, LE TESTAMENT FRANCAIS est aussi un magnifique hommage à la langue française dont je ne peux m’empêcher de citer un extrait, page 50 « La langue, cette mystérieuse matière, invisible et omniprésente, qui atteignait par son essence sonore chaque recoin de l’univers que nous étions en train d’explorer. Cette langue qui modelait les hommes, sculptait les objets, ruisselait en vers, rugissait dans les rues envahies par les foules, faisait sourire une jeune tsarine venue du bout du monde ….Mais surtout elle palpitait en nous , telle une greffe fabuleuse dans nos cœurs, couverte déjà de feuilles et de fleurs, portant en elle le fruit de toute une civilisation »
"petite pomme" .
Critique de Pat (PARIS, Inscrit le 21 mars 2010, 60 ans) - 27 juin 2010
Il y a beaucoup de répétitions dans ce livre , l'auteur tourne un peu en rond , le récit n'avance pas , pour finalement s'accélérer à la fin . L'auteur est partagé entre ses deux cultures , il en souffre , même si parfois il en retire une certaine force .
Il s'agit d'une sorte d'hommage à la "langue Française" .
Un peu lent
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 24 juin 2007
Ce livre est surtout intéressant pour l'exercice de style, une double évocation de la France et de la Russie, dans un style très poétique. A cela s'ajoute un roman d'apprentissage de la vie et aussi l'exaltation des passions et des excès de la Russie.
Un livre auquel je n'ai jamais tout à fait accroché pourtant, le récit est très lent et introspectif.
Lézardes du Moi
Critique de Ahmose (, Inscrite le 4 avril 2006, 33 ans) - 20 octobre 2006
Aliocha était un petit garçon rêveur, et en lui germait le génie de l'écrivain futur, certes, et dans la Russie des années 70, être étranger était peut-être moins grave qu'être foncièrement différent du modèle soviétique.
D'aucuns diront que la description est trop présente, que tout est flou... mais comment pourrait-il en être autrement dans cette âme déchirée, qui se lézarde, se ressoude alors qu'elle se déchire par ailleurs?
Makine n'ose pas même en revendiquer l'autobiographie, comme Nerval le fit dans Sylvie ou dans Aurélia: les trois oeuvres sont d'ailleurs très proches. Rien ne peut prouver que le narrateur n'est pas l'auteur, mais le seul nom, Aliocha, surnom, n'appuie ni la triple identité, ni la double.
Un trésor à étudier et un chef-d'oeuvre à lire.
le bel hommage
Critique de Mahaxai (Perpéte, Inscrit le 3 juillet 2004, 52 ans) - 18 décembre 2005
En quête d'identité
Critique de Guermantes (Bruxelles, Inscrit le 18 mars 2005, 77 ans) - 6 juillet 2005
Mes prédécesseurs ont déjà insisté sur l"aspect "exotique", franco-russe de ce roman. Je n'y reviendrai donc pas.
Ce qui m'a, pour ma part, le plus frappé, c'est la quête identitaire qu'il révèle. Ecartelé entre deux langues, deux cultures, le narrateur voit la Russie avec le regard d'un Français et la France (du moins une certaine France, celle du début du XXième siècle) avec les yeux d'un Russe. Il y a là un balancement perpétuel qui fascine le lecteur. Les rapports avec la grand-mère renvoient évidemment au versant russe du personnage tandis que sa découverte charnelle de l'amour (très bien décrite par ailleurs) semble le faire basculer du côté russe.
Il faudra cependant attendre la fin du roman pour découvrir que cette incertitude sur son identité véritable ne concernait pas seulement la double appartenance culturelle du héros mais portait également (sans qu'il en soit conscient) sur son hérédité même.
Un tout grand roman.
Trop descriptif
Critique de Rcapdeco (Paris, Inscrit le 19 mai 2005, 46 ans) - 23 mai 2005
Silencieuse steppe...
Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans) - 7 mai 2005
A ne lire que du bout des lèvres, surtout ne pas dévorer, on en perdrait le suc !
Sublime !
Critique de Florence (Grenoble, Inscrite le 13 mai 2004, 49 ans) - 26 mai 2004
Une enfance russe
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 26 mai 2004
Quant à la comparaison avec PROUST ...??? Je dirais à la réflexion que ça ferait plutôt fuir certains et que ça décevraient les adorateurs. Beaucoup plus parlant à l'âme que PROUST. Pas de mièvrerie, et pourtant tellement de fond!
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