Le député d'Arcis de Honoré de Balzac

Le député d'Arcis de Honoré de Balzac

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Cyclo, le 5 novembre 2017 (Bordeaux, Inscrit le 18 avril 2008, 79 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (50 853ème position).
Visites : 4 229 

De la belle ouvrage

Arcis-sur-Aube, 1839 : la petite ville doit remplacer son député, François Keller, banquier parisien, et gendre du comte de Gondreville, régulièrement élu député depuis vingt ans, mais devenu pair de France. Keller soutient, pour lui succéder, la candidature – libérale-ministérielle – de son filleul Charles, officier en Afrique. Mais une partie de la population, se voulant indépendante de cette servitude qu’est une candidature « officielle », décide de présenter un autre candidat, l'avocat Simon Giguet, porté par le renom de son père, ex-colonel d’Empire, et qui espère bien, par cette élection, obtenir la main de Cécile Beauvisage, la plus riche héritière du pays. Le roman débute par la réunion électorale tenue chez Madame Marion, sa tante, par Giguet. Mais on apprend, pendant la réunion, la mort, en Algérie, de Charles Keller. Ainsi, l’avantage semble promis au parti de Simon Giguet. Ce dernier a pourtant comme ennemis, mais il l'ignore, les représentants de l’État : le sous-préfet, le juge, le procureur du roi et son substitut.
De son côté, à Paris, Rastignac, de nouveau ministre, confie à Maxime de Trailles, aristocrate ruiné et endetté (« le prince des débauchés » dans "Gobseck") une mission d’étudier la situation sur le terrain et éventuellement de devenir le candidat ministériel, avec la perspective d'un riche mariage qui rétablirait sa situation financière. Il arrive anonymement à Arcis, où « l’inconnu » fait le sujet des conversations à la soirée donnée par Mme Marion, puis dans toute la ville. Le roman inachevé de Balzac laisse supposer que Maxime deviendra député et épousera Cécile et sa dot. Cette « Scène de la vie politique » s’achèverait donc vraisemblablement par le triomphe de Maxime de Trailles.

Bien qu’inachevé, "Le député d’Arcis"est du très grand Balzac. Les mœurs de la bourgeoisie et de l’aristocratie provinciales y sont décrites avec sa sûreté coutumière, sans aucune des digressions qui alourdissent souvent ses grands romans. Ici, c’est à la fois sobre et impressionnant. Un roman qui éclaire encore les dessous de notre vie politique, malgré les changements d’époque et de régime. À lire par tout candidat député quelque peu ambitieux…
Et qu’on cesse de nous rebattre les oreilles avec Balzac, auteur ennuyeux (sans doute un reste des lectures scolaires obligatoires) ! C’est tout le contraire : après chacune de mes lectures d’un de ses livres, j’ai peine à me mettre sur un roman contemporain, tant ils me semblent futiles, complaisants, parfois niais et presque toujours creux. Mais encore faut-il sortir de son smartphone et se mettre dans le silence sacré qui convient à la lecture de ces grands auteurs ! Car la littérature aussi fait partie du sacré...

"Une ténébreuse affaire", qui figure dans le même volume, est aussi un roman magistral de Balzac, mais il a déjà été critiqué ici.

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2 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 27 mars 2021

L'histoire débute en province en 1839, juste à côté des terres des cinq-cygne. La petite ville va devoir remplacer son député vieillissant. Celui-ci prévoit de faire nommer son fils Charles (rien n'a changé d'ailleurs avec nos habitudes 180 ans plus tard les pratiques politiciennes se perpétuent allégrement).
A Paris cependant, le ministre Rastignac prévoit lui le parachutage d'un certain ARCIS.
c'est ainsi que se présente l'intrigue.
Le projet fut conçu par l'auteur en 1839. Après de multiples tentatives le texte se fait et se défait jusqu'en 1843 où il est placé dans les oubliettes. En 1847 Balzac racle les tiroirs, les créanciers crient au loup et il reprend une fois encore ce roman martyr qu'il ne terminera d'ailleurs pas de son vivant.
Voici donc la symphonie inachevée selon Balzac.

Dans l'immense fouillis des personnages il peut arriver que le lecteur particulièrement en forme ne s'endorme pas tout de suite ou ne se retrouve dans un état de torpeur où tout s'oublie.
Je lus ce curieux livre sans trop comprendre. Je pense que maintenant le pire est passé




PERSONNAGES
On notera d'abord le réemploi du personnel d'Une ténébreuse affaire, dans ses descendants (Giguet, Goulard, Michu, Violette) ou ses survivants (Malin de Gondreville, Me Grevin). Enfin des personnages relais (Diane de Cadignan, Du Tillet, la marquise d'Espard) sont là pour assurer la connexion avec d'autres romans.

– Philéas BEAUVISAGE : né en 1792. Fils d'un fermier des Simeuse, il avait épousé la fille, née Grévin, d'un de leurs plus cruels ennemis. Elu député d'Arcis en 1839 (La Cousine Bette, 1846). Le personnage n'est pas sans rappeler ceux de Joseph Prudhomme et de Jérôme Paturot (Colin Smethurst). On peut penser aussi au Mitouflet de la Monographie du rentier (1839). Rédigée en février 1840, la préface du Cabinet des Antiques cite le titre d'un livre « déjà fort avancé », Les Mitouflet, titre repris et augmenté par Balzac dans sa lettre à Théophile Gautier du 28 avril 1840 (Les Mitouflet, ou L'Election en province).

– Cécile BEAUVISAGE : née en 1820. Fille adultérine de Mme Beauvisage et du vicomte de Chargeboeuf, c'est « la plus riche héritière du département » (« lady Crésus »). Elle épousa, vers 1841, Maxime de Trailles (Béatrix, 1845).

– Vicomte René-Melchior de CHARGEBOEUF : sous-préfet d'Arcis en 1815. Issu de la branche aînée, mais désargentée, d'une vieille famille champenoise, dont la branche cadette, plus fortunée, était de Cinq-Cygne. Amant de Mme Beauvisage et père de Cécile. Muté à Sancerre en 1820, à la demande de Laurence de Cinq-Cygne, il y fréquenta le salon de Mme de La Baudraye (La Muse du département, 1843).

– Simon GIGUET : avocat. Fils du colonel d'Une ténébreuse affaire et candidat, contre Charles Keller, des « électeurs indépendants ».

– Malin, comte de GONDREVILLE : quatre-vingts ans en 1839 ou soixante-dix ans en 1833. Organisé par les sbires de Fouché (Corentin et Peyrade), son enlèvement avait donné lieu, en 1806, au procès qui aboutit à la condamnation de Michu et des quatre cousins apparentés Cinq-Cygne (Une ténébreuse affaire, 1841).

– Antonin GOULARD : sous-préfet d'Arcis en 1839 et prétendant de Cécile Beauvisage. Fils d'un ancien piqueur des Cinq-Cygne, maire de Cinq-Cygne en 1803 (Une ténébreuse affaire, 1841).

– Me GREVIN : ancien notaire, et ami d'enfance de Malin de Gondreville. Agé de 76 ans en 1839, il « s'essayait à l'état de cadavre ». Chef de l'opposition libérale, il espérait marier Cécile Beauvisage, sa petite-fille, à Charles Keller.

– Comte François KELLER : banquier, ami de Nucingen et gendre de Malin de Gondreville. Député d'Arcis-sur-Aube depuis 1816, fait comte et pair en 1839, il entendait laisser son siège à son fils, Charles. L'invention de son personnage, dont le modèle passe pour avoir été le banquier Laffitte, remonte à César Birotteau (1837). Il avait été, sous la Restauration, régent de la Banque de France, et orateur de la gauche à la Chambre (Le Cabinet des Antiques, 1839), « défenseur des droits du peuple » (Les Paysans, 1844). Liquidateur, en 1819, de la faillite Grandet, avec des Grassins (Eugénie Grandet, Pl., III, 1143, var. b, où il s'agit d'une variante de Furne (1843), en remplacement d'une désignation anonyme dans l'édition originale).

– Comtesse François KELLER : née Bouvry (La Duchesse de Langeais, 1833-1834 ; Pl., V, 1014, var. a), puis Grandville (ibid., Furne, 1843) et pour finir Malin de Gondreville (Splendeurs et misères des courtisanes, de Potter, 1844 ; Pl., VI, 1844, var. b. – Le Cabinet des Antiques, Furne, 1844 ; Pl., IV, 981, var. e).

– Vicomte Charles KELLER : fils des précédents. Chef d'escadron attaché à l'état-major, en Algérie, du duc d'Orléans. La nouvelle de sa mort, à trente ans, parvient à Arcis le jour de la réunion électorale de Simon Giguet. Son monument funéraire, au Père-Lachaise, représentent les trois glorieuses, « l'Armée, la Finance et la Famille », se trouve dans Le Cousin Pons (1847).

– Frédéric MAREST : clerc chez Desroches en 1825 (Un début dans la vie, 1842), devenu procureur du roi, et prétendant évincé de Cécile Beauvisage. Juge d'instruction à Paris en 1838, il avait instruit la plainte du docteur Halpersohn contre le jeune Auguste de Mergi (L'Envers de l'histoire contemporaine, 1848).

– François MICHU : fils de l'ancien garde des Simeuse, guillotiné en 1806 (Une ténébreuse affaire, 1841). Reçu avocat en 1816, il est nommé, en 1827, procureur à Arcis-sur-Aube. Juge-suppléant à Alençon, il avait participé à l'instruction du procès Desgrignon (Le Cabinet des Antiques, Furne, 1844, où son personnage remplace celui, dans l'édition originale (1839), de « M. de Grandville » ; Pl., IV, 1061, var. a).

– Eugène-Louis de RASTIGNAC : ancien pensionnaire, en 1819, de la pension Vauquer (Le Père Goriot, 1835), gendre du baron de Nucingen et pour la seconde fois ministre en 1839. Balzac a donné sa « biographie » dans la préface d'Une fille d'Eve (1839).

– Comte Maxime de TRAILLES : c'est le « prince des mauvais sujets de Paris », et l'un des Treize, omniprésent dans La Comédie humaine. Après avoir « mangé » sa fortune, il avait « dévoré » celle de la Belle Hollandaise, Sarah van Gobseck (César Birotteau, 1837), et « causé les malheurs » de Mme de Restaud, née Anastasie Goriot (Le Père Goriot, 1835). Au bord de la ruine, il ne songe plus, en 1839, qu'à « faire une fin ». Il épousa Cécile Beauvisage (Béatrix, 1845).

– Jean VIOLETTE : fabricant de bas. Son père, en 1806, avait accusé les Simeuse et Michu d'avoir organisé l'enlèvement de Gondreville (Une ténébreuse affaire, 1841).

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